Chère Louise,
Réjean Tremblay a écrit une chronique où il relate le succès olympique des soeurs Dufour-Lapointe et nous pose une question pour le moins surprenante :
« Si vous me permettez, j’ai une question qui me tarabusque l’esprit. Juste une question qui me faisait réfléchir devant mon ordi. Sans que j’aie la réponse. Puisqu’il est évident que ce ne sont pas tous les conjoints qui sont ingénieurs et qui gagnent un gros salaire. Mais quand même… Est-ce que les trois filles auraient été à la salle Tchékov de Sotchi hier après-midi si elles avaient été dumpées dans une garderie à 7 $ à deux ans? », lance-t-il.
Monsieur Tremblay n’y va pas de mains mortes avec son expression « dumper ». Dénigrant? Ce terme anglais réfère, entre autres, à « l’action de déverser ou de laisser choir en masse ».
Les sœurs Dufour-Lapointe auraient-elles été des championnes olympiques? L’histoire ne le dit pas. Quoiqu’il en soit, près de la moitié (53,5%) des enfants québécois fréquentent les services de garde. Ça fait beaucoup. Peux pas croire qu’il n’y aura pas de champions olympiques dans le lot!
Et puis, vivre avec un seul salaire n’est pas facile. Le revenu médian des Québécois selon l’Enquête nationale auprès des ménages de Statistique Canada est de 28 000 $. Pour arriver, les deux parents doivent souvent travailler. Parents indignes? Euh…
Et que dirait Monsieur Tremblay aux femmes monoparentales qui mènent du mieux qu’elles peuvent le nid familial? (77,9% des familles monoparentales sont menées par des femmes.)
Tout le monde n’a pas le luxe de s’occuper à temps plein des petits. Plate de même.
Oui, je caresse intérieurement l’envie de devenir une mère dévouée et épanouie. Je m’inspirerai des championnes olympiques qui ont réalisé leurs rêves. Mais, je risque de faire appel à cette incroyable invention, moderne à souhait et ô combien pratique, que sont les garderies. Les sœurs Dufour-Lapointe feront-elles aussi ce choix? Toi, Louise, aurais-tu dumpé tes enfants à la garderie?
Les garderies à 7 $ (ou autres) ont rendu possible l’émancipation de milliers de femmes : des Chloé, des Justine et des Maxime. C’est l’une des merveilles de la conciliation travail-famille. Les services de garde éducatifs et le Régime québécois d’assurance parentale permettent même à certains papas de rester à la maison. Monsieur Tremblay aurait-il été prêt à faire ce choix? Si oui, j’en suis ravie. Qu’à cela ne tienne, le modèle familial traditionnel se transforme. Et la game a changé, comme ils disent.
Une jeune louve