Se doter d’un plan
L’outil idéal pour instaurer des règles claires? Un plan familial, suggère Andréa Schnell, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias, un organisme qui vise à éduquer les jeunes à une utilisation éclairée du numérique. On délimite le temps d’écran dont chaque membre de la famille dispose – adultes compris! –, ainsi que des zones et des moments sans écrans. «Chacun doit participer à l’élaboration du plan. Les jeunes respectent plus facilement les règles s’ils ont contribué à les créer», souligne-t-elle.
Il faut être constant dans l’application de ces consignes, juge la psychologue Ariane Hébert. «En tant que parent, on ne peut pas choisir d’allonger le temps d’écran quand cela nous arrange, sans quoi, on ouvre la porte aux crises et aux négociations sans fin», dit-elle.
Faire preuve de souplesse
Les appareils électroniques demeurent de précieux outils. L’usage qu’on en fait compte. On peut moduler le temps d’écran en fonction de l’activité de l’enfant. Si un jeune se passionne pour les requins et utilise la tablette pour regarder des documentaires ou faire des recherches à ce sujet, c’est constructif. Même les jeux en ligne avec ses amis pourraient être positifs et constituer une activité de socialisation, jusqu’à un certain point. «Par contre, s’il ne fait que passer le temps en “scrollant” de façon passive, c’est plus préoccupant», indique Andréa Schnell.
Se montrer disponible
La présence des parents est cruciale pour les enfants en bas âge – pour discuter avec eux de ce qu’ils voient à l’écran et pour s’assurer que le contenu auquel ils sont exposés est approprié. Pour les ados, c’est autre chose. On devrait savoir à peu près ce qu’ils font en ligne sans pour autant être constamment derrière eux, estime Ariane Hébert. «On peut les inciter à nous en parler en donnant l’exemple. Un simple “J’écris un courriel pour le travail” ou “Je discute avec une amie” leur montre que la transparence s’applique à tous», fait-elle valoir.
Marie-Anne Sergerie, psychologue et fondatrice de la ressource en ligne cyberdependance.ca, encourage même les parents à naviguer sur Internet avec leur enfant. «Les écrans peuvent être une occasion de passer du temps de qualité avec eux, de s’intéresser à ce qui les passionne», soutient-elle.
Aider nos enfants à gagner en autonomie
Le chemin qui mène à l’autonomie est long et ardu. On doit modérer ses attentes, d’après la psychologue Ariane Hébert. «Un petit de cinq ans sera certainement déçu quand viendra l’heure de fermer son jeu ou la télé. Il n’a pas encore la maturité pour canaliser sa frustration. On devra l’aider à le faire», prévient-elle. Quant à l’adolescent, son niveau d’autonomie à cet égard est lié aux responsabilités qu’il assume en général. «Un jeune qui ne fait ni son lunch ni son lavage, ou à qui il faut rappeler de faire ses devoirs, ne sera pas en mesure de se prendre en main. On doit être conséquent dans ses attentes», précise-t-elle.
On ne pourra jamais cesser complètement d’encadrer, selon Marie-Anne Sergerie. Même quand on a établi des règles très claires ou qu’on utilise des minuteries. «Si on n’intervient pas quand le temps d’écran est terminé, l’enfant apprendra vite qu’il n’y a pas de conséquences, ou qu’il peut dépasser les limites lorsqu’on est distrait», dit-elle.
Proposer de nouvelles activités
Pour atténuer la frustration des enfants quand sonne l’heure d’éteindre, Ariane Hébert suggère de faire avec eux une liste des autres activités qu’ils apprécient et de l’afficher. On peut également leur proposer une partie de cartes ou une promenade dehors, histoire de passer du bon temps ensemble.
Discuter ouvertement
Dès que nos enfants commencent à utiliser des appareils électroniques, il faut parler avec eux des soucis qu’ils peuvent causer. «On peut aborder le sujet par l’angle de l’équilibre à respecter dans nos besoins, dit Marie-Anne Sergerie. Ils doivent comprendre que trop de temps d’écran peut nuire aux autres sphères de leur vie.»
À l’adolescence, on peut parler des risques plus directement, mais sans stigmatiser la technologie, selon elle. «Notre rôle est surtout de les amener à réfléchir à leur utilisation. Sur les réseaux sociaux, par exemple, ils devraient songer aux impacts de leurs publications, à ce qui les motive à les faire. Est-ce pour
gonfler leur ego ou pour échanger avec leurs amis?»