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Première phrase
« Tu sors de l’eau, maman ? »
Le propos
Les luttes et les tâtonnements inhérents à la vie d’artiste, voilà ce qui occupe Catherine Ocelot dans cet album aux couleurs vives. Sa réflexion est enrichie des confidences de sept créatrices et créateurs, dont Micheline Lanctôt, Rafaël Ouellet et Julie Delporte. Parmi les sujets abordés : les limites poreuses de l’autofiction, le succès, la difficile conciliation entre le monde de l’art et celui, terre à terre, de la famille…
L’auteure
La vie d’artiste est le troisième album de Catherine Ocelot, après Nenette cherche un sens (2006) et Talk-Show (2016). Le fil conducteur entre ces œuvres ? Les liens que nous tissons – ou non – avec les autres, et la façon dont ils nous façonnent.
Pourquoi le lire
Pour le sens que la bédéiste tire de l’absurde ou du banal – les nombreuses scènes du quotidien, par exemple, s’insèrent avec justesse dans la discussion. Pour les confessions parfois étonnantes, jamais complaisantes, des artistes interviewés.
La vie d’artiste, de Catherine Ocelot, Mécanique générale, 208 pages
[C.R.P.]
Première phrase
« On ne m’a jamais tirée dessus. »
L’histoire
À Vancouver, une bande d’amis – les Cinq – se fréquente depuis l’adolescence. L’âge adulte les frappera de plein fouet. Veda, la narratrice, choisit New York pour repartir à zéro après de tragiques événements impliquant son frère. Elle se retrouve plutôt victime d’une prise d’otages sanglante dans un bus.
L’auteure
Grace O’Connell enseigne la création littéraire à l’Université de Toronto. Foudroyée est son second roman, après Magnified World, paru en 2012.
Pourquoi le lire
C’est une œuvre qui se dévore comme un bon thriller. Le récit remonte le fil de la vie de Veda – avec ses amours difficiles, ses amitiés inaliénables et ses déchirements – pour mieux nous amener à cerner la violence sourde du monde.
Foudroyée, de Grace O’Connell Boréal, 392 pages
[A.M.]
Premières phrases
« Ailleurs, t’étais ma femme. Ma grande, c’était la nuit. Et la nuit était rare. »
L’histoire
Quinze ans à vivre avec elle, ce monstre ordinaire. Quinze ans à n’avoir aucun droit, aucun choix, aucun répit. « Même pour ouvrir la porte, on devait être deux. » À tenter de quitter
cette geôle qui émascule, puis à revenir chaque fois. L’espoir du changement, le bien-être de l’enfant comme arguments. Jusqu’au jour où… « Je t’ai tuée, ça se fait pas. Je vais l’écrire, et voilà. »
L’auteure
Claire Castillon a été publiée pour la première fois à 24 ans (Le grenier, en 2000), mais elle écrit depuis l’âge de 12 ans, récoltant le succès avec ses nouvelles et ses romans.
Pourquoi le lire
Parce que ça bouscule, cet homme victime, cette femme fielleuse qui use des mots comme des coups de poing.
Ma grande, de Claire Castillon, Gallimard, 160 pages
[C.F.]
Première phrase
« Ils sont les protagonistes, hommes en conflit. »
L’histoire
Un écrivain a publié jadis un « livre flamboyant ». Vingt-cinq ans plus tard, son éditeur lui propose une réédition en format de poche. Le « jeune génie » d’alors réécrit son « chef-d’œuvre » et, ce faisant, le détruit. Fort du contrat dûment signé, l’éditeur publie. L’écrivain lui intente un procès qui « durera quinze ans ».
L’auteure
Figure marquante de la littérature féministe québécoise, France Théoret a reçu en 2012 le prix du Québec Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.
Pourquoi le lire
Pour le portrait mordant de ces hommes de lettres qui « cultivent de grandes certitudes ». Pour l’ironie subtile qu’inspirent à l’auteure certains écrivains qui, vis-à-vis de leur compagne, confondent « amour, sexe, secrétariat, aide domestique, ressource monétaire ».
Les querelleurs, de France Théoret, La Peuplade, 152 pages
[M.R.]
Première phrase
« Il est certains êtres pour qui rien n’est plus douloureux que de se souvenir, surtout lorsque les souvenirs sont heureux. »
L’histoire
Lors d’un séminaire dans une île des Caraïbes, une physicienne turque désillusionnée fuit les réunions de travail et se réfugie sur la plage. Là, elle fait la connaissance d’un vendeur de coquillages au passé trouble. Entre eux s’engage une danse faite de méfiance et de peur, puis de connivence et « d’un amour profond, féroce, irréel ». Platonique et sans avenir, cette relation sera l’élément fondateur qui transformera la vie de la jeune femme.
L’auteure
Journaliste et écrivaine née à Istanbul en 1967, Asli Erdogan est aussi militante. Emprisonnée en août 2016 et libérée sous contrôle judiciaire en décembre de la même année, elle vit en exil à Francfort, attendant la décision du tribunal turc.
Pourquoi le lire
Pour découvrir le premier roman de cette femme admirable, publié en Turquie en 1993 et qui vient enfin d’être traduit en français. Pour la passion, la liberté, la générosité, le courage.
L’homme coquillage, d’Asli Erdogan, Actes Sud, 208 pages
[M.R.]
