Vie pratique

Prévenir la dépression chez les ados : des pistes à explorer

Avoir un coup de déprime, c’est normal à l’adolescence. Mais que faire si le malaise persiste ? Quelques indices devraient sonner l’alarme. Les voici.

Pas facile d’avoir 15 ans ! Les adolescents vivent des bouleversements et remettent en question les valeurs de la famille, de la société. En quête identitaire, ils s’interrogent sur leur orientation sexuelle. Sans oublier l’aspect hormonal, émotionnel, qui chamboule tout. « Ça fait beaucoup à gérer pour eux ! » dit la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers.

Voilà pourquoi les sautes d’humeur sont courantes durant cette période de la vie. « À un moment, c’est “laisse-moi vivre !”, et 15 minutes plus tard, c’est “peux-tu me conduire au centre commercial ?” » illustre Nadia Gagnier, psychologue spécialiste des questions relatives à la famille et à la parentalité.

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Quels signes surveiller ?

Comment savoir si ces changements de comportement sont normaux, ou plutôt les signes d’un mal-être plus profond ? Il s’agit de rester à l’affût et d’observer s’ils deviennent envahissants au point de modifier la vie quotidienne.

La dépression présente les mêmes symptômes chez l’adolescent que chez l’adulte : fatigue persistante, tendance à s’isoler et à se dénigrer, variation de l’appétit, baisse de la motivation, perte de l’estime de soi et troubles du sommeil. Les jeunes peuvent souffrir de l’un ou l’autre sans pour autant être en pleine détresse psychologique.

« Cela devient un problème lorsque leur capacité à fonctionner est affectée. Quand leurs résultats scolaires chutent ou qu’ils ne s’intéressent plus à rien, par exemple », précise Nadia Gagnier.

Autre indice : l’irritabilité extrême. « Il n’est pas rare que la tristesse dénotée chez les adultes en dépression fasse place à de la colère chez les ados et les enfants », ajoute-t-elle.

Les jeunes ont aussi tendance à adopter des comportements à risque : abus d’alcool ou de drogues, partenaires sexuels multiples… « Peut-être veulent-ils s’engourdir, ne pas ressentir le malaise qui les habite. Ils sont plus impulsifs et moins conscients des dangers », fait valoir Stéphanie Deslauriers.

Comment déterminer s’il s’agit d’expérimentations normales ? « Il y a lieu de s’inquiéter quand la consommation est constante et récurrente. Quand il y a un avant et un après, et que son enfant n’est plus celui qu’il a toujours été », affirme l’autrice du guide Éli – Comprendre la dépression à l’adolescence (Éditions Midi trente), qui s’adresse aux jeunes.

depression ado

Photo : iStock.com

Quels gestes faire ?

D’abord, parler. Attention, le contexte est important ! « Il faut attendre le bon moment. Comme avant d’aller au lit, notamment. Pas quand le jeune rentre de l’école et qu’il a sa journée dans le corps. Et on évite les reproches et les réprimandes », souligne Stéphanie Deslauriers.

Il est aussi important d’appuyer ses arguments sur des faits. « Par exemple, dire à son enfant “je trouve que tu t’isoles”, ou “tu dors beaucoup, et je m’en fais pour toi”. Puis demander s’il pense qu’en parler à un thérapeute lui ferait du bien », explique la psychologue Nathalie Parent, conférencière et autrice de l’ouvrage Enfants stressés ! – Tout ce qu’il faut savoir pour aider votre enfant à grandir sereinement (Michel Lafon).

Comment prendre soin de son enfant ?

Dans tout cela, il ne faut pas négliger l’importance d’une bonne hygiène de vie. Au sein de la famille, il est essentiel de favoriser le sommeil, de manger sainement et de limiter le temps d’écran.

Et comme la dépression et la perte d’intérêt sont liées, le jeune doit être encouragé à reprendre les activités qui lui procurent du plaisir. « Même s’il n’en a pas trop envie, insiste Nadia Gagnier. Une fois qu’il s’est extirpé du sofa, la motivation lui revient. »

« Le simple fait de manger en famille plus souvent peut énormément aider l’ado. Ça lui envoie le message qu’il n’est pas seul. L’important est de maintenir le lien », conclut la psychologue.

Si les symptômes persistent pendant quelques semaines, il faut convaincre le jeune de consulter un professionnel de la santé, médecin ou psychologue. Et le conduire à son rendez-vous.

Besoin d’aide ? Ligne Parents : 1 800 361-5085 ligneparents.com

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