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Société

Devenir consultante: tout ce qu'il faut savoir

Vous avez trimé pendant des années, accumulé de l’expérience, gagné en sagesse. L’idée de devenir consultante vous titille ? Témoignages d’anciennes salariées qui ont fait le grand saut.
Catherine Pelchat
Devenir consultante: tout ce qu'il faut savoir

Unsplash @linkedinsalesnavigator

Le parcours professionnel de Sophie Lemieux avait de quoi faire des jalouses lorsque cette gestionnaire a soudainement réalisé qu’elle était mûre pour du changement. « J’avais fait le tour », se souvient celle qui, à 37 ans, avait touché à plusieurs spécialités dans le domaine pharmaceutique. Quel chemin prendre pour avancer ? La révélation est venue lorsqu’elle a entendu parler du rôle de consultante en gestion, une tâche qui consiste à épauler des gestionnaires dans le cadre de mandats ponctuels. Depuis un moment déjà, elle avait pris l’habitude de partager le fruit de son expérience avec ses collègues. L’idée de le faire à temps plein était fort séduisante.

Sophie a donc décidé de se lancer comme spécialiste de l’optimisation de la performance des équipes. Pour obtenir ses premiers mandats, elle a dû se faire connaître en multipliant les stratégies : elle s’est jointe à des réseaux professionnels, a siégé au conseil d’administration de différents organismes et noué des contacts avec des consultants établis.

Ce changement de carrière est possible dans plusieurs domaines,  dont les technologies de l’information et le marketing, et il mène à des réalités très variées. S’il évoque pour certaines la liberté du slogan « bye bye boss », il s’accompagne d’une somme de travail parfois sous-estimée. Plongée dans ce monde intrigant avec des professionnelles qui savent faire la part des choses.

Qu’est-ce qu’une consultante?

Les consultantes sont des travailleuses autonomes qui exercent principalement en gestion (dans le milieu, on dit « management »), où elles conseillent des dirigeants qui souhaitent atteindre des objectifs précis, comme implanter un nouveau système informatique ou résoudre une crise dans une équipe. D’autres consultantes donnent des formations (en prévention du harcèlement, par exemple) ou fournissent des services ponctuels (en marketing numérique, notamment). Dans tous les cas, elles proposent à leurs clients des solutions sur mesure en leur offrant une expertise dont ces derniers ne disposent pas au sein de leur équipe.

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Cette fonction s’exerce souvent à titre de conseillère indépendante, donc à la pige, ce qui implique une grande autonomie dans la gestion du temps et dans la définition de l’offre de service. « Les femmes qui veulent devenir consultantes ont déjà, bien souvent, une profession et de l’expérience dans leur domaine, explique Josée Landry, présidente de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. Elles sont dans une nouvelle phase de leur vie professionnelle et ont envie de mettre leurs connaissances à profit différemment. J’en vois beaucoup. »

L’ancienne intervenante sociale Sarah Lemay correspond tout à fait à ce profil. Après quelques années à travailler auprès de clientèles marginalisées, elle est devenue, à 31 ans, consultante en équité, diversité et inclusion pour des groupes communautaires et des institutions scolaires. Elle enseigne par exemple à leur personnel la façon d’accueillir la clientèle issue de l’immigration ou des personnes vivant avec un handicap. « L’empathie et l’écoute active font partie de moi depuis toujours, et je les avais aussi développées quand j’étais intervenante sociale. Elles me servent beaucoup dans mon rôle de consultante. »

Le mirage de la parfaite liberté

Les aspirantes au titre de consultante sont nombreuses à s’imaginer que devenir travailleuse autonome leur donnera plus de liberté, affirme Josée Landry. « La recherche d’une qualité de vie, d’un équilibre entre le travail et la vie personnelle, tout cela est très présent. » L’accompagnatrice Marie-Pierre Caouette, qui guide souvent des professionnelles en repositionnement de carrière, observe le même phénomène, particulièrement chez les femmes de plus de 50 ans.

Or, la liberté vient avec des défis qu’il faut apprécier à leur juste valeur. Devenir consultante indépendante, c’est fonder une petite entreprise qui sera, au quotidien, une charge pour sa seule employée. Il lui faudra faire de la gestion, veiller à la rentabilité, se définir et se vendre elle-même, faire du démarchage. Elle devra aussi dire adieu aux chèques de paie toutes les deux semaines, un renoncement qui n’est pas négligeable pour celles qui sont anxieuses sur le plan financier.

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« Si vous êtes déjà épuisée par la conciliation travail-famille et que vous tolérez mal le risque, fonder une entreprise n’est peut-être pas une bonne solution », résume Marie-Pierre Caouette.

