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Voyages et escapades

2 jours à Lyon

Séjour éclair dans la légendaire capitale mondiale de la gastronomie.
Par Nicole Labbé | Photos: Angus McRitchie

Le bouchon, bistro typiquement lyonnais, est une institution. Y manger figure dans la liste des « choses à faire dans la vie » de tout foodie qui se respecte.

La cuisine y est roborative (en d’autres mots, grasse et gargantuesque), du genre quenelles de brochet dans une sauce onctueuse, cervelle de canut (à base de fromage blanc et crème fraîche) et tablier de sapeur (panse de porc frite). Ça peut faire peur…

Pas de panique ! Dans un ­bouchon bien choisi, le repas se révélera non seulement copieux, mais savoureux. Un peu vieille France, c’est certain, d’autant plus que les lieux affichent boiseries, nappes à carreaux et tout le tralala. Mais cela participe au charme vintage de l’expérience.

2 jours à Lyon

2 jours à Lyon

Comment trouver l’endroit où poser ses fesses et faire bombance dans une ville comptant quelque 1 500 restaurants mais, selon les connaisseurs, pas plus d’une vingtaine de « vrais bons bouchons » ? En s’informant auprès des gones, comme on surnomme les habitants de la ville.

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Pour ma part, j’ai profité entre autres des con­seils de l’aimable concierge de la Cour des loges (hôtel cinq étoiles, dont le café-­épicerie est accessible à toutes les bourses), un Lyonnais, ou plutôt un Croix-Roussien, passionné de gastronomie.

Le lendemain de cette rencontre, je pousse donc la porte du Café des fédérations. Le proprio m’accueille avec le traditionnel «pot de vin», demi-litre de beaujolais rouge, et une assiette de grattons. «Des oreilles de crisse !» me lance-t-il, fier de sa boutade, avant de confier qu’il a fait équipe avec Martin Picard, chef du Pied de cochon, au festival Montréal en lumière il y a 10 ans. 

Il n’a pas tort : les grattons évoquent nos bouchées de lard frites. Et, à bien y penser, la cuisine québécoise d’antan, redevenue populaire, a quelques airs de parenté avec celle des bouchons.

Deux autres sug­gestions : Chez Hugon et Restaurant Daniel et Denise.

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2 jours à Lyon

Choyé du point de vue agroalimentaire en raison de sa situation géographique et animé par la présence de nombreux chefs, Lyon garde son pouvoir d’attraction –– même si le paysage de la restauration a pas mal changé au cours des dernières décennies en France, comme d’ailleurs sur tous les continents.

Pour goûter cette ville, 48 heures c’est peu, mais quand même suffisant pour s’offrir quatre activités essentielles. Du moins à mes yeux !

2 jours à LyonLe charcutier Pierre-Marie Anselme au marché de la Croix-Rousse.

Fureter dans un marché extérieur, tel est mon premier désir quand je débarque dans un coin de France que je ne connais pas. Parmi les quelques marchés lyonnais, mon choix : celui de la Croix-Rousse, installé sur la colline du même nom.

Je prends le départ de la place des Terreaux, lieu de rencontre bordé de cafés au cœur de la ville, emprunte le métro juste à côté et, deux stations plus loin, m’y voilà. « Qu’il est bon ! Qu’il est bon le jambon maison ! », « Manger du boudin, ça éloigne du médecin ! » Les marchands redoublent d’ardeur en voyant ma gueule réjouie de touriste, me proposent des « joyeuses » (testicules d’agneau) et des jésus de Lyon (saucissons emmaillotés et, disent-ils, bons comme le ciel).

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Mais ce sont les poulets de Bresse – en train de cuire lentement tandis que leur jus goutte sur des pommes de terre – qui me font saliver. Ces volailles au pedigree exceptionnel sont les seules à posséder une appellation d’origine contrôlée. Dans les grandes rôtissoires qui déversent leur parfum tout autour, elles me semblent simplement… délectables.

2 jours à LyonBasilique Notre-Dame de Fourvière. Photo: Pixabay

C’est par les petites rues que je descends ensuite les pentes de la Croix-Rousse. Ici et là, des places offrent aux marcheurs quelques bancs et une vue imprenable sur Lyon. Le plan de la vieille ville se dessine grandeur nature sous mes yeux. Deux cours d’eau – le Rhône et la Saône –, entre lesquels s’étire la Presqu’île, quartier ­central animé jour et nuit.

Juste à côté, le Vieux-Lyon adossé à la colline de Fourvière, elle-même coiffée de sa basilique et baptisée « la colline qui prie ». À l’opposé, la Croix-Rousse, où s’activaient les ouvriers de la soie qui ont marqué l’histoire de la cité, était « la colline qui travaille ». Aujourd’hui, le quartier se transforme ; il abrite des artistes qui y installent ateliers et boutiques branchées.

Les escaliers et les montées du Vieux-Lyon, pour leur part, accueillent tous ceux qui veulent s’y aventurer. Appuyés au flanc de la colline de Fourvière, ils permettent de la grimper, tout en offrant de jolis points de vue.

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Les visiteurs au mollet fatigué (comme moi) préféreront recourir à « la ficelle », ainsi qu’on appelle le funiculaire. Quelques minutes et je débarque au sommet de la colline, à quelques pas de la basilique. L’esplanade procure une vue panoramique (et, oui, la Croix-Rousse est en face). Un peu plus loin, des vestiges gallo-romains témoignent de l’âge vénérable de la ville.

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Dans la Presqu’île, où foisonnent bouchons et boutiques, plusieurs rues et places piétonnes appellent à la flânerie (et au magasinage…). L’ancienne ville n’est pas très étendue et je peux me déplacer d’un point touristique à un autre sans trop m’esquinter.

