S’évader de l’emprise du temps? Reconquérir le silence? À deux heures de bus de Shanghai, dans un environnement rural, la province de l’Anhui accueille les voyageurs dans l’univers de l’écotourisme.
Wuzhen a été fondé en 872 à la frontière du Grand canal Beijing-Hangzhou, dans une plaine entourée de montagnes. Sillonné de rivières, de canaux et de ponts, et célèbre pour son architecture, où les tuiles grises se mêlent aux sculptures de bois, le village est exploité par les habitants comme un attrait culturel et touristique.
L’architecture de l’époque des dynasties Ming et Qing prévaut dans l’Hôtel TongAn. Les chambres (83), le restaurant et la piscine de l’établissement offrent une vue sur le « lac », un espace entouré d’eau sur trois côtés. Le pont qui le traverse accueille chaque matin le marché.
Wuzhen a conservé son caractère authentique grâce à ses habitants, qui perpétuent les traditions artisanales. Parmi elles, une spécialité qui date du Xe siècle : la cretonne bleue, un tissu léger aux jolis motifs. Dans une antique maison de bois, un artisan applique à la brosse un mélange d’argile et de soja sur une planche gravée de motifs, qu’il couvre ensuite d’un tissu blanc. Pour s’assurer que les motifs s’y imprègnent uniformément, l’artisan utilise un rouleau.
La cretonne sèche alors pendant une semaine avant d’être plongée à huit reprises dans une teinture contenant un pigment issu de la plante indigo. Cette opération enlève les traces de soya et d’argile, laissant le tissu blanc aux endroits qui étaient remplis du mélange. Ici, la cretonne sèche au vent.
Les fleurs de colza illuminent la nature environnante. Cultivée partout dans le monde, la plante est utilisée pour la production d’huile alimentaire et d’agrocarburant. Trente pour cent de la production mondiale provient de la Chine.
Les 77 sommets de Huangshan s’étendent sur 1600 km2. Célèbres pour leur beauté, ces pics de granit se découvrent grâce à des escaliers accrochés aux pentes. L’ascension en téléphérique est grandiose et offre de surprenants paysages. Chaque année, un million de visiteurs s’y rendent, et depuis la vallée, silencieuse, ils admirent la brume monter et recouvrir les monts. Le paysage change sans cesse, comme une mer dans la tempête.
Les hôtels, restaurants et cafés situés sur les monts Huangshan sont ravitaillés par des porteurs. Quand le parcours est trop long, ceux-ci se relayent pour transporter victuailles et matériaux de construction. Il faut être en forme pour goûter aux plaisirs des montagnes, et parfois, des visiteurs doivent terminer le trajet du retour sur une chaise à porteurs!
À proximité de Wuzhen, la pluie tombe à Hangzhou. Nommée « cité du ciel » par Marco Polo, Hangzhou était une capitale sous la dynastie des « Song du Sud » (1127 à 1279) et considérée comme la plus grande ville au monde, au XIIIe siècle. On profite d’un passage pour goûter au thé Longjing, dans une maison du XVIIe, et pour visiter les bazars, qui offrent de la soie, des jades, des porcelaines, des calligraphies et des bronzes.
À 8 km de Huangshan, les ruelles étroites pavées de granit de Xidi offrent plusieurs spécialités : biscuits aux amandes, crêpes fourrées de légumes, viande grillée avec ail et gingembre. Le village est l’illustration vivante d’une société basée sur une économie marchande. Ici, de savoureuses châtaignes grillées.
Une mère et sa fille rentrent à la maison après une journée passée aux champs. En raison de sa surpopulation, la Chine a promulgué, en 1979, une loi limitant les naissances à un enfant par couple. Les paysans résistèrent, et l’État fit preuve d’indulgence, permettant aux habitants d’avoir deux enfants, si le premier bébé était de sexe féminin.
Une maison deux fois centenaire dévoile un patio entouré d’un haut mur du côté de la rue et de grandes fenêtres. Généralement, pour permettre aux habitants de se protéger de la chaleur et des brigands de l’époque de la fondation du village (960), les fenêtres des maisons étaient petites, et les intérieurs, éclairés par des puits de lumière.
L’eau des sources captées dans les montagnes alimente le village de Xidi par des canalisations millénaires. Elle arrive devant chaque maison par des « rigoles », qui courent le long des rues pavées. Le parcours de cette eau se termine lorsqu’elle se jette dans une rivière au sud du village. Ici, une rue à l’arrière des maisons.
L’immense piscine est une retenue d’eau, approvisionnée par les sources des montagnes à proximité. Le village pratique l’écotourisme, et les activités touristiques sont empreintes de traditions rurales. Culture et agriculture font partie du paysage.
Fondé au XIIe siècle au bord du lac Nanhu, Hongcun est entouré par les monts Huangshan, qui forment une sorte de rempart les protégeant du reste du monde. Aujourd’hui, les étudiants en art s’y donnent rendez-vous, et les touristes y découvrent, au printemps, les cerisiers en fleurs.
« L’étang de la lune », au centre d’Hongcun. Selon la légende, Hongcun aurait la forme d’un buffle. La montagne en serait la tête; les vieux arbres, les cornes; les maisons, le corps; le lac, le ventre; l’étang, l’estomac; et la source, l’intestin. C’est là qu’a été tourné le film Tigre et Dragon.
Hongcun, tel qu’il apparaît de l’entrée du village. Concentrés sur leurs toiles, les artistes profitent de la lumière exceptionnelle pour y immortaliser le paysage.
« Un paysage nous plaît comme nous plaît une œuvre d’art. » (Kant) Hongcun est un poème, une œuvre d’art en trois dimensions. Il témoigne de son habitat par son architecture en pierres ouvragées, ses structures sociales, ses centres culturels, son patrimoine incomparable et son urbanisme authentique.
Anne Antomarchi était l’invitée de l’Office du tourisme de la Chine.
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