Culture

Le choix Châtelaine : Je remercie la nuit, de Véronique Tadjo

Je remercie la nuit, de Véronique Tadjo, nous fait voir la crise politique qui a secoué la Côte d’Ivoire en 2010 avec les yeux de deux femmes animées par l’espoir d’un monde meilleur.

Flora et Yasmina étudient ensemble à l’université, à Abidjan, la métropole de la Côte d’Ivoire. Au début du roman, elles ont l’âge où l’on croit que tout est possible, que le plus beau est à venir.

Or, le pays est plongé dans une crise politique lorsque le président sortant, Laurent Gbagbo, refuse de reconnaître la victoire de son opposant, Alassane Ouattara, aux élections de 2010. Les militaires choisissent leur camp; les citoyens sont forcés de le faire également. La violence éclate un peu partout. Abidjan n’est plus sécuritaire. Les deux étudiantes s’impliquent dans une association neutre qui cherche à promouvoir la paix. Tantôt elles y croient, tantôt elles se sentent réduites à l’impuissance.

La neutralité politique est-elle possible en temps de crise ? Il semblerait que non. Yasmina vivra une épreuve physique et psychologique qui la transformera à jamais. Elle devra retourner dans le nord du pays, là où vit sa famille. Flora, elle, se lance sans réfléchir dans un acte de résistance qui lui coûtera cher. Elle sera forcée de s’exiler en Afrique du Sud, abandonnant sa famille au moment où son père est hospitalisé à la suite d’un infarctus. Sa mère est hors d’elle.

Le cœur brisé, et malgré les encouragements d’un nouvel ami, Flora ne parvient pas à s’émerveiller devant les attraits de Johannesburg. Elle y remarque plutôt les cicatrices encore béantes de l’apartheid. De plus, Yasmina lui manque atrocement. Elle n’a aucune nouvelle d’elle. Leur amitié survivra-t-elle à l’éloignement ? Lorsque la crise se termine enfin, Flora n’est plus la même. 

Malgré la dureté du propos, l’écriture est légère et fluide. Elle est portée par l’espoir de la jeunesse qui caractérise les personnages. À travers eux, l’écrivaine évoque la possibilité d’une guerre, mais aussi le désir viscéral de maintenir la paix. 


L’autrice : Véronique Tadjo 

Véronique Tadjo est née à Paris en 1955, d’un père ivoirien et d’une mère française. Elle a grandi en Côte d’Ivoire et étudié à l’Université d’Abidjan.

Détentrice d’un doctorat en études africaines américaines de la Sorbonne, elle est professeure et écrivaine. Sa carrière universitaire l’a amenée à parcourir le globe, du Nigéria au Kenya en passant par l’Amérique du Sud.

Tout comme le personnage de Flora, Véronique a longtemps habité en Afrique du Sud, où elle a dirigé le département de français de l’Université du Witwatersrand à Johannesbourg.

L’écrivaine passionnée de la riche littérature africaine a à son actif de nombreux romans, recueils de poésie et livres pour la jeunesse. 

Son récit Reine Pokou, concerto pour un sacrifice (Actes Sud, 2005) lui a valu le Grand Prix Afrique en 2005. Elle a également été sélectionnée pour le prix commémoratif Astrid Lindgren en Suède pour son apport à la littérature jeunesse. Son œuvre est reconnue à travers le monde et a été traduite en plusieurs langues. 


Je remercie la nuit de Véronique Tadjo, Mémoire d’encrier, 300 pages. En librairie.

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