Société

J’me marie, j’me marie pas…


 

Nous avons toutes été interpellées, d’une façon ou d’une autre, par l’affaire Lola contre Éric (noms fictifs à la demande de la juge) qui a défrayé la manchette cet hiver. Notamment à Châtelaine où, sur 12 femmes vivant en couple, 3 sont mariées et, sur les 9 autres, qui vivent en union libre, 4 ont des enfants.

Résumons : Lola, ex-compagne d’un milliardaire québécois et mère de ses trois enfants, poursuit celui-ci en justice pour obtenir une pension alimentaire pour elle-même, comme si elle avait été mariée. Elle reçoit déjà une pension pour ses enfants, conformément à la loi québécoise sur l’union de fait. Son avocate, la très colorée Anne-France Goldwater, a fait des vagues quand elle a dit à l’animateur Paul Arcand, sur les ondes du 98,5 fm : « La seule valeur d’une femme, c’est d’être une vache. Elle n’a de valeur que lorsqu’elle produit des veaux. »

Outre le sensationnalisme de l’affaire, digne d’un scénario hollywoodien, qui marie (si on peut dire) les 50 millions de dollars exigés par Lola, les voyages en jet privé du couple et la consommation de cocaïne d’Éric, cette cause désormais célèbre dans le monde entier (le magazine américain Vanity Fair a délégué un journaliste au procès) pose des questions importantes. Même Éric, qui voulait à tout prix éviter l’étalement médiatique de sa vie privée, l’a reconnu.

Si le train de vie princier de Lola n’a aucun rapport avec la grande majorité des Québécoises, sa cause concerne beaucoup de monde : un million de personnes environ, soit près de 4 couples sur 10. Un record mondial. Comment expliquer une telle situation distincte ? Le rejet de tout ce qui a rapport avec la religion, héritage de la Révolution tranquille ? La peur de l’engagement « officiel », la phobie des papiers à remplir et qui n’ont rien de romantique ? Les « en attendant » : en attendant que la situation financière se stabilise, en attendant qu’un enfant arrive ? Parce qu’on est bien comme ça, et qu’un mariage ne changerait rien ?

Le combat de Lola aura eu au moins cela de bon : braquer les projecteurs sur des mythes bien ancrés. En novembre 2007, un sondage de la Chambre des notaires du Québec révélait qu’une majorité de la population avait des idées fausses sur les unions libres. Faites le test autour de vous. Demandez à une amie qui vit en union libre si, dans le cas où son conjoint décédait sans testament, ses biens lui reviendraient automatiquement ? La bonne réponse : c’est non, même après 20 ans de vie commune qui aurait donné deux beaux enfants.

Il n’est pas nécessaire de convoler demain matin en panique, en robe blanche à l’église ou en t-shirt devant le notaire. Il est un peu risqué aussi d’espérer que Lola, qui veut que les couples non mariés aient les mêmes droits que ceux qui le sont, remporte la partie et règle la question une fois pour toute. Les observateurs estiment qu’elle perdra sans doute sa cause, et avec elle les millions de dollars de frais d’avocat engloutis dans ce procès. Mais nous, nous y gagnerons en étant plus informées.

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