Ann Ross, recherchiste et coordonnatrice photo
Les chansons que j’ai le plus entendues : Isabeau s’y promène, Un Canadien errant, Le Métèque de Moustaki, Mon légionnaire et Je ne regrette rien de Piaf.
Ce que ça évoque : La plupart des chansons que ma mère chantait étaient nostalgiques et douces, et toujours en français. C’était une femme remplie d’amour et d’affection, mais aussi d’une grande tristesse.
Le plus long spectacle : Quand j’étais petite, nous passions nos étés dans le Bas-Saint-Laurent. Le trajet prenait sept heures en voiture, elle voulait nous divertir...
Si ces airs se mettent à jouer à la radio, aujourd’hui : Ça me réconforte et ça me fait mal en simultané parce qu’elle me manque beaucoup. Mais c’est plus positif que négatif! (Sourire.)
Je dois à Jacqueline : Mon goût pour les arts, la littérature, la musique. C’était une femme très intelligente, artistique et cultivée, mais sans prétention. Comme elle, je suis affectueuse et curieuse de connaître les gens qui m’entourent.
Mylène Tremblay, journaliste
La playlist de ma mère : Belles! Belles! Belles! de Claude François; Scoubidou (des pommes, des poires…) de Sacha Distel; Salade de fruits d’André Bourvil; La plus belle pour aller danser de Sylvie Vartan.
L’époque : Ces chansons datent pour la plupart des années 1950 et 1960. Ma mère avait 20 ans et vivait sa jeunesse dorée en Égypte, en français.
Le cri d’amour : Elle nous a quittées, ma sœur et moi, l’été dernier. Sa voix résonne encore en nous, mais une mélodie m’émeut plus que les autres : J’ai deux amours de Joséphine Baker. Elle remplaçait les paroles « Mon pays et Paris » par « Isabelle et Mylène »…
Où : Sous la douche, en touillant la salade... Si bien qu’on a fini, ma sœur et moi, par fredonner les mêmes chansons à notre tour... sans même savoir qu’elles existaient pour vrai. J’ai réalisé, beaucoup plus tard, qu’elle ne les avait pas inventées…
Je dois à Magda : Sa joie de vivre, qu’elle nous communiquait en dansant le baladi, même sur Françoise Hardy!
Candice Renaud, adjointe éditoriale
La chanson que ma mère connaît par cœur : Göttingen de Barbara. Ma mère a vécu en Allemagne dans sa vingtaine et elle a adoré cette période de sa vie…
L’époque : Les années 1970, qui me rappellent aussi notre camping-car, avec lequel on partait en vacances sur les routes de France. Elle changeait alors de registre pour chanter du Michel Fugain et le Big Bazar, qui était très in en France!
L’odeur : Fugain incarnait un style de vie, de liberté, qui était dans l’air du temps. La préférée de ma mère était Le Printemps, toute la famille l’accompagnait en chœur. La gaieté de cette chanson sentait vraiment les vacances.
L’héritage de Martine : Elle chante encore aujourd’hui, du Reggiani, du Brassens, vantant leur éternel talent. J’ai chantonné quelques-uns de ces refrains à mes enfants, quand ils étaient petits, pour les calmer ou pour les endormir. Et je les entonne parfois, quand l’envie me prend. C’est réconfortant.
Melissa Maya Falkenberg, journaliste culturelle et animatrice Melissa Maya rencontre
Ses musiques de party : Les Beach Boys, les Beatles, Lindbergh de Charlebois, C’est le temps des vacances de Pierre Lalonde... N’importe quoi d’épique ou d’entraînant! Ma mère, c’est le type de personne cool qui se souvient de toutes les danses surf et yé-yé un peu niaiseuses. Qui vient aux concerts punk de mon chum. Qui va chercher le hula-hoop dans le sous-sol si elle trouve que ça ne bouge pas assez...
L’époque : 1999 à 2014. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas, mais je ne me souviens d’aucune chanson qu’elle m’aurait chantée quand j’étais petite.
Une chanson triste : Si elle entend Les Parapluies de Cherbourg, elle pleure toutes les larmes de son corps.
Je dois à Diane : La découverte de Bob Dylan, le héros musical de ma vie. Toutes les fois où, ado, elle est venue me chercher à l’arrêt d’autobus à 1 h 30 du matin parce que je revenais d’un concert et qu’il était trop tard pour que je marche seule dans les rues douteuses de Laval. Ma fascination du français. (Pendant plusieurs années, NOTRE activité de l’année était la Dictée lavalloise, qu’on prenait très au sérieux!) Et, surtout, la liberté de corps et d’esprit que j’aimerais léguer à ma fille.
Mélanie Pratte, rédactrice art de vivre
Les chansons que je lui demandais : Une boîte à chansons de George Dor et Une chanson d’Alain Barrière. Ma mère a toujours eu une voix magnifique. Elle a d’ailleurs suivi des cours de chant et de musique dans sa jeunesse et, aujourd’hui encore, elle fait partie d’une chorale.