N’empêche, la possibilité de travailler à distance de manière totalement autonome peut être séduisante. L’accompagnatrice le constate chez de nombreuses clientes : « Elles ont envie de rester actives, mais en respectant plus leur rythme, leurs besoins. Pendant la pandémie, certaines ont découvert qu’elles aimaient le télétravail. »

C’est ce qui a incité Sabrina Alexandra Roy à quitter son poste en communication et marketing pour devenir consultante, il y a quatre ans. « Travailler d’un peu partout dans le monde, c’était mon objectif principal. » Pandémie oblige, elle s’est installée temporairement en Gaspésie, où contre toute attente, elle s’est finalement enracinée. De son petit village, elle travaille avec des clients de partout dans la région.

Le profil idéal

Certains traits de personnalité constituent des atouts, par exemple une facilité à se passer d’un cadre et à se fixer des priorités. Une bonne capacité à saisir les dynamiques de groupe et à s’adapter à de nouveaux milieux, ainsi que d’excellentes aptitudes en communication sont également utiles, ne serait-ce que parce qu’il faut parfois bien de la diplomatie pour donner l’heure juste aux clients, sans être complaisante.

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Paradoxalement, même si l’on propose une expertise solide, il faut adorer apprendre, souligne Sophie Lemieux. On doit se plonger dans chaque milieu, qui a ses particularités. « Il faut aussi se tenir au courant constamment, par exemple en matière de technologie. Pour ne pas être dépassée, et parce que les clients s’attendent à ce qu’on leur apporte de la nouveauté. »

En outre, il faut aimer changer fréquemment de milieu tout en travaillant en solo, comme Sarah Lemay, qui se définit comme « sociable mais aussi introvertie ». Même si elles ont rêvé d’indépendance, de nombreuses consultantes voient dans l’isolement l’une des plus grandes difficultés à surmonter. Les liens qui se tissent au quotidien dans une équipe leur manquent. Pour remédier à cette absence, certaines se sont constitué une communauté informelle de collègues du même domaine, afin de socialiser et de s’entraider.

Se lancer

Par où commencer ? Si rien ne presse, il est possible de planifier une transition progressive, en douceur, pour se définir et pour dénicher les premiers clients. C’est ce qu’a fait Chloé Gaudet quand elle a quitté le domaine des communications pour devenir consultante en gestion du changement. Elle a d’abord fait appel à une conseillère en orientation et réalisé un bilan de ses compétences, puis elle a diffusé une offre de service dans son réseau. Ses premiers mandats l’ont aidée à comprendre les besoins de son marché cible.

Il faut ensuite fonder sa petite entreprise, en pensant au cadre juridique à respecter, mais aussi au plan d’affaires, qui nécessite de définir son offre de service et sa niche dans le milieu visé. Pour s’assurer que tout soit réaliste, Josée Landry suggère de fréquenter des réseaux existants, par exemple des chambres de commerce, ou d’envisager le recours au mentorat. Chloé Gaudet a contacté des gens œuvrant dans le domaine qui l’intéressait et les a invités à prendre un café avec elle. « Ils ont été vraiment généreux. J’ai pu tester mes idées, et ils m’ont aussi parlé de leur quotidien. » Il est aussi possible d’obtenir ses premiers mandats grâce à ces connaissances.

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Un allié précieux dans cette transition, selon Marie-Pierre Caouette : votre planificateur financier. Il peut vous aider à faire un plan réaliste pour traverser les premiers mois, lorsque vos revenus risquent de chuter, et à réviser vos stratégies pour permettre à votre entreprise de rester en bonne santé par la suite.

Il est également possible de commencer par se joindre à un cabinet-conseil, c’est-à-dire une entreprise qui offre des services de consultation – parmi les plus connus au Québec, citons TACT Conseil et CGI –, afin de vérifier que l’on se plaît dans le rôle de consultante avant de se lancer à son compte.

Certaines auront envie de s’outiller en suivant des cours d’appoint, par exemple en gestion de petite entreprise ou en déontologie. L’École des sciences de la gestion de l’UQAM, par exemple, offre un programme de MBA en conseil en management. Acquérir une certification peut également inspirer confiance, puisqu’elle montre qu’on maîtrise les aspects juridiques ou comptables du travail et qu’on connaît les règles éthiques.

Certaines, comme Sarah Lemay, apprennent mieux dans l’action : « Je suis du genre à construire l’avion en vol. On apprend beaucoup aussi en faisant les choses, en voyant ce qui ne fonctionne pas. »

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Cette constante évolution, Sophie Lemieux l’apprécie toujours, 11 ans après avoir fait le grand saut. « Si tu es capable de te mettre au service de l’autre, c’est le plus beau métier du monde. Tu découvres des choses que tu n’aurais jamais pensées possibles. »


RESSOURCES

Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec

Réseau Mentorat Québec

Le guide du travailleur autonome 3.1, de Jean-Benoît Nadeau, chez Québec Amérique, 2018, 400 p., 24,95 $.

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Service d’accompagnement pour les entreprises et travailleurs autonomes de Revenu Québec

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