Léa & Louise

L’habit de la honte

Culpabiliser les filles d’être une distraction pour les garçons.

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Il n’y a pas si longtemps, j’étais en secondaire deux. Dans mon «temps», à l’école, on interdisait le port de bretelles spaghetti et de jupes qui arrivaient en haut des genoux. Il faut croire que certaines choses ne changent pas, puisque ce type de code vestimentaire existe encore dans plusieurs écoles. Mais à la Tottenville High School, dans l’État de New York, d’audacieuses étudiantes se rebellent.

L’administration de cet établissement argue que les étudiants ont le droit de porter ce qu’ils veulent tant et aussi longtemps que leur accoutrement n’incarne pas une distraction, n’est pas dangereux ou n’interfère pas dans l’enseignement du professeur.

Plus d’une centaine de filles contestent le code vestimentaire et la punition qui vient avec! En effet, « l’habit de la honte », le costume imposé par la direction lorsque les étudiants contreviennent au règlement, a fait la manchette dans les médias nationaux américains. L’habit, des pantalons trop grands rouges et un chandail jaune où on peut lire «Dress Code Violation», est loin de faire l’unanimité.

Si le code vestimentaire interdit aussi les casquettes, bandanas et muscles t-shirts des jeunes hommes, il cible majoritairement l’habit des filles. Sur le plan moral, il se défend très mal.

La cerise sur le sundae? C’est l’habit comme pénitence. Quel message envoie-t-on aux jeunes filles? Si un jour, dans votre vie, vous avez le malheur de subir du harcèlement sexuel, ça sera votre faute? On se croirait à l’époque de Duplessis.

Le problème avec le code vestimentaire, c’est qu’il culpabilise les filles plutôt que de les amener à réfléchir. Apparemment, le fait de porter une camisole à bretelles spaghetti est trop distrayant pour qu’on les considère avec respect et dignité. Tiens, donc. Cela me rappelle les propos de Gilles Proulx qui avait traité, en 2005, de «petite garce» et «petite vache» une adolescente victime d’un viol sordide.

L’humiliation n’est certainement pas une façon d’éduquer les filles. Pourquoi devraient-elles avoir honte de leur corps, de ce qu’elles sont?

En tout cas, les filles de la Tottenville High School se défendent par elles-mêmes. Elles continuent de contrevenir délibérément à la règle. Elles refusent d’avoir honte. Elles ont raison de se battre…

Image tirée de Facebook.

Image tirée de Facebook.

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