Culture

Sans refuge, un livre de Maryse Andraos : la vie mode d’emploi

Maryse Andraos remportait en 2018 le Prix de la nouvelle Radio-Canada pour Sans refuge. Elle reprend ce titre pour son premier roman, une vraie réussite !

L’histoire

livre sans refugeLa longue marche d’une fille vers soi. Elle traverse tristement son adolescence dans une banlieue anonyme, à la remorque de camarades plus délurés qu’elle suit sans vraiment y prendre plaisir. Puis, c’est l’arrivée en ville, les grèves et les études – toutes décevantes –, les amitiés fidèles, les amours transitoires. La jeune femme baigne dans une vie communautaire vibrante où l’on partage tout: hasch, pain, alcool, sexe. Mais toujours ce sentiment de flottement, une hésitation avant d’entrer chez les adultes…

Les personnages

Naïma, pivot de l’histoire autour de qui gravitent les autres. A grandi auprès d’une mère immigrante dépassée par la lutte au quotidien, dans une famille monoparentale, le père ayant déserté le foyer. Artiste, Naïma aura du mal « à concilier [ses] désirs avec la réalité ». Delphine, amie si proche, toutes deux « filles terribles de la banlieue ». Après des années de militantisme et de liberté débridée, virage radical. Retour en banlieue avec Simon, l’amoureux de ces temps fous. Delphine, maman d’un « petit être ravissant et exigeant », se sent « emmurée dans un noyau impénétrable hors duquel tout le reste semble dérisoire ». Il y a aussi la constellation des amours et des amitiés. Nathan, évanescent, ou encore la généreuse Ariane. Se greffent également des figures tutélaires, parents, psys, patrons, profs, censés indiquer la voie… Et les paysages – Îles-de-la-Madeleine, Islande – éclatants de beauté.

On lira

Portrait d’une fille attachante bourrée de contradictions, stoppée dans ses élans par un sentiment névrotique d’aliénation, qui semble être un héritage familial. Portrait d’adolescents ruant dans les contraintes que l’étroite vie banlieusarde leur impose. Portrait aussi d’une époque où les certitudes ancestrales sont remises en cause. Des images fortes, une écriture précise et délicate qui allie l’intime et le politique, traduisant l’air du temps.

L’autrice

Photo : Cheval d’août éditeur/Justine Latour

Maryse Andraos
Née en 1988 à Saint-Bruno-de-Montarville. Père égyptien et mère québécoise. Études en création littéraire à l’UQAM. Publications dans plusieurs revues et collectifs féministes, dont l’Agenda des femmes. Est aujourd’hui éditrice et réviseure aux Éditions du remue-ménage. Le Prix de la nouvelle Radio-Canada 2018 a encouragé Maryse Andraos à s’atteler à ce roman. « Ça m’a convaincue que ça valait la peine d’explorer cet univers », confie-t-elle en entretien. Univers de la banlieue qu’elle connaît bien. « La banlieue, ce lieu rêvé où nature et ville se réunissent, où n’était pas prévue la révolte des adolescents qui y étouffent. » Plus tard, ils croiseront d’autres embûches… « Rien n’est permanent », conclut sagement la jeune écrivaine.

Sans refuge, Le Cheval d’août, 144 pages, en librairie le 27 mai

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