Faire un brin de shopping au Printemps, rue de la République, avant d’aller admirer quelques-unes des fresques murales sur les quais de la Saône. Puis franchir la rivière en empruntant l’une des passerelles réservées aux marcheurs et aux cyclistes. Et aboutir dans le Vieux-Lyon.

Le secteur grouille d’étudiants et de visiteurs. Les uns prennent un pot. Les autres, nez en l’air, admirent les détails architecturaux du Moyen Âge et de la Renaissance. Et dire que l’endroit a failli être rasé dans les années 1960 parce que les élus municipaux en avaient assez de ce coin mal famé. Sauvé par le ministre des Affaires culturelles de l’époque, André Malraux, le Vieux-Lyon, magnifiquement restauré, est aujourd’hui inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, avec le reste de la partie historique de la ville.

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2 jours à Lyon

Après un arrêt au sympathique bistro Le Baràgones (besoin d’un verre et d’une pause pour mes pieds), je suis d’attaque pour parcourir les trois quartiers du Vieux-Lyon – Saint-Paul, Saint-Jean et Saint-Georges. Ruelles pavées, façades ocre, placettes invitantes… Des restaurateurs, des bouquinistes et des marchands de souvenirs rappellent que Guignol de même que les frères Lumière sont originaires d’ici.

C’est entre la rue Saint-Jean et la rue du Bœuf que je traverse l’une des plus longues traboules de la ville. Ces centaines de passages pratiqués à travers des immeubles permettaient aux canuts (les ouvriers-tisserands) de transporter les soieries à l’abri des intempéries et de gagner du temps en « coupant » entre deux rues. Si certains sont ouverts au public, plusieurs restent privés, malgré la plaquette qui les identifie. Mieux vaut ne pas tenter de trabouler dans ces derniers en profitant de l’arrivée d’un occupant. On risque de se buter au final sur une porte verrouillée. Je l’ai vécu.

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Sur la photo de gauche, un ouvrage typiquement lyonnais : les traboules, des raccourcis aménagés dans les pâtés de maisons. À droite, les fresques murales en trompe-l’œil.

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Un autre marché ? Évidemment ! Impossible de ne pas réserver ne serait-ce qu’un court moment aux Halles, surtout si on a la fibre gourmande.

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Construites en 1859 pour offrir un toit aux fermiers et aux maraîchers, elles nichent maintenant dans le quartier de la Part-Dieu, côté « nouvelle ville », où se trouvent des tours contemporaines, un immense centre commercial et la gare du TGV. (Lyon n’est pas qu’une vieille cité.) L’édifice des Halles est dans le ton. Sa façade moderne, froide, me surprend et me déçoit un peu (on n’a plus les marchés qu’on avait !).

Mais la nostalgie s’envole quand, à l’intérieur, je découvre les splendeurs étalées derrière les vitrines. Fruits de mer dodus, fromages du pays à la croûte duveteuse, pâtisseries lustrées comme des bijoux. C’est un chapelet d’épiceries fines, de boucheries de renom et autres enseignes prestigieuses. Ce fameux marché est « le poumon de la gastronomie lyonnaise », m’avait affirmé un Montréalais natif de Lyon.

Dans une ville où brillent le plus grand nombre d’étoiles Michelin en France, après Paris, plusieurs chefs y ont leurs fournisseurs. Depuis une cure de beauté en 2006, les Halles portent le nom du plus grand d’entre eux, Paul Bocuse, décédé plus tôt cette année. Ô surprise, j’aperçois la reine Colette Sibilia, dite Coco. Figure emblématique de la charcuterie Sibilia, adorée des foodies d’ici pour sa gentillesse et son humour, elle rayonne au milieu des rosettes et des saucissons, mise en plis et rouge à lèvres impeccables, comme toujours.

2 jours à Lyon

Si je logeais plus longtemps à Lyon, je ferais provision de ses illustres cochonnailles.

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Chez les traiteurs des Halles, j’achèterais des plats prêts à réchauffer pour reproduire un repas de style bouchon : andouillettes, cervelas, quenelles sauce Nantua (crème, écrevisses)… Chez le fromager, je prendrais un saint-marcellin et, à la pâtisserie Sève, une tarte à la praline rose. Beau projet pour une prochaine visite ! Car je pars demain.

En sortant des Halles, je m’arrêterai plutôt à l’une des nombreuses boutiques Voisin. J’y prendrai les fameux coussins de Lyon, des carrés de pâte d’amande verte fourrés de ganache de chocolat. Avec cela dans mes bagages, j’aurai la preuve que j’ai bel et bien visité cette renommée capitale de la gastronomie.

Deux sites pour des adresses sympas : faimdelyon.com et mylittlelyon.fr

2 jours à Lyon

Mes deux questions aux Lyonnais

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Où sont les femmes ?  On dirait qu’on ne voit que des hommes aux fourneaux. Pourtant, les mères lyonnaises sont à l’origine des bouchons. Paul Bocuse a fait ses classes chez la plus connue, la mère Brazier. On m’a parlé du Bouchon des Filles, ouvert par deux anciennes du Café des fédérations (mais… le chef est un gars !). On m’a aussi vanté les plats de Moustache, resto-traiteur moderne créé par deux femmes de chef. Enfin, il y a le Café du peintre, tenu par Florence Périer. Voilà celle qui perpétue la tradition.

Où sortez-vous ?  Ma conclusion : les berges du Rhône et leurs péniches-bars attirent une faune jeune ; la Mercière, ruelle pavée et flanquée de restos, semble un classique ; la Confluence, projet d’écoquartier dans une ancienne zone industrielle, serait appelée à devenir une sorte de Griffintown.

Ce texte est une mise à jour d’un reportage publié le 5 juin 2014.

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