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Photoreportages

Dans les bordels de Mumbai

Dans le cadre du tournage du documentaire BAS ! Au-delà du Red Light, la réalisatrice Wendy Champagne et la photographe Kiran Ambwani se sont penchées sur le sort des jeunes prostituées de Mumbai, en Inde.
Par Kiran Ambwani et Wendy Champagne | Photos : Kiran Ambwani
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Dans les bordels de Mumbai

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En sol indien, la moitié des prostituées sont âgées de moins de 18 ans, ce qui représente environ 1,3 million de jeunes filles, dont l’âge moyen se situe de 10 à 14 ans. Malheureusement, là, comme dans le reste du monde, la prostitution juvénile est un marché qui connaît une très forte croissance.

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Les trafiquants ciblent généralement des filles issues de familles pauvres et vivant dans des villages retirés. Ils les attirent en leur promettant du travail ou encore des cadeaux, comme le financement de leurs études et même un mariage susceptible d’améliorer leur situation. Parfois, les victimes sont vendues par leur propre famille. Sur cette photo, des prostituées, leurs proxénètes et des clients.

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Mumbai compte de nombreux bordels, surtout fréquentés par des hommes de passage dans la ville pour y travailler. Les prostituées doivent satisfaire jusqu’à une trentaine de clients par jour. Cinquante-quatre pour cent d’entre elles sont porteuses du VIH.

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À Mumbai, les Népalaises représentent du quart à la moitié des prostituées, les autres provenant du reste de l’Inde, du Bangladesh et, de plus en plus, d’Europe de l’Est et de Russie. Comme Geeta, elles ont la peau plus pâle que les Indiennes et sont de tempérament calme et doux, ce qui plaît beaucoup aux clients. Les plus importants réseaux de prostitution sont prêts à payer jusqu’à 150 000 roupies indiennes (environ 3 600 $) pour une Népalaise âgée de 14 à 15 ans.

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Selon le Rapport mondial sur la traite des personnes, de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le nombre de femmes concernées par la traite des humains est disproportionné et inclut non seulement des victimes, mais aussi des trafiquantes. Souvent incapables de réintégrer la société, beaucoup d’anciennes victimes deviennent en effet trafiquantes pour survivre, recrutant par la tromperie d’autres jeunes femmes et les guidant vers des bordels, où la faim, les coups, les brûlures de cigarettes et le viol les briseront et les soumettront.

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Le plus grand défi des rescapées demeure la réadaptation et la réinsertion sociales. En plus d’avoir subi de graves traumatismes, souvent, ces personnes sont rejetées par leur propre famille, et ce, même si elles sont encore très jeunes. N’ayant nulle part où aller, les enfants délivrés de la traite constituent des cibles parfaites pour les trafiquants, si bien que, dans les deux années suivant leur libération, environ 65 % d’entre eux finissent par réintégrer les réseaux de prostitution ou par être enlevés de nouveau.

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La Rescue Foundation est un organisme sans but lucratif, qui organise des opérations de libération dans les bordels des grandes villes de Mumbai et de Pune. Cent vingt anciennes victimes vivent présentement dans ses maisons d’hébergement, où elles peuvent rester jusqu’à l’âge de 21 ans.

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Ujwala, comme la plupart des survivantes, est profondément marquée par son passé et a un besoin pressant de reconstruire son estime de soi. La danse, l’écriture et le chant sont d’excellents moyens pour y arriver. À l’occasion, des bénévoles se rendent à la Rescue Foundation pour y offrir des formations dans ces différentes disciplines.

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En raison des ressources limitées dont disposent les maisons d’hébergement, des carences éducatives et affectives des jeunes filles ainsi que de la stigmatisation sociale, les rescapées parviennent difficilement à développer des compétences professionnelles et personnelles, à se reconstruire et à acquérir l’autonomie qui les mènera vers un avenir plus prometteur. Les anciennes prostituées ont donc du mal à quitter la Rescue Foundation et à refaire leur vie.

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Grâce à la Rescue Foundation, certaines filles, comme Puja, reçoivent une formation pour devenir coiffeuses, couturières ou esthéticiennes. Toutefois, puisque ces cours dépendent des dons recueillis par la fondation et du nombre de bénévoles qui y œuvrent, cette chance est réservée à une minorité.

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© Rescue Foundation Si plusieurs jeunes filles trouvent refuge à la Rescue Foundation, elles sont bien moins nombreuses à la quitter. Surpeuplée, la fondation tente désespérément d’aider les femmes à commencer une nouvelle vie en leur trouvant un mari et en organisant des mariages, qui se font souvent en groupe. La directrice de la fondation, Treveni Acharya, fait ainsi campagne dans la région de Gujarat, où le taux d’infanticide féminin est le plus élevé au pays et où les célibataires sont légion. Cette voie est réservée aux plus belles des rescapées, qui n’ont aucune maladie.

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© Rescue Foundation Les rescapées sont peu nombreuses à opter pour un mariage traditionnel. Compte tenu de leur passé de prostituées, leurs belles-familles risquent fort de se servir d’elles comme esclaves domestiques. Divya, Naziya et Priyanka, que l’on peut voir dans le documentaire, ont accepté d’être les « filles d’honneur » d’une amie, mais refusent elles-mêmes de prendre époux.

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Dans une scène émouvante du documentaire BAS ! Au-delà du Red Light, d’anciennes prostituées dénoncent l’exploitation infantile en puisant au fond d’elles-mêmes l’énergie pour hurler « BAS ! » qui, en langue hindie, signifie « Arrêtez ! » ou « Assez ! ».

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