Chère Louise,
Avoue qu’aimer sa mère, c’est dur en titi.
Ça ne s’apprend pas dans un cours à l’école. Ça se vit à coups d’essais et d’erreurs, de petites et grandes crises. Déjà que l’amour, c’est assez alambiqué de même, hen? Fait que la relation mère-fille…
Quoi qu’il y a mille types de relation mère-fille. C’est parfois complexe, épineux, ardu. C’est parfois simple, harmonieux et joyeux. C’est parfois autre chose aussi.
J’ai eu la mauvaise habitude d’entretenir un amour tarabiscoté pour ma mouman. Je pense que je l’ai aimée tout croche dans la quête absolue d’ultra-indépendance. C’est devenu plus coriace quand j'ai atteint l'adolescence. J’étais une rebelle, une petite maudite qui disait «non tout le temps», qui ne faisait rien comme personne et qui avait toujours cette folle envie de défier l’autorité… maternelle. Pauvre maman ! Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs.
Tout cas. Tout ça pour dire que c’est le 11 mai aujourd’hui. Même si je suis probablement une fille très indigne qui ne voit pas assez sa famille, j’ai envie de rendre hommage à ma mouman et, par le fait même, à toutes les moumans de l’univers. Ça alors que vous êtes hot.
Parce que même si je lui ai fait vivre toutes sortes d’émotions fortes, dans le style montagnes russes épeurantes à La Ronde, je dois t’avouer une chose.
Ma mère m’a tout donné. TOUT donné, dis-je bien. Elle a complètement défini ce que je suis devenue. Ce n’est pas tous les jours que je lui dis ça. Quotidien ultra-occupé oblige. Je ne me rappelle pas lui avoir lancé une telle affirmation: «Hey maman, je voulais te dire… tu sais, ce que je suis devenue, ben c’est vraiment à cause de toi. Oui, oui. Entièrement à cause de toi.» Hum. Sais-tu quoi? Je devrais le faire plus souvent… Je me reprends aujourd’hui.
Les mères font souvent un travail invisible, un travail de l’ombre. La mienne m’amenait chaque semaine à la bibliothèque, faisait mes lunchs, prenait le temps d’écouter mes angoisses, m’encourageait dans mes nombreuses implications. Elle m’a allaitée, m’a bercée, m’a bordée. Elle était présente. Pour vrai. La présence, c’est ben rare de nos jours avec nos tablettes, nos téléphones intelligents et nos portables. Ma mère a été là pour moi.
J’avoue que le plus beau cadeau que j’ai reçu de ma mère, c’est l’esprit critique. Ça fait maintenant partie de mon caractère profond. Par son propre esprit critique, elle m’a donné cette envie de m’indigner. Je suis devenue ce que je suis devenue grâce à elle. Sa présence de l’ombre a été fondamentale dans le forgement de mon identité.
Fait que, même si je l’ai sûrement mal aimée - parce qu’aimer parfaitement n’existe pas - j’ai envie de lui rendre hommage pour ce legs qu’elle m’a offert généreusement.
Et toi, quel plus beau cadeau t’a offert ta maman?
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