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Inde : l'industrie des diamants

Peu importe l’endroit dans le monde où l’on achète un diamant, il y a neuf chances sur dix pour que la pierre ait été taillée et polie en Inde, le plus gros manufacturier de l’industrie sur la planète.
Par Wendy Champagne | Photos : Hubert Hayaud
Inde : l'industrie des diamants

Inde : l'industrie des diamants

Pendant que Mumbay passait d’avant-poste colonial à prospère capitale de l’Inde, l'industrie du diamant y a aussi connu une croissance remarquable, passant de la taille de pierres brutes à la création de bijoux. L’Inde, qui se mesure maintenant à la Chine pour le titre du plus gros exportateur de diamants au monde, a aussi vu ses ventes intérieures de diamants doubler, au cours des deux dernières années, alors que les manufacturiers ciblent les aspirations de la classe moyenne.

Inde : l'industrie des diamants

Inde : l'industrie des diamants

Au début du XIXe siècle, trois familles jaïnes (une communauté religieuse minoritaire, mais puissante) ont quitté la ville de Palampur pour se rendre à Mumbai, où elles ont commencé à importer des diamants. Cent dix années plus tard, une poignée de familles jaïnes contrôlent maintenant cette industrie de plusieurs milliards de dollars et emploient plus de 800 000 personnes à travers le pays.

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La domination de l’Inde dans les secteurs de la taille et du polissage de diamants a démarré en 1983. La mine Argyle, dans l’ouest de l’Australie, commençait alors à produire une grande quantité de diamants « champagne », dont la petite taille s’avérait difficile à travailler. Quelques compagnies indiennes ont alors tenté de relever le défi d’en maîtriser la taille, ce en quoi elles réussirent si bien que, dans les années qui ont suivi, les tailleurs indiens ont développé une expertise et une solide réputation pour la coupe de diamants de petite taille.

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À neuf ans, Bicchu Parai a quitté Calcutta, en train, pour devenir l’apprenti de son oncle, bijoutier, à Mumbai. Vingt-cinq ans plus tard, en compagnie de six autres Bengalais, il s’assoit au fond d’une cave 14 heures par jour, six jours par semaine, les jambes croisées devant une vieille table de bois pour tailler à la main des diamants destinés aux bijouteries Popley. En tant que maître artisan, Bicchu est capable de réaliser de complexes pièces à partir d’un simple dessin. Bien qu’il soit fier de son travail, il est catégorique : son fils ne suivra pas ses traces dans ce métier éprouvant et peu rémunéré.

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Rhea Masta a été la première femme à devenir designer de bijoux à Mumbai. « Je dessine pour des gens ordinaires qui peuvent se le permettre. Pas pour les stars de Bollywood », raconte Rhea, l’une des figures de proue dans le domaine. Elle est aussi la fille de K.G. Popley, qui a fondé la première joaillerie de Bombay dans l’Opera, le célèbre quartier des diamantaires.

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Les Indiens n’ont jamais acheté autant de diamants, et l’année dernière seulement, les ventes ont augmenté de 35 %. Cette hausse de la demande sur le marché intérieur a généré un besoin pour les designers d’expérience et de talent, ce qui a poussé Rhea à démarrer une école de design. Soixante-quinze pour cent de ses étudiants sont des femmes.

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Situé dans l’enceinte de la SEEPZ – zone détaxée de transformation de Mumbai –, le sol de l’usine de Shrenuj est un océan de calme et de modernité comparé au chaos de la rue.

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Un tour dans une usine passe forcément par la salle de création, où des douzaines de techniciens utilisent des logiciels de design assisté par ordinateur pour produire au laser la résine qui servira de moule. Pour développer des modèles à la mode, Shrenuj a une équipe de spécialistes qui parcourent le monde à la recherche des dernières tendances, rapportant ensuite leurs trouvailles à l’usine pour que les programmateurs se les approprient. De 300 à 400 nouveaux designs sont ainsi créés, chaque mois.

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Directeur du célèbre groupe Gitanjali et l’un des hommes d’affaires les plus prospères de l’Inde, Mehul Choksi prétend avoir révolutionné l’industrie des bijoux, en Inde, en créant des marques aux collections distinctes promues par des stars bollywoodiennes. « Ici, le diamant n’était rien, il y a 15 ans, avant que je commence à en faire la promotion. Maintenant, il représente 20 % du marché des bijoux.

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Le quartier chic de Bandra est devenu l’épicentre de l’industrie du diamant pour les clients fortunés de Mumbai et la jeune classe moyenne, qui s’enthousiasme pour les rêves vendus par les publicités de l’industrie. Dans les villages toutefois, les gens tardent à délaisser l’or et les joailliers de famille pour les produits de marques comme Gitanjali et Tata (qui vend ses bijoux sous la marque Taneeshq).

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Depuis des siècles, en Inde, les bijoux en or sont achetés pour être portés dans les mariages ou offerts comme dotes. Souvent trop lourds pour être portés quotidiennement, ils doivent être conservés dans des coffres et ne sont sortis qu’à l’occasion. À l’opposé, les diamants se portent sans difficulté, en toute légèreté, et ce, « que vous soyez habillé à l’indienne ou à l’occidentale », insiste la designer Rhea. Aujourd’hui, les bagues serties de diamants sont ainsi les bijoux les plus vendus au pays.

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Tous ces gens sont impliqués dans le commerce du diamant. Beaucoup sont préposés au tri ou courtiers, mais de nombreux autres servent d'intermédiaires afin de trouver des acheteurs pour les pierres invendues. Les courtiers se promènent souvent avec des diamants valant des dizaines de milliers de dollars, et il y aurait plus d’argent dans cette rue du quartier de l’Opera que dans n’importe quelle banque du monde, selon Vimal, un jeune courtier qui a récemment quitté les États-Unis pour apprendre le commerce du diamant.

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Sanjay Chowdry exploite avec son fils un commerce de négoce, dans un prohibitif bureau de 24 pi2. Il évolue dans l’industrie depuis 14 ans, mais songe à se tourner vers l’immobilier pour assurer l’avenir de sa famille, car le commerce du diamant a beau être en pleine expansion (46 milliards par année), il se concentre de plus en plus dans les mains des multinationales.

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L’oncle de Vimal était sur le conseil qui lança, en 1996, l’idée de centraliser l’industrie dans une Bourse aux diamants, à Mumbai. Malgré les contestations et les retards, celle-ci a finalement ouvert ses portes en 2010, présentant toutefois un look déjà dépassé… Loin des gares de train et hautement surveillée, elle signifie la fin du commerce de rue.

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Toutes les compagnies diamantaires de commerce ont un bureau sur Opera House, et chacune a réservé son futur bureau dans la Bourse aux diamants de Mumbai. L’un des représentants du puissant Conseil pour la promotion de l’exportation de gemmes et de bijoux, situé dans la nouvelle Bourse, prétend que 40 000 travailleurs franchiront ses portes tous les jours, dès la fin de 2011. Pourtant, les courtiers prennent encore leur temps avant de délaisser l’énergie de la rue pour l’environnement stérile et coûteux des nouveaux locaux.

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