Premières phrases: «Tout cela s’est passé à une époque pas si lointaine qu’on a appelée la Révolution tranquille. C’était tellement tranquille qu’on ne s’est pas aperçus tout de suite qu’il y avait une révolution.»
Mon appréciation: Inspirée par les événements d’octobre 1970, Manon, ado rebelle, veut absolument éviter qu’elle et son petit frère Mimi, qu’elle adore, soient séparés et envoyés dans des familles d’accueil. Pour y arriver, elle est prête à tout, même à enlever une vieille femme qui leur servira à la fois de grand-mère et d’otage. Une œuvre forte, poignante, pleine de misère, mais aussi de tendresse, où l’espoir point, malgré tout. À lire. Nathalie Elliott
Premières phrases: «Quand je ferme les yeux, une photographie apparaît, embusquée derrière mes paupières. Je la chasse. L’image resurgit, tremble puis s’anime, se resserre progressivement, permettant à présent de distinguer le moindre détail.»
Mon appréciation: Un homme. Une femme. On sait peu de choses sur eux. À part qu’elle est plus jeune que lui. Olav et Élisa se rencontrent sur une place publique dans une ville sans nom – est-ce sur la côte est américaine ou dans une cité européenne? On ne sait trop. Qu’importe, on les suit dans une première nuit torride, puis sur la route où ils s’arrêtent ici et là pour se désirer, se caresser, s’aimer. Une passion fulgurante dans un récit d’une grande sensualité qui fait la part belle aux mots justes (sans être crus). La metteure en scène Brigitte Haentjens a déjà écrit un essai et un recueil de poésie. Voilà un roman qui sera sans doute le premier d’une longue série. C’est ce qu’on se souhaite.
Johanne Lauzon
Premières phrases: «Dans le mouvement de la vie, chacun évite le mur de ses peurs. Toi, tu l’as toujours défoncé avec joie, indiscipline et délicatesse.»
Mon appréciation: Voici une lettre d’amour, très personnelle, d’un garçon, maintenant auteur à succès, à sa mère. Jardin décrit une enfance auprès de gens passionnés et marginaux. Sa mère exigeait de ses enfants, ses maris et ses amants – souvent rassemblés dans la même maison – de vivre à l’encontre de la normalité. Le prix de cette exigence a été différent pour chacun, mais aucun n’est resté sans marques. Alexandre aime sa mère et l’admire. Mais il a aussi souffert. C’est la tension entre son amour pour sa mère et l’incongruité du style de vie de celle-ci qui rend le livre intéressant. L’auteur nous invite dans un monde tout à fait unique et pas toujours sain. «Sincèrement, maman, fallait-il laisser un enfant au contact de cet intellectuel-là?» Un livre qui fait réfléchir. Ann Ross
Première phrase: «Jacqueline descend du taxi et prend sa valise que le chauffeur lui tend, celle qui l’a accompagnée dans ses voyages autour du monde.»
Mon appréciation: À 73 ans, Jacqueline emménage dans un 2 ½ à 5000 $ par mois à la résidence Bel Âge d’Outremont. Son anticonformisme, ses allures brouillonnes et sa verve parsemée de sacres bien sentis ne cadreront pas tout à fait avec la clientèle de l’endroit. Cette ancienne journaliste de terrain montera aux barricades pour dénoncer une injustice. Elle créera Le Flambeau, le journal des résidents du Bel Âge. À la une, son éditorial sera coiffé du titre «L’apartheid au temps des vieux».
J’ai bien aimé aller à la rencontre de Jacqueline Laflamme au pays des marchettes et de la mémoire qui flanche. À travers les courts chapitres de ce roman, nous apprenons beaucoup du présent et du passé de chacun des protagonistes.
On entend souvent dire que vieillir est un privilège, mais on oublie facilement que mourir est une fatalité. Ma mère de 90 ans vit présentement en résidence, à un étage d’«atteints». J’ai trouvé la description de cette réalité très juste quoique très dure. Pierre Durand
Premières phrases: «Je m’occupe de la chronique culturelle dans une émission de radio d’actualité. Je jouis d’une tribune extraordinaire pour parler d’art à des gens qui autrement ne seraient peut-être pas intéressés par le sujet.»
Mon appréciation: La chroniqueuse culturelle Émilie Perreault a recueilli les témoignages de personnes qui ont réussi à passer à travers un moment difficile de leur vie grâce à une œuvre. Elle a aussi récolté les commentaires des artistes qui font œuvre utile avec leurs créations, parfois sans le savoir. Faire œuvre utile raconte des histoires bouleversantes qui m’ont émue aux larmes. On est tous touchés à un moment ou à un autre par des œuvres, mais il est impressionnant de constater à quel point elles peuvent changer des vies. Magnifiquement mis en pages, le livre est une œuvre d’art en soi. Marie-Pier Gagnon
Première phrase: «Contrairement à ce que ma voisine pincée et ses six chats pensent, ce n’est pas parce que j’ai eu de nombreux amants que n’importe quel homme peut entrer dans mon lit, tirer ma chevillette et me faire choir la bobinette.»
