Société

Louis-Gilles Francoeur

Journaliste spécialisé en environnement au quotidien Le Devoir.

Marie-Hélène Tremblay

Journaliste spécialisé en environnement au quotidien Le Devoir.

La faible mobilisation des Québécois pour C-38 signifie-t-elle qu’au fond, ils se fichent de l’écologie?                   
Non. Ils s’y intéressent même beaucoup. De tous les rassemblements organisés le 22 avril, Jour de la Terre, celui de Montréal a été le plus important au monde. Un grand nombre de pancartes ciblaient d’ailleurs la loi C-38. Mais on en a moins parlé parce que les médias préféraient couvrir le conflit étudiant. Les casseurs, les manifs soir après soir, ça fait de meilleures images qu’un projet de loi. La télé dicte en partie l’agenda politique.  

Des analystes estiment que les Québécois se sont peu intéressés à C-38 parce que ça se passait dans la cour d’Ottawa. En général, la politique fédérale les interpellerait moins. Qu’en pensez-vous ?
Vrai qu’ils suivent d’abord la politique provinciale – peut-être pour des raisons identitaires. Mais à mon avis, ils se sont moins inquiétés des conséquences de C-38 parce que depuis 1978, le Québec s’est doté de son propre mécanisme de protection : le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Ses règles pour évaluer les impacts écologiques d’un projet – un barrage hydro-électrique, par exemple –  sont aussi sévères que celles d’Ottawa avant C-38. Le fait d’avoir déjà un garde-fou à la maison a sans doute atténué la grogne face à l’affaiblissement des lois au fédéral. De toute façon, les Québécois semblent avoir renoncé à dialoguer avec le gouvernement Harper. Ils se disent : « Devant une telle fermeture, aussi bien ignorer Ottawa et faire les choses à notre façon. »

Est-ce à dire que grâce au BAPE, les coupes fédérales en environnement seront sans conséquence au Québec ?  
Non. Le BAPE est un instrument valable, mais il a ses limites (par exemple, il ne peut intervenir dans les projets en développement au nord du 51e parallèle). Il faudrait que Québec renforce ses lois environnementales pour pallier les trous qu’Ottawa vient de faire dans les siennes. Mais je ne crois pas que le gouvernement Charest se livre à cet exercice : il est très près des entreprises. Il ne voudra pas contrarier les industries impliquées dans le Plan Nord. Reste à voir comment se comporterait un autre gouvernement… 

Pour comprendre les tenants et aboutissants de C-38, des tableaux bien faits :  
http://www.radio-canada.ca/sujet/visuel/2012/06/13/001-loi-c38-chiffres.shtml
http://www.radio-canada.ca/sujet/visuel/2012/06/14/002-c38-coup-oeil.shtml

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