Léa & Louise

La revanche des tétons

Facebook autorise les photos d’allaitement.

Lea et Louise hires

Chère Louise,

As-tu vu ça passer? Maintenant, les mamans pourront partager des photos de leur allaitement sur Facebook. Et hop, un téton et un poupard! Rien de très scandalisant. Sauf qu’auparavant le réseau social de Zuckerberg interdisait la pratique. Pour cause? C’était considéré comme de la sexualité explicite. Ouin, de la sexualité explicite. Du grand n’importe quoi.

Grâce au mouvement  #FreeTheNipple, soit « libérez le mamelon », Facebook s’est ouvert à l’idée. Maintenant, c’est permis.

Je suis mitigée sur cette nouvelle. D’abord, j’ai l’impression qu’on a cette obsession maladive de tout montrer. Pas juste les nénés! Le french langoureux à notre chum. Notre séance au gym. Notre réveil au matin. Notre dodo intime. Notre séance d’attente à l’hôpital. C’est un peu hallucinant de constater à quel point on est obsédés par l’existence virtuelle. Le pire, c’est les photos prises dès les premiers instants du nouveau-né. Pas le temps de vivre le moment. Allez, hop! Instagram-moi ça, ce beau bébé-là. Euh. Pourquoi cela serait d’intérêt public? Laissez donc vivre vos enfants.

Pour un projet documentaire que je prépare, j’observe les profils Facebook d’amies plus jeunes, âgées entre 13 et 15 ans. Les gamines carburent aux milliers de J’aime (Oui, j’ai dit milliers) qu’elles attendent indéfectiblement après avoir publié l’un de leurs innombrables selfies! Imaginez si elles étaient nées sur Facebook en 2014. Hipelay. J’ai pas hâte de voir la société de narcissiques que ça va donner. Enfin, je digresse un peu. On y reviendra un autre jour.

Nuançons. Facebook proscrirait la photo de l’allaitement? Cette censure est tout aussi ridicule. Nous sommes dans une société qui glorifie le soft porn. Et pas juste dans le rayon X du club vidéo! (Ça fait longtemps que j’avais dit ce mot : club vidéo). Ce genre de politique est à l’image de notre monde qui glorifie à la fois le puritanisme très nord-américain tout en acclamant la femme objet hypersexuelle bonne à vendre des chars. Une société des paradoxes qui s’explique mal.

Bref, il fallait arriver en ville. Zuckerberg et ses amis faisaient, en quelque sorte, preuve d’un conservatisme absurde dans une société où on voit tout, tout le temps. Après tout, quoi de plus naturel que l’allaitement?

Toi, Louise, aurais-tu montré tes nénés si tu avais allaité?

Istockphoto

Istockphoto

Pour tout savoir en primeur

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.