Lâchée lousse

Mon parka, mon bikini

Chaque année, près d’un million de Québécois s’exile dans le Sud. Quétaine, le resort? Tant pis, on y va pareil!

Lache_lousse

Mon pays, c’est l’hiver. D’accord. Mais, selon le règlement, la saison froide commence le 21 décembre et doit tirer sa révérence le 21 mars. Or au Québec, on gèle très souvent un mois de plus à chaque bout. L’hiver triche.

Faire du ski, de la raquette, du patin, des bonshommes de neige ? Bien sûr. Se caler dans son divan pour encourager le hockeyeur Carey Price ? Quel bonheur. Mais comme il faut aussi pelleter et attraper le rhume, vient un moment où, à moins de s’appeler Alex Harvey et d’être champion de ski de fond (et encore, il faudrait le lui demander…), le Québécois a son voyage.

Dans le Sud, de préférence.

Photo: Cultura/Corbis

Photo: Cultura/Corbis

Chaque année, près d’un million d’entre nous cassons notre tirelire pour pouvoir, une petite semaine, troquer le parka contre le bikini. Presque toujours, nous optons pour un tout inclus, ces garderies pour grandes personnes (accompagnées ou non de leur marmaille) qui ont besoin de reprendre leur souffle.

Quétaine, le resort ? Tant pis. Au début de mars, je ne veux pas grimper l’Annapurna, me cultiver au British Museum ou découvrir les petites rues du vieil Istanbul.

Je veux faire une folle de moi sur une planche à voile et perfectionner l’art du pâté de sable avec Julien, trois ans. Regarder la marée monter, descendre, monter… Siester sous ma palapa à 14 h. Prendre deux apéros avant le souper que je n’aurai pas préparé. M’endormir dans mon lit « king » sans savoir quelles compressions Gaétan Barrette a annoncées plus tôt dans la journée. Une pilule de vacances. 

C’est une pilule dangereuse : il suffit souvent d’y goûter une fois pour devenir accro. Et la maladie ne guette pas que les riches. Il paraît qu’on y succombe avant même que son revenu familial chatouille les 50 000 $…

Peu importe le climat économique (bonjour l’austérité…), le nombre de voyageurs est en croissance depuis des années. « Le meilleur indicateur des intentions des gens à ce chapitre, ce n’est pas l’économie, dit Claude Péloquin, chercheur à la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM. C’est la rigueur de l’hiver précédent ! » Moins de sous cette année ? On rogne sur le nombre d’étoiles, on choisit le dernière minute ou le hors saison. Mais on part quand même.

Le client québécois se raffine, selon Geneviève LeBrun, directrice principale marketing chez Transat Tours. « Il s’aventure en terrain moins familier, dit-elle, ose le Honduras, la Colombie ou la Jamaïque. Il veut toujours du soleil, mais il veut aussi vivre des expériences, s’essayer au surf, découvrir la gastronomie et la culture locales. » Alors, les grossistes s’adaptent. S’esquintent à offrir du luxe, des excursions exotiques, des séjours chez l’habitant ou des forfaits multidestinations, combinant par exemple quatre jours à la plage et trois jours dans la capitale. 

Mon pays, c’est l’hiver. Mais il triche. Alors, moi aussi. Au moins une semaine par an.

Pour écrire à Louise Gendron: louise.gendron@chatelaine.rogers.com

Pour réagir sur Twitter: @lou_gendron

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