Chère Léa,
Tu vois, moi, ce qui me dérange le plus, ce n’est pas tant la pitounisation (quel beau terme, j’adore!) dans les pubs ou les médias. Le plus grave problème, ce n’est pas qu’une entreprise utilise de la soft-porn pour nous vendre ses guénilles. Le problème, c’est que ça marche.
Une femme sur trois gagne plus d’argent que son amoureux. Nous sommes majoritaires dans les universités, nous avons investi toutes les professions à quelques exceptions près. La majorité des acheteurs de premières maisons sont des femmes. Nous achetons des voitures. Nous nous occupons de nos finances, de nos investissements, de la santé et de l’alimentation de tous les membres de nos familles.
Mais on se transforme en tartes dès qu’il s’agit de mode, d’apparence, d’image. On gaspille nos sous, nos énergies et notre santé mentale à essayer de ressembler à des mannequins de 13 ans photoshopées à l’os à qui on fait prendre des poses de putes pour nous vendre des jeans ou des parfums.
Cette hypersexualisation est l’expression du pouvoir sexuel des femmes, disent certaines? Mon œil. Si c’était vrai, on verrait des femmes fières, affichant leur individualité, parfois un brin dominantes. Pas ces poupées artificielles, les seins comme des obus et la bouche ouverte, toutes sorties du même moule…
Pourrait-on commencer à évoquer la possibilité que, peut-être, les principaux responsables de la pitounisation ne sont pas les méchants annonceurs, ni la débile industrie du divertissement? Que nous, les clientes, sommes les grandes responsables?
L’industrie n’a pas d’âme, ni d’émotions. Le jour où le derrière d’une pitoune ornant sur 40 pieds de hauteur la façade d’une boutique de lingerie ne fera plus vendre, il disparaîtra. Mais pas avant.
Comment on fait ça?
Louise