Une longue canicule, d’Anne Villeneuve, Mécanique générale, 108 pages
Premières cases
« Allez !!! Allez, Marie ! Saute ! »
L’histoire
Marie, c’est Marie-Hélène, jeune Madelinienne extatique à l’idée de s’installer « sua grande terre », à Montréal. Malgré ses grands rêves et son précieux cellulaire (et peut-être même à cause d’eux), son arrivée sera brutale. Voici le récit d’un nouvel enracinement, dans une métropole trempée de sueur et peuplée d’âmes esseulées qui ne demandent qu’à se croiser.
L’auteure
À 50 ans, Anne Villeneuve signe ici sa première bande dessinée. Elle est auteure et illustratrice de plusieurs livres pour enfants, dont L’écharpe rouge (Les 400 coups), Prix du Gouverneur général en 2000.
Pourquoi le lire
Pour la légèreté générale de l’histoire, malgré la lourdeur caniculaire et le passé tragique de Marie-Hélène. Pour l’intelligence du trait, qui s’approprie avec finesse l’espace visuel. Pour les cœurs qui se lient et se délient. [C.R.P.]
Taqawan, d’Éric Plamondon, Le Quartanier, 224 pages
Première phrase
« Elle monte dans le bus et s’assoit, colle son front chaud contre la vitre fraîche. »
L’histoire
Le 11 juin 1981, 300 agents de la Sûreté du Québec sont déployés en Gaspésie pour confisquer les filets des pêcheurs mi’gmaq, et leur montrer qui sont les plus forts. Ce jour-là, Océane a 15 ans et le sang coule entre ses cuisses pour la première fois. La jeune autochtone s’apprête à expérimenter, au plus profond d’elle-même, le mépris que légitiment même les plus hautes sphères du pouvoir. Et l’humanité de ceux qui s’en indignent.
L’auteur
Né à Québec en 1969, Éric Plamondon habite aujourd’hui en France, près de Bordeaux. Sa trilogie
1984 (Le Quartanier), qui trace librement le portrait de trois grandes figures américaines, lui a valu de nombreux éloges.
Pourquoi le lire
Parce que l’histoire du peuple mi’gmaq apparaît dans toute son amplitude sous le regard pluriel de Plamondon, qui entremêle judicieusement – c’est sa signature – bribes de culture populaire, gestes de la vie quotidienne, événements politiques, etc. [C.R.P.]
De bois debout, de Jean-François Caron, La Peuplade, 414 pages
Premières phrases « Je l’ai vu mourir. Je viens de voir mourir le père, que je me répète en courant. »
L’histoire Alexandre, affolé par ce qu’il a vu, s’enfuit à travers le bois, se blesse, frappe à la première porte rencontrée, où vit Tison. Entre eux se tisse une complicité faite de lectures partagées, de cet amour des livres que le père a jadis rejetés pour mieux vivre dans le « vrai monde ». Empruntant les voix de la mémoire d’Alexandre, d’un chœur, du père, de la mère, l’auteur dresse un magistral portrait d’hommes.
L’auteur Jean-François Caron est un écrivain très doué. Il est aussi camionneur.
Pourquoi le lire Pour le souffle, pour cette relation père-fils ancrée dans la déception, pour toutes les pages qui font monter les larmes aux yeux. [C.F.]
Le principe du cumshot – le désir des femmes sous l’emprise des clichés sexuels, de Lili Boisvert, VLB éditeur, 256 pages
Première phrase
« Ce livre parle de sexe. »
Le propos
Le sexe, oui, mais surtout le désir féminin et les nombreux clichés qui contribuent à le ridiculiser, à le contrôler, voire à le nier. Parmi ceux-ci, vus à tort comme des « fatalités biologiques » : la passivité des femmes, leur pureté, la mode qui leur est imposée, sans oublier la bonne vieille définition de ce que serait une relation sexuelle idéale.
L’auteure
Journaliste, chroniqueuse et animatrice, Lili Boisvert chapeaute la série documentaire Sexplora, sur la chaîne Ici Explora.
Pourquoi le lire
Malgré l’humour distillé ici et là, l’auteure aborde le sujet de la sexualité féminine avec sérieux. En disséquant nos comportements et croyances, elle nous pousse à les repenser. Même les plus informées – et les plus émancipées ! – y trouveront matière à réflexion. [C.R.P.]
Rue des Remparts, de Micheline Lachance, Québec Amérique, 512 pages
Première phrase
« Chère Élisabeth de Lanaudière, vous serez surprise de recevoir cette lettre de la vieille dame qui vous a accueillie chez elle, il y a quelque temps. » L’histoire Les souvenirs de Catherine de Beaubassin retracent la vie en Nouvelle-France avant la défaite de 1759. À Québec règne une insouciante dolce vita où se nouent des liaisons entre officiers et dames de la haute société.
L’auteure
Historienne, journaliste (ex-rédactrice en chef de Châtelaine), Micheline Lachance choisit, dans tous ses romans, de donner leur juste place aux femmes que les manuels d’histoire ont oblitérées.
