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Art de vivre

« C'est probablement une des plus grandes tristesses que j'aurai eues dans ma vie »

Dans sa toute nouvelle chanson, Comme les pigeons d’argile, Pierre Lapointe parle avec émotion de la maladie qui a chamboulé la vie de sa mère. Entrevue avec un «cœur abîmé» qui tente d’adoucir la peine des autres.
« C'est probablement une des plus grandes tristesses que j'aurai eues dans ma vie »

Photo: Courtoisie

L’auteur-compositeur interprète québécois,  dont la tournée Chansons hivernales se poursuit jusqu’au 21 décembre 2024, s'apprête à lancer son 15e album en janvier. Et l'un des trois premiers extraits de l'opus Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé lui vaut déjà bon nombre de témoignages de la part du public. C'est que, dans la pièce Comme les pigeons d'argile, il aborde avec une fragilité évidente l'Alzheimer dont souffre sa mère et le choc que lui a causé ce diagnostic.

 Toi qui as toujours été discret sur ta vie privée, pourquoi as-tu voulu aborder ce sujet très personnel ?

Je ne sais pas trop, en fait ! (rires) Quand j'ai eu la nouvelle au sujet de ma mère [il], j'étais déboussolé. J'ai allégé mon horaire, j'ai voyagé et je me suis assis devant le piano avec l'intention d'utiliser sa caisse de résonance pour me réparer. Les notes sont devenues une mélodie, et après six mois, j'ai commencé à mettre des mots. C'est devenu une chanson qui est en phase avec une émotion profonde et bouleversante. C'est probablement une des plus grandes tristesses que j'aurai eues dans ma vie, que la maladie entre dans notre famille.

Tu aurais pu ne pas dire que la chanson concernait ta mère. Pourquoi cette transparence ?

Souvent, je vais écrire des choses qui s'inspirent un peu de mon histoire, mais je vais les mélanger avec celles des autres. J'aurais pu faire ça, mais on dirait que la maladie fait tant partie de ce qui se passe dans ma tête que je me suis dit que j'allais ouvrir les valves. Mais avant de faire paraître la chanson, je l'ai envoyée à mon père et ma sœur pour vérifier qu'ils étaient à l'aise. Les deux m'ont dit que ça ferait du bien aux gens qui connaissent le même genre de maladie. 

As-tu eu beaucoup de témoignages du public depuis la sortie de la pièce ?

Énormément. Je savais que ça serait le cas, parce que l'Alzheimer fait de plus en plus de victimes. C'est ce qu'on appelle un deuil blanc, parce que c'est une maladie où l'on voit la personne s'effacer tranquillement, mais toujours rester la même. On voit des changements au quotidien et ça fait mal. Ça a trouvé écho chez beaucoup de gens.  

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Est-ce que le diagnostic de ta mère a changé ta façon de mener ta propre vie ?

Il faut savoir que depuis mon enfance, je suis très conscient de la mort. Je ne bois pas d'alcool, je n'ai jamais pris de drogue, je fais du sport, je voyage énormément, j'écris, je crée, justement parce que je suis en réaction à ce sentiment d'urgence. Avec ce que ma mère a vécu, c'est comme si, tout d'un coup, c'était vrai. C'est devenu concret. J'ai toujours été à la fois un idéaliste romantico-pathétique et un grand cérébral très lucide. Quand le diagnostic est arrivé, c'est le romantico-pathétique qui en a pris plein la gueule.

« C'est probablement une des plus grandes tristesses que j'aurai eues dans ma vie »

Quelle était ta démarche pour cet album destiné aux « cœurs abîmés » ?

Il y a plusieurs pièces que j'avais écrites pendant la pandémie en voulant faire des clins d'œil aux grandes personnalités de la chanson. Je pense que je fais des chansons françaises plus françaises que ce que les Français osent faire! On dirait qu'ils ont plein de préjugés qui les stoppent dans leur processus, et moi je n'en ai pas. J'ai donc décidé d'aller piger dans ces morceaux que j'avais écrits en pensant à d'autres chanteurs et chanteuses pour en faire un album. Avec toute l'arrogance que ça implique: ce sont les plus grandes chansons que j'ai faites de ma vie. J'ai tiré sur les bonnes cordes pour susciter en France un intérêt comme je n'en avais jamais eu là-bas. 

Ta série de spectacles Chansons hivernales est de retour, cette fois en compagnie de LUMIÈRE, Debbie Lynch-White et Guylaine Tremblay qui vont chanter avec toi. À quoi peut-on s'attendre?

Mon but, c'est de mettre de l'avant des talents connus et moins connus, comme Étienne Côté, qui est batteur dans le groupe Bon Enfant et qui a lancé son projet solo sous le nom LUMIÈRE. Debbie et Guylaine, qui vont alterner, ont toutes les deux une carrière très pop tout en étant branchées sur des projets assez expérimentaux. Ça donne un spectacle avec des moments extrêmement touchants. Ça va de Paul et Paul à Gilles Vigneault ! C'est pour tout le monde, même pour ceux qui ont toujours haï Noël.


L’album Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé sortira le 24 janvier, et la tournée débutera le 14 février.

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Pierre Lapointe sera également professeur à Star Académie à l’hiver 2025. 

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