Chère Louise,
Tu as vécu la chute du mur de Berlin, tu as subi les deux défaites référendaires, tu as écouté Appelez-moi Lise et tu as tripé sur Harmonium. C’est toute cette expérience de vie qui me mystifie. Je le sais déjà, je vais apprendre beaucoup à tes côtés. Malgré les années qui nous séparent, je sens que nous avons toutes les deux ce besoin urgent de nous exprimer. J’avais confié à un ami commun ma gêne secrète. Après tout, dix-sept années à l’Actualité, c’est beaucoup. «Tu sais, la Louise Gendron? Elle m’intimide. C’est rare qu’on m’intimide. C’est qu’elle a du chien…et une de ces plumes.»
C’est vrai que j’ai parfois 35 ans et toi aussi d’ailleurs. C’est la magie de notre futur échange. On fait fi de notre année de naissance : on discute franchement sans a priori. Appelez ça un discours intergénérationnel, je préfère qualifier notre discussion d’un échange senti et honnête entre deux femmes de parole.
Pas des spécialistes des coups de gueule ? Peut-être pas des spécialistes, mais nous les affectionnons tout de même lorsqu’ils sont bien faits. C’est plutôt l’opinion facile qui nous horripile; l’opinion sans savoir, l’opinion pour l’opinion. Je revendique le droit de ne pas toujours avoir d’opinion. J’en ai même un peu marre. Par chance, nous avons en commun d’être des femmes… de questions. Je nous souhaite que nos interrogations nous fassent réfléchir et avancer. Qui sait?
Bref, lorsque je t’ai rencontrée, j’ai découvert une femme profondément charmante, attachante et surtout brillante comme nulle autre. Les barrières sont franchies. Allez, hop, on se lâche lousse !
Léa
Léa Clermont-Dion