Pourquoi le lire
Parce que cette brique passionnante rappelle le moment qui a scellé le destin de la Nouvelle-France. [M.R.]
Partition pour femmes et orchestre, de Maria Noriega Rachwal, Éditions du remue-ménage, 207 pages
Première phrase
« Le boulevard Saint-Laurent, connu aussi comme la Main, divise la ville de Montréal entre l’est et l’ouest. »
L’histoire
Celle d’Ethel Stark, une prodigieuse violoniste née sur la Main en 1910. Faisant preuve de détermination et d’audace, elle poursuit des études en musique dans une prestigieuse école de Philadelphie. C’est là qu’elle s’initie à la direction d’orchestre, une chasse gardée masculine à l’époque. On doit à cette pionnière la cofondation de la Symphonie féminine de Montréal, en 1940, qu’elle dirigera pendant 25 ans et qui sera le premier orchestre de femmes à se produire au Carnegie Hall.
L’auteure
Maria Noriega Rachwal vit à Toronto. Elle est flûtiste, professeure et musicologue, spécialisée dans la place des femmes en musique.
Pourquoi le lire
Pour découvrir cette fascinante – et largement méconnue – page de notre histoire, celle du Québec et des femmes d’ici. [C.F.]
Les égarés, de Lori Lansens, Alto, 448 pages
Première phrase « Cher Daniel, il faut avoir vécu un peu pour apprécier une histoire de survie. »
L’histoireUne phrase magnifique clôt ce récit : « La nature offre un miroir d’une grande précision […]. » C’est en effet grâce à elle que les quatre protagonistes, perdus en montagne, se révéleront à eux-mêmes. Wolf qui, le jour de ses 18 ans, s’y rend pour faire le saut de l’ange, mais y trouvera plutôt un rôle de guide et de protecteur. Nola, la matriarche venue y « saupoudrer » les cendres de son mari. Bridget, son insupportable fille, et Vonn, sa petite-fille taciturne. La quatrième de couverture révèle un élément-clé – il y aura seulement trois survivants.
L’auteure Ontarienne établie en Californie, Lori Lansens s’est fait connaître par Les filles (Alto), autobiographie fictive de jumelles siamoises.
Pourquoi le lire Parce qu’il s’agit d’une œuvre remarquable. Pour l’humanité qui s’en dégage et le dénouement qui stupéfie. [C.F.]
Toutes les fois où je ne suis pas morte, de Geneviève Lefebvre, Libre Expression, 320 pages
Première phrase
« “Viens. Viens me rejoindre. Prends l’avion. Réglons ça tout de suite”, m’as-tu écrit. »
L’histoire
Ça : le désir viscéral de faire basculer une amitié vers l’amour charnel. Pour ça, Catherine s’envole vers Matt, journaliste de guerre. Elle débarque à Bruxelles en novembre 2015, juste après les attentats de Paris. La ville est en état d’alerte. Mais, ivre de ses fantasmes, Catherine est imperméable aux tensions. C’est sans compter les démons intérieurs de Matt…
L’auteure
Plume prolifique, cette Montréalaise écrit pour la télévision, le cinéma et divers médias.
Pourquoi le lire
Pour la prose coup de poing. Parce qu’un roman d’ici sur fond de terreur djihadiste est une denrée rare. [N.L.]
La chair, de Rosa Montero, Éditions Métailié, 196 pages
Première phrase
« La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n’avez pas encore vécu et celle de ce que vous n’allez plus pouvoir vivre. »
L’histoire
Soledad vient d’avoir 60 ans et son jeune amant marié la laisse tomber. Elle loue donc, à prix d’or, les services d’un gigolo pour une soirée à l’opéra. Des circonstances imprévues bousculeront ses plans.
L’auteure
Sur la nuque de Rosa Montero est tatoué ni pena ni miedo – ni tristesse ni peur –, règle de vie de l’écrivaine espagnole qui a signé une quinzaine de romans.
Pourquoi le lire
Parce que c’est un brillant suspense sentimental où les passages hilarants et bouleversants se succèdent à un rythme fiévreux. [M.R.]
La femme secrète, d’Anna Ekberg, Cherche midi, 480 pages
Première phrase
« Ce doit être un mécanisme de survie. »
L’histoire
Louise file le parfait bonheur avec Joachim sur une rugueuse île danoise où elle tient un café. Mais voilà qu’un homme qui se dit son mari se pointe et la conjure de revenir habiter à Copenhague avec lui et leurs deux enfants. Il semble que Louise n’est pas Louise, mais Hélène, une richissime héritière disparue il y a trois ans… Commence alors pour elle une quête identitaire, et pour Joachim une enquête sur le passé de celle qu’il aime et qui se retrouve accusée de meurtre.
L’auteure
Derrière ce pseudonyme se cachent deux auteurs danois, Anders Rønnow Klarlund et Jacob Weinreich.
Pourquoi le lire
Pour la prémisse intrigante, les rebondissements effroyables et le dénouement surprenant. Un parfait suspense de plage. [C.F.]
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