Première phrase
« Chère Naomi, j’ai terminé ce maudit livre. »
L’histoire
Ça commence par quelques-unes, puis ça se répand comme une traînée de poudre : partout dans le monde, des femmes activent la charge électrique qui pétille au bout de leurs doigts pour se défendre contre les hommes, les blesser, et même les tuer. Bientôt, la peur change de camp et l’Histoire fait volte-face, pour être racontée dans « ce maudit livre », 5 000 ans plus tard.
L’auteure
Née en Angleterre, Naomi Alderman a remporté le prestigieux Baileys Women’s Prize for Fiction en 2017 pour son roman Le pouvoir, qui a créé un véritable engouement – et que Barack Obama a qualifié de coup de cœur de l’année.
Pourquoi le lire
Parce qu’en imaginant un monde fondé sur le matriarcat, l’auteure démontre avant tout l’absurdité d’une société reposant sur une domination, quelle qu’elle soit. Fascinant, ce roman fait écho à ce que notre époque a de plus tordu.
Le pouvoir, de Naomi Alderman, Calmann-Lévy, 400 pages
[C.R.P.]
Première phrase
« Elle est venue te chercher en voiture très tôt ce matin. »
L’histoire
Comme on lui a « volé sa mort », une jeune femme de 21 ans doit se résoudre à faire face à ses grandes noirceurs dans un centre de désintoxication. D’abord emmurée dans son sarcasme, elle se familiarise bientôt avec cet univers où l’on réapprend à vivre à coups de thérapies, de cachets et d’amitiés éphémères. La question est de savoir laquelle s’appartient le plus : la fille du début ou celle de la fin ?
L’auteure
La Montréalaise Jeanne Dompierre est rédactrice en chef de La Fabrique culturelle. Elle signe ici, à 34 ans, son premier roman.
Pourquoi le lire
Parce qu’en plus de traiter de maladie mentale de façon franche et nuancée, Dopamine propose une réflexion pertinente sur notre société obsédée par la réussite. Parce que l’humour cassant du personnage principal vient contrebalancer une réalité souvent brutale. Et parce que la fin du roman est à l’image de la vie : douce-amère.
Dopamine, de Jeanne Dompierre, Québec Amérique, coll. « La shop », 160 pages
[C.R.P.]
Première phrase
« Lorsqu’elle reprit connaissance, une brusque envie de vomir souleva l’estomac de Judith Allison. »
L’histoire
Alors qu’elle suit une formation en contre-terrorisme en Outaouais, la sergente-détective Judith Allison – qu’on retrouve ici avec bonheur pour une quatrième enquête – croise de nouveau le chemin de l’activiste Jacob Lebleu. Cette fois, il en a contre un promoteur immobilier sur le point de raser des quartiers populaires. Sa traque la mènera jusqu’au Nunavik.
L’auteure
Maureen Martineau est native de Hull, mais elle est maintenant établie à Tingwick, dans le Centre-du-Québec. Autrefois comédienne, metteure en scène et auteure pour le Théâtre Parminou, elle se consacre aujourd’hui à l’écriture de polars.
Pourquoi le lire
Parce qu’un roman policier qui allie écoterrorisme, développement urbain et regard aiguisé sur les conditions de vie des autochtones ne court pas les librairies. Aussi, pour la trame historique et les préoccupations sociales. Et parce que la finale, loin de décevoir, s’avère proprement spectaculaire.
La ville allumette, de Maureen Martineau, VLB Éditeur, 392 pages
[C.F.]
Première phrase
« Je suis le genre de fille à se retrouver assise sur un canapé aux tons mordorés surmonté de coussins rose saumon peinant à s’assortir, une coupe de champagne dans une main, une feuille de vigne fourrée d’aubergine dans l’autre, et à serrer les fesses tant elle voudrait ne pas être ici. »
L’histoire
Divorcée, mère d’une ado, Juliette relate les événements de sa vie de femme trop accommodante. Se sentant « un petit peu au-dessous de tout le monde », elle est toujours là où on la réclame, se promettant bien d’apprendre à dire non…
L’auteure
Nathalie Kuperman vit à Paris. Elle a publié plusieurs romans, livres jeunesse, scénarios de bandes dessinées et fictions radiophoniques.
Pourquoi le lire
Pour ces situations loufoques qu’on a toutes plus ou moins vécues. Pour l’irrésistible Juliette, qui nous fait sans cesse passer du fou rire aux larmes.
Je suis le genre de fille, de Nathalie Kuperman, Flammarion, 220 pages
[M.R.]
Le perspicace
Première phrase « À un an, je faisais parfaitement mon âge. » L’histoire À 30 ans, l’héroïne de ce récit – une rédactrice
au quotidien banal, maman, mariée, vivant dans le nord
de la France –, cesse de vieillir. Du moins en apparence. Derrière sa peau immaculée, ses organes subissent les effets des années. Pire, celle qui rend les autres femmes jalouses finit par porter
comme une malédiction cette anomalie qui n’est pas sans conséquences. L’auteur Artisan de quelques best-sellers, Grégoire Delacourt exerce aussi le métier de publicitaire. C’est ainsi qu’il crée – tiens, tiens ! – des slogans pour
des produits de beauté antirides. Pourquoi le lire Pour retrouver la plume fine
de l’auteur de La liste de mes envies, qui flirte ici avec le fantastique en imaginant les possibles aléas d’un rêve
vieux comme le monde :
rester jeune. [N.L.]
La femme qui ne vieillissait pas,
de Grégoire Delacourt, JC Lattès, 256 pages
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