Chère Louise,
J’irai droit au but. Non, je ne crois pas que les baby-boomers ont volé l’avenir de leurs enfants. Sans jouer les alarmistes, le futur n’est pas badin. Ça va mal pour tout le monde. Sujet, verbe, complément: une phrase killer qui résume l’état critique dans lequel nous vivons. Faut pas faire boudinette en jouant la carte des chicanes entre générations : nous sommes tous responsables de ce qui s’en vient.
On ne peut pas rester les bras croisés devant les changements climatiques et le système des finances qui fait banqueroute… comment affronterons-nous le papy-boom avec le coût des soins de santé qui ne cesse d’augmenter et le sous-financement des retraites? (Pfff. La retraite? Tu rigoles? Ça fait longtemps que j’ai mis une croix là-dessus.)
Sans blague, demain me fait peur. Les problématiques d’avenir sont complexes. Ne soyons pas dupes. Ce n’est pas seulement la faute aux méchants baby-boomers.
Le grand dossier de l’Actualité qui tente de savoir si les baby-boomers ont volé l’avenir de leurs enfants soutient une conclusion claire. On y apprend – non pas sans surprise – comment le commun des ours croit que les baby-boomers nous ont volé la plus grosse part du gâteau… 57% des répondants d’un sondage CROP mené sur 1000 répondants pensent que la société québécoise n’est pas équitable entre les générations.
Et pourtant, ça ne va pas si mal quand on parle d’iniquité générationnelle …
Les chiffres parlent par eux-mêmes. Le salaire médian a augmenté. Le taux de chômage chez les jeunes a baissé de 11,28% en 1986 à 7,04% en 2011. Les jeunes en 2011 travaillent 1 heure de moins par semaine qu’en 1986 et 2,5 heures de moins qu’en 1976. Le pouvoir d’achat de la famille type de 20 à 45 ans a augmenté de 40 % depuis 1995. À ma propre surprise, le paysage n’est pas si gris.
Oui, on doit s’inquiéter pour notre avenir. Mais opposer vieux pleins à bébés gâtés? Vraiment? Voyons, j’ai plus un problème avec les pleins tout court qu’avec les vieux pleins. Pas juste une question d’âge. Quand j’observe les salaires des patrons et dirigeants du Québec Inc, c’est plus fort que moi, ça me démange : je fais de l’urticaire. Tu vois, j’en veux plus à ceux qui participent à ce monde d’inégalités flagrantes. Jeffrey Orr, de la Financière Power, a fait 11.18 millions en 2013. Poudoum Pish.
Mais, car il y a un mais… Il est légitime de se questionner sur la transmission, la pérennité, et l’héritage. Daniel Bouchard, du Conseil régional de l’environnement de Montréal, rappelle que le système économique est basé sur la capacité d’exploiter un milieu naturel et de le transformer. On a ajouté 100 000 produits chimiques dans notre écosystème. Désolée, Louise, mais on ne tiendra pas très longtemps la route à ce rythme…
Il y a une sérieuse diatribe à faire sur la société dans laquelle nous vivons. Et elle est globale. Ce n’est pas qu’une affaire de baptistaires. Le réchauffement climatique aura des conséquences désastreuses. Ces coûts pourraient représenter 20 % du PIB mondial annuel. Équité entre les générations? Il faudrait penser aux conséquences de nos gestes. Arrêtons un peu de penser le développement à coup de vingt ans. C’est ridicule.
Le show must go on… la grande tragédie de la patente, c’est de croire que l’homme est au centre de ce show-là. Faudrait arrêter de se croire tout puissant. La planète aura raison de nous plus tôt que tard…
« Lorsque l’homme dépassera la nature, cette nature qui lui a donné naissance réagira. »
Loren Eiseley, anthropologue