Le moment le plus précieux : Avant de me coucher. Elle avait un carnet de chansons et, certains soirs, elle me faisait choisir. J’aimais bien ce moment où elle prenait le temps d’être juste avec moi. Elle semblait momentanément oublier les contraintes de sa vie bien remplie. Elle était disponible.
La transmission : Ça fait aussi partie de la routine du dodo de ma fille de 4 ans, qui se fait un devoir de me le rappeler! Ça me fait chaud au cœur de la voir retenir aussi facilement les mélodies et les paroles. Peut-être héritera-t-elle de la voix d’or de sa mamie, qui sait!
Grâce à Suzanne : J’ai notamment suivi des cours de piano. Les cours, les pratiques, c’était parfois exigeant. Mais, aujourd’hui, je chéris les moments où – à la guitare ou au piano – je peux m’exprimer par la musique. C’est même un exutoire essentiel pour garder mon équilibre mental. (Rires.)
Karine Schiller, gestionnaire de contenu web
La chanson qu’elle me chantait : De la main gauche de Danielle Messia. En fait, je ne peux pas dire qu’elle chantait « pour moi », mais je me souviens de moments doux, où je dessinais ou jouais tranquillement alors qu’elle cuisinait, chacune dans nos bulles respectives, et qu’elle fredonnait cet air qu’elle aimait…
Ce que ça incarne : Les paroles sont à la fois tristes et remplies d’espoir. Je me souviens que, enfant, j’y entendais de la tristesse même si je ne comprenais pas nécessairement le contexte. Je croyais aussi que ça parlait de gauchers et de droitiers! (Rires.)
L’effet, aujourd’hui : Je pense inévitablement à elle, sa voix, ses non-dits.
Ginette m’a transmis : Son amour des mots. Je me souviens du moment où, en me lisant une de mes histoires préférées, elle a réalisé avec beaucoup de fierté que j’étais capable de lire moi-même, en partie parce que je connaissais très bien l’histoire, mais aussi parce que je commençais à associer les lettres et les sons. Elle m’a aussi fait comprendre que j’avais le droit, mais aussi le devoir de choisir ma destinée en tant que femme, liberté dont elle aurait aimé jouir à l’époque de ses 20 ans.
Marie-Josée Forest, graphiste
Les airs sur lesquels on dansait : J’avais 6 ans, on suivait un cours de ballet jazz ensemble. On se réchauffait sur Music Box Dancer du pianiste Frank Mills, on faisait notre chorégraphie sur Fire des Pointer Sisters (il faisait chaud!) et on relaxait sur Le Lac de Côme d’Alain Morisod…
L’image : Un one-piece noir (avec des collants en dessous) et de petits chaussons. J’avais hâte d’aller danser avec ma mère, car je savais que c’était un moment spécial avec elle, ma sœur cadette ne venant pas avec nous. Mais je me souviens aussi de ne pas vouloir partir de la maison parce que mon émission préférée - Candy! - commençait.
La transmission : Je n’ai jamais chanté ces chansons à mes filles, mais je leur récite tous les soirs la même comptine que ma mère me disait avant de me coucher. Bonsoir (bec), bonne nuit (bec), dors bien (bec), fais des beaux rêves (bec), je t’aime beaucoup (bec), à demain (7 becs).
Je dois à Suzanne : Elle a toujours dit que rien n’arrive pour rien et que tout finit par s’arranger. Je me dis pas mal ça tous les jours...
Marie-Hélène Proulx, journaliste
La chanson que je lui demandais toujours : Une chanson douce de Henri Salvador.
Je me souviens : De ma couverture à carreaux jaune et blanc, toutou borgne à gauche de l’oreiller, clown psychédélique à droite. Et des répliques géantes d'Albator et de Goldorak qui luisaient au mur, la nuit.
La face cachée : Elle ne chantait que le refrain, faute de connaître le reste – ce qui est aussi bien puisqu’après, il est question de loup, de biche qui se transforme en femme et de chevalier qui prodigue des caresses. Ça s’adressait à un public plus mûr!
Le toucher : Elle me dessinait des « huit » autour des yeux, espérant que je m’endorme vite parce qu’elle aussi avait son voyage, trois petites à temps plein sur les bras, toujours à lui demander un Popsicle, du linge de Barbie dans des retailles de tissu, « Maman, le bord de mon jean est décousu! », les mots de vocabulaire, les cours de violoncelle, d’équitation, « Quand est-ce que papa revient? ».
Je dois à ma mère : Une sorte de patience obstinée qui frise l’acharnement – fatiguée, pas fatiguée, tu continues. C’est en bonne partie ce qui m’a permis d’étudier longtemps et de faire le métier dont je rêvais. Je lui dois aussi d’innombrables bords de pantalons, autant de boutures de plantes, mais, surtout, un soutien indéfectible pendant les saisons sombres, de nuit comme de jour.
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