Emma Becker avait marqué les esprits, en 2019, en exposant dans le roman La Maison (Flammarion) les détails de l’expérience qu’elle avait choisi de vivre comme prostituée dans deux maisons closes de Berlin – une aventure qu’elle qualifiait de « féministe » et de « reprise de pouvoir ». Depuis plus de 10 ans, l’écrivaine française décline ses deux obsessions – le sexe et les hommes – en exercices littéraires fascinants. Son plus récent, Odile l’été, ne fait pas exception. L’autrice y relate ses retrouvailles, après 20 ans, avec Odile, une amie d’enfance avec qui elle avait, dès un très jeune âge, connu ses premières explorations sexuelles.
Les deux femmes se racontent leur obsession destructrice envers les hommes, et déconstruisent les rapports de force et de domination qui ont nourri cette fascination. « Je sais que nous nous sommes précipitées mutuellement dans une course effrénée derrière les mecs, ne nous épargnant aucune expérience douteuse, aucune sensation extrême, dans une tentative de reléguer ce que nous avions vécu ensemble à une fantaisie, grandie dans l’évidence d’aimer les hommes. Tout ce que le monde des hommes offrait était bon à prendre, ce qui faisait peur, ce dont il fallait se méfier, ça n’était qu’une question de cran », écrit Emma Becker. Avec sa plume scabreuse et un brin nonchalante, elle embrasse la complexité de la sexualité et de la condition féminine, sans une seule concession pour les attentes et la bien-pensance. Rafraîchissant !
Le New York Times a surnommé Elin Hilderbrand « la reine du roman d’été », et on comprend pourquoi en lisant ce livre captivant et doux-amer, chauffé par les rayons du soleil de Nantucket, île de la côte est des États-Unis. Vivian Howe, une célèbre écrivaine, s’apprête à profiter de l’été et du succès de son dernier roman avec ses trois enfants adultes. Or, tout bascule lorsqu’elle est renversée par une voiture. Puisque sa mort est injuste, elle se voit offrir la possibilité, pour un dernier été, d’observer ses proches et d’intervenir trois fois pour changer le cours des choses. Avec sensibilité, Elin Hilderbrand transforme un récit aux prémices mélancoliques en célébration de l’amour et de la filiation. Dans un décor fait de plages spectaculaires et de repas somptueux – qui rappelle l’univers des séries à succès Le lotus blanc et Petits secrets, grands mensonges –, la romancière met en lumière les obstacles et les deuils qui font qu’une personne devient la meilleure version d’elle-même. Elle ravive au passage un adage qui fait du bien : ceux qu’on aime ne nous laissent jamais vraiment.
Marie-Claude Renaud a longtemps erré avant de trouver sa voie. Après des études en arts plastiques, en soins infirmiers, en théâtre et en scénarisation, elle a finalement, à 29 ans, réalisé l’un de ses rêves d’enfance : devenir danseuse nue. Dans Yogi stripper, son premier roman, elle raconte son parcours dans cet univers sulfureux. L’autrice s’attaque avec authenticité aux préjugés liés à l’économie de la séduction et de la sexualité. « J’avais envie de montrer aux gens l’ampleur de l’hypocrisie et des doubles standards qui existent dans nos sociétés », indique-t-elle.
Son roman, aussi drôle qu’introspectif, montre du doigt les contradictions qui cachent menaces et dangers là où l’on s’y attend le moins. Grande adepte de yoga, Marie-Claude Renaud plonge, en parallèle, dans les coulisses de cette pratique élevée au rang de culte, mais qui relève beaucoup plus de l’apparat et de l’égocentrisme que ce que l’on voudrait bien croire. « Comme femme, je pense qu’on doit davantage se méfier des studios de yoga que des clubs de danseuses, où la méfiance entraîne une certaine forme d’honnêteté. Au yoga, on se pointe le cœur et le corps ouverts, à la recherche de réponses, pensant être accompagnée par des gens qui ont atteint une certaine maturité spirituelle. Ces croyances nous rendent vulnérables. » De quoi faire réfléchir !
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