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Reportages

Prostitution : portraits de rescapées

À les regarder sourire, on est à mille lieues de s’imaginer que ces jeunes filles ont été forcées de se prostituer, à un très jeune âge, pour la plupart. Dans le centre de la Rescue Foundation, où elles ont été recueillies, elles ont réappris à sourire, mais leur guérison est lente et leur avenir, incertain.
Par Kiran Ambwani et Wendy Champagne | Photos : Kiran Ambwani
Ujwala

Prostitution : portraits de rescapées

Geeta

Geeta

Geeta est âgée de 13 ans lorsqu’elle est repérée par une famille de trafiquants, qui la convainquent de les accompagner à l’extérieur de la ville pour qu’elle prenne soin de leurs enfants. Toutefois, en cours de route, ils la droguent et l’amènent à Mumbai, où ils la vendent à un propriétaire de bordel. Pendant 10 jours, elle hurle presque sans arrêt, mais, battue et maltraitée, elle finit par se résigner. Deux ans et demi plus tard, sauvée par une opération de libération mise sur pied par la Rescue Foundation, la jeune fille, bien décidée, se lance sur la trace de ses trafiquants. Elle passe des semaines à les chercher, dans les rues de la ville, puis réussit à les retrouver et à les faire arrêter. Malgré son admirable détermination et sa volonté de survivre, Geeta doit lutter contre le VIH, qu’elle a contracté dans les bordels.

Deepa

Deepa

Orpheline à 8 ans, Deepa est envoyée chez son frère aîné, où sa belle-sœur l’exploite pendant plusieurs années avant de la vendre à un bordel. Deepa n’a alors que 13 ans, et quand la Rescue Foundation la trouve, cachée dans le grenier d’un bordel de Mumbai, elle est enceinte d’un enfant, qui sera plus tard donné en adoption. Sa liberté est de courte durée, car, six mois plus tard, l’un de ses anciens trafiquants la retrouve, puis l’enlève de nouveau. Elle est heureusement secourue moins de trois mois plus tard, mais, encore une fois enceinte, elle doit se faire avorter.

Aarti

Aarti

À la mort de son père, Aarti est maltraitée, puis vendue par sa mère alcoolique. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle est certainement la plus désillusionnée et la plus amère des rescapées de la Rescue Foundation. Elle refuse d’envisager le mariage comme solution, car elle craint de servir d’esclave à un futur mari et prétend que « seul un dieu voudrait [la] marier ». Durant les pratiques des chorégraphies présentées dans le documentaire, c’est tout de même elle qui incite les autres à se dépasser. Généreuse et fougueuse, elle possède une voix magnifique, qui laisse transparaître sa fragilité, sa sincérité, mais aussi son insécurité par rapport à la vie. On peut d’ailleurs l’entendre sur la bande sonore de BAS !.

Divya

Divya

Après trois années passées à la Rescue Foundation, Divya ne s’est toujours pas adaptée à sa nouvelle vie. « On ne fait rien ici », explique la jeune fille de 17 ans. C’est qu’en Inde, les organisations non gouvernementales (ONG) et les maisons d’hébergement gérées par l’État disposent de ressources financières limitées. De plus, leurs approches thérapeutiques et de développement de compétences personnelles sont un peu rétrogrades. Lorsque la chorégraphe Nancy Leduc a proposé des ateliers quotidiens de thérapie par la danse, Divya s’est difficilement adaptée à la rigueur de ceux-ci. Ses efforts ont toutefois été récompensés par une amélioration de son estime d’elle-même.

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Ujwala

Ujwala

Battue chaque jour par son père, Ujwala s’enfuit du domicile familial à l’âge de 11 ans. La jeune Népalaise tombe alors dans les mains de trafiquants, qui l’amènent en Inde, à Mumbai, où elle est exploitée par un pimp. Elle passe ses journées à se prostituer, à mendier et à inhaler de la colle. Sauvée par la police, Ujwala n’a jamais revu sa famille et a laissé tomber l’espoir de se marier. Âgée de 15 ans, elle sait que son avenir est incertain, car, à 21 ans, elle devra quitter le refuge. Elle rêve de devenir danseuse professionnelle, mais, en raison d’une blessure à la jambe, ses chances sont minces.

Kasturi

Kasturi

Kasturi, 15 ans, accepte difficilement le manque d’attention et l’ennui qu’elle éprouve dans le centre de la Rescue Foundation. Même si elle a confié à Wendy Champagne qu’elle aimerait devenir travailleuse sociale pour aider les jeunes filles dans sa situation, elle avoue que, parfois, elle a envie de partir. Or, Kasturi doit être prudente, car, dans les deux années qui suivent leur libération, environ 65 % des victimes finissent par être enlevées de nouveau, puis réinsérées dans un réseau de prostitution. La plupart des filles sont orphelines, sans éducation, sans réseau social et, donc, des cibles faciles.

Sapna

Sapna

Sapna a été sauvée en 2009, lors d’une opération de libération menée à Mumbai, dans le Red Light de Kamathipura. Les examens médicaux de la Rescue Foundation ont révélé qu’elle est atteinte de la tuberculose, une nouvelle qui lui a valu d’être rejetée par certaines filles du centre. Grâce à la danse, elle a appris à se sentir mieux dans son corps, puis à initier des relations avec d’autres filles. Elle a aussi réappris à sourire.

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