Chère Léa,
Si je suis passée date, il faudrait que quelqu'un me le dise. Parce qu'honnêtement, je ne me sens pas comme ça. Même si je ne suis pas championne du monde sur les réseaux sociaux et que je ne connais pas toujours la star qui fait la couverture de Loulou ou de People.
Je n'ai pas l'air d'une poulette? Ben non. Mais je connais plein de filles de 30 ans qui n'en ont pas l'air non plus. La différence, c'est que, contrairement à beaucoup d'entre elles, je n'en fais pas une maladie. J'ai bien plus de plaisir à apprendre l'espagnol ou à m'essayer au gum boot (au risque d'avoir l'air fou) qu'à m'inquiéter de ma ligne de sourcils.
Les hommes de 30 ans ne se retournent pas sur moi dans la rue? Pas grave. Parce que si je suis intéressée par ce qu'ils vivent et ce qu'ils pensent, j'ai autant envie de les séduire que toi, probablement, tu as envie de gagner un tournoi de saut à l'élastique dans une cour d'école primaire. Been there, done that, comme dit le proverbe latin.
Je n'ai pas pour autant envie d'avoir l'air d'un pichou. Je fais des efforts pour m'habiller à mon avantage, pour perfectionner certains trucs de maquillage. Et j'aurai recours sans remords au bistouri ou aux injections si jamais je ne reconnais plus la fille qui se brosse les dents dans mon miroir le matin.
Mais quoi que je fasse, je n'aurai plus jamais l'air d'une poulette. M'en fiche. Parce que j'ai quand même gagné le gros lot : le droit de désobéir.
Désobéir aux lois qui imposent aux femmes d'être minces, bien habillées et souriantes 365 jours par an. De se maquiller pour aller chercher un litre de lait au dépanneur à 7h30 un mercredi matin. De faire ses muffins dans sa maison parfaite. De dépenser ses sous, son énergie et son temps dans le seul but de susciter l'approbation des autres.
Comme tout le monde, je veux l'amitié des autres, leur considération aussi. Je veux travailler en équipe avec toutes sortes de gens qui, comme moi, essaient d'améliorer le monde dans lequel on vit. Mais j'ai moins besoin de leur approbation. Il n'est pas question que je dépense une demi-journée et 150 $ toutes les six semaines pour leur cacher mes cheveux gris. Je suis qui je suis.
Mais je me demande quand même. Suis-je représentative de ma génération. Et toi de la tienne? Essayons de savoir.
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