Mon appréciation: Je connais Mélanie Couture l’humoriste (et ancienne sexologue), et je suis ravie de la découvrir en tant qu’auteure. Sympathique et accessible, son franc-parler grivois se transpose bien à l’écrit. Son héroïne, Charlie, lui ressemble beaucoup à mon sens. Sa quête pour trouver LE partenaire de vie et fonder une famille – son clan — ne se fait pas en criant «ovulation!»… En prime, le récit est ponctué de petites, moyennes et grandes parenthèses remplies de gros bon sens qui font le plus grand bien à lire. J’ai bien rigolé et je vais assurément lire le premier tome, 21 amants – même si je n’ai pas lu les deux ouvrages dans l’ordre, j’ai compris et apprécié le deuxième quand même, il faut me donner un peu de crédit… Marie-Ève Gagné
Première phrase: «Personne ne savait comment la guerre avait commencé, mais tous, nous avons vu à la télévision comment elle s’est terminée.»
Mon appréciation: L’histoire de cette enfant vietnamienne qui quitte son pays après la guerre m’a profondément touchée. Elle m’a fait découvrir plusieurs contrées à travers ses yeux. Je me suis attachée aux personnages colorés et originaux. J’ai suivi avec impatience sa recherche pour retrouver sa famille. J’ai même versé quelques larmes à la fin, tellement le dénouement m’a bouleversée.
En lisant ce livre, j’ai découvert une culture que je ne connaissais pas, des parfums exotiques, des coutumes inhabituelles et des événements historiques ignobles. Ce qui a éveillé en moi un intérêt pour l’histoire du Vietnam. Imelda Jeuris
Première phrase: «Les filles ont mal au ventre parce que le sexisme affecte tout le monde, tous les jours, de façon évidente, subtile, simple ou complexe.»
Mon appréciation: Pourquoi le lire? Parce que le titre accrocheur résonne tout au long des pages. Et parce que ce livre illustré nous fait réfléchir à notre quotidien de femmes et au sexisme banalisé qui se dresse si souvent sur notre route. Une belle introduction au féminisme pour tous les ados, filles et garçons. Johanne Lauzon
Première phrase: «Un bouquin. Sur ma mère. Pour ceux des librairies? Ceux des cafés? Pour moi d’abord.»
Mon appréciation: En une suite de petits tableaux impressionnistes, un fils raconte sa mère, ses souvenirs d’elle, leur solitude à tous deux. C’est un livre qui va droit au cœur, avec un minimum de mots, concentrés de vérité et de tendresse. Moustache, c’est elle, abénaquise et femme de ménage dans l’école que son fils fréquente. C’est le quolibet que lui ont donné les enfants. Une histoire de la vie ordinaire, triste et bouleversante, comme un hommage en retard. Céline Fortier
Première phrase: «En marchant vers les bureaux new-yorkais de Radio-Canada en ce matin ensoleillé du 8 novembre 2016, j’essaie une autre fois de répondre à la question qui me taraude depuis des semaines: quel verdict électoral correspondra le mieux, ce soir, aux événements à la fois historiques, imprévisibles, voire invraisemblables, dont j’ai été témoin depuis que je vis aux États-Unis?»
Mon appréciation: Attentats d’Oklahoma City, de Columbine, procès en destitution de Bill Clinton, imbroglio électoral de 2000 et, bien entendu, victoire de Donald Trump: Richard Hétu a été témoin des événements les plus troublants, improbables, déchirants de l’histoire récente des États-Unis. De ces expériences professionnelles naît un récit extrêmement personnel, dans lequel le journaliste aborde le racisme et la xénophobie dont il a été victime pour faire la lumière sur une Amérique divisée. Je l’ai lu d’une seule traite, et le relierai. Alice Méthot
Premières phrases: «Je cours, paniqué. J’ai encore été piégé par ma mère. À moins d’un miracle, mon père va me tuer à soir. Le même style d’arnaque que d’habitude. J’ai beau courir, l’horizon s’éloigne et l’enfer approche à grandes claques, avec un verre de vin dans une main.»
Mon appréciation: Avec sa plume de poète écorché et des expressions imagées qui ravissent l’âme, Dan nous livre le récit à la fois dur et tendre de ses combats intérieurs, familiaux et sociaux. «C’est comme écrire tout un livre juste pour tourner la page», résume-t-il. Touchant et criant de vérité. Julie Anctil
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