Puissante et délicate, la prose de Marie-Claire Blais éblouit dans ce neuvième volet de la série Soifs. Une matinée sur l’île où l’on retrouve les personnages familiers. Daniel, l’auteur, qui peine sur son nouveau roman : le crime haineux d’un jeune suprématiste blanc. Sa femme et leur fille, Mai, voguant sur l’océan dans leur Lumière du Sud. Les garçons de la nuit se pressant vers la plage pour la cérémonie d’adieu à Angel, emporté par le mal qui a décimé les leurs. Encore une fois, l’écrivaine québécoise relie les « grondantes tragédies » du monde à l’inaltérable soif des êtres. Bouleversant.
Boréal, 240 pages. Parution : 14 février.
C’est l’histoire d’« une femme qui aurait pu exister » mais qui, dans le Brésil des années 1940 à 1960, devait se contenter d’élever ses enfants et de tenir maison, destin qu’elle tentera sans cesse de transcender. C’est aussi celle de sa sœur Guida, précocement émancipée, revenue môme à la main. On peut encore les croiser aujourd’hui, avertit l’auteure brésilienne Martha Batalha en préface, puisque cette formidable saga, prompte à accrocher le sourire, « s’inspire des vies de mes grands-mères, et des vôtres ».
Denoël, 256 pages. Parution : 15 février.
Depuis La liste de mes envies – un million d’exemplaires, transposé au théâtre et au cinéma –, Grégoire Delacourt est attendu. Pour son sixième roman, cet ex-publicitaire part d’une prémisse intrigante : « Emma, quarante ans, mariée, trois enfants, heureuse, croise le regard d’un homme dans une brasserie. Aussitôt, elle sait. » Elle sait quoi ? Que sa vie va basculer. Cette Emma n’est pas une énième Bovary, Delacourt n’est pas Flaubert. Reste qu’il se glisse avec aisance dans la peau d’une femme et sait accoucher de phrases-chocs : « Si nous supposions que rien ne dure jamais, nous en avons alors soudain la certitude [...] : nous découvrons brusquement que le présent est la seule éternité possible. »
JC Lattès, 320 pages. Parution : début mars.
On savait qu’ils ont la mémoire longue et trompent énormément : voilà qu’on apprend qu’ils ont des émotions. Ces pachydermes sensibles prennent beaucoup de place dans l’odyssée d’une adolescente américaine à la recherche de sa mère, spécialiste du comportement éléphantin, disparue 10 ans plus tôt à la barbe de tous. L’histoire est racontée par diverses voix : Jenna, la fille abandonnée ; Serenity, une « vraie » ex-voyante célèbre tombée en disgrâce ; Vic, un enquêteur professionnel privé et ancien policier. Quiconque a déjà lu Jodi Picoult reconnaîtra ici le talent de narratrice qui lui a valu un succès... éléphantesque.
Actes Sud, 448 pages.
Inspirée par un film du documentariste Pierre Perrault, Mylène Bouchard plante le décor de ce roman bouillonnant à l’Isle-aux-Coudres, où, en 1967, un bébé portera le nom d’une goélette incendiée le jour de sa naissance. Insaisissable Amanda, impétueuse et en quête d’absolu. On la suit pendant des décennies partout où la conduisent son boulot de journaliste et ses amours ardentes. Puis, quittant sa vie agitée, seule en Gaspésie, elle fait le point dans une longue lettre à Sabina, sa fille de 16 ans. Défilent l’enfance insulaire, l’adolescence gourmande, la soif d’ailleurs et les voyages, la rencontre, à 28 ans, d’un cinéaste qu’elle épouse et suit à Prague, où elle vivra 20 ans. Et, toujours, incandescente en elle, l’énigme de l’amour, de l’amitié...
La Peuplade, 400 pages.
La vie de Jane est un fleuve tranquille. Jusqu’au jour où Glen, son mari, se retrouve en tête des suspects d’un enlèvement d’enfant. « Une terrible erreur », insiste-t-elle. Pas pour le voisinage et la presse, qui feront de leur vie un abîme... Alternant les voix et les années, ce thriller addictif, premier-né de la journaliste anglaise Fiona Barton, débute alors que Glen vient de se faire happer par un bus. Sa mort renversera-t-elle sa docile épouse ? En dire plus serait criminel !
Fleuve noir, 416 pages. Parution : mi-février.
Un manuscrit inachevé, possible clé d’un meurtre non résolu, est repris par un journaliste d’enquête qu’un agent littéraire emballé mandate : des ingrédients qui forment un suspense brillant, hors des ornières du polar. En filigrane de ces histoires passionnantes habilement entrelacées, l’auteur roumain E.O. Chirovici explore les arcanes de la mémoire, cette faculté qui oublie et altère les souvenirs jusqu’à leur donner valeur de vérité.
Les Escales, 315 pages.
En voyage dans l’Ouest avec sa « famille chancelante », Édith, 13 ans, croit apercevoir une licorne. Commencera alors une quête chimérique d’une décennie. Sauver sa sœur aînée, reine de beauté et peintre prometteuse à la dérive. Se faire aimer de Liam, premier amoureux de Vivi, puis éteindre cette « passion incendiaire », tenter « une intimité indolore ». Tout en cultivant un intérêt pour la cryptozoologie – étude des espèces mythiques – en compagnie d’un bienveillant ornithologue fréquentant le musée des beaux-arts à Ottawa, où elle bosse. Et en explorant ses « forêts noires, à [se] gorger d’espoir au moindre mouvement dans la lumière », qui poindra. Ce premier roman de la poète Nina Berkhout est un objet rare et magnifique.
XYZ Éditeur, 412 pages. Parution : 2 mars.
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