L’enseignante au Nunavik et lauréate du Global Teacher Prize change le Québec… en poussant de jeunes Inuits à croire en eux et à aller jusqu’au bout de leurs possibilités.
Cette enseignante du Grand Nord québécois est la meilleure prof du monde ! C’est la Fondation Varkey (un organisme philanthropique voué à l’éducation, basé à Dubaï) qui l’a dit, en la couronnant de son prix 2017 parmi 20 000 candidats des quatre coins du globe.
Engagée, empathique, passionnée par l’enseignement et le sport, cette Néo-Écossaise est arrivée à Salluit en 2010 après avoir travaillé comme volontaire pendant cinq ans auprès de réfugiés au Botswana, en Tanzanie et en République démocratique du Congo. Sa mission à l’école Ikusik? Imaginer différents projets pour intéresser à l’école des adolescents à haut risque de décrochage et… d’alcoolisme, de toxicomanie, de grossesses non désirées, sans parler du suicide. «Au Nunavik, le taux est 10 fois plus élevé qu’ailleurs au Canada», rappelle-t-elle.
Les dures réalités du Grand Nord québécois ne sont pas seulement liées à l’isolement. Elles participent de traumatismes qui remontent à la colonisation et au dépérissement des traditions ancestrales. Le tout est exacerbé par «un sous-financement public chronique et une pénurie d’enseignants», dit la jeune femme.
À son contact, ses élèves – qu’elle appelle ses «étoiles du Nord» – ont appris à s’engager dans leur milieu. Ensemble, ils ont entre autres créé le premier centre de mise en forme du village. «Mon objectif était de faire en sorte qu’ils se perçoivent comme des solutions aux défis que leur pose leur milieu», explique-t-elle.
Elle a en outre réussi à augmenter de 500% la participation des filles à un programme de compétences pratiques (cuisine communautaire, nutrition, éducation des enfants…) en l’adaptant pour elles. Ce genre de cours n’attirait jusqu’alors que les garçons.
Le prix de la Fondation est assorti d’une bourse d’un million de dollars. Maggie MacDonnell, en congé de maternité, compte utiliser une partie de cette somme pour fonder Qajaq («kayak» en inuktitut), un organisme sans but lucratif visant à faire renaître la pratique de ce sport chez les jeunes Inuits, une façon de servir trois objectifs: protection de l’environnement, activité physique et réappropriation de la culture.
À lire aussi: Femmes inspirantes: Christine Beaulieu