J’ai été surprise par la dernière livraison du magazine L’actualité qui traite de la tendance végétarienne ou flexitarienne qu’on peut observer depuis quelque temps. Une goutte d’eau dans l’océan mais qui en dit long sur ce mouvement qui commence à percer la barrière d’un des derniers retranchements de la virilité et des mentalités conditionnées par des millénaires de survie, de chasse et de pêche.
Aparté. Fallait entendre ce matin, le mari moins tout neuf (et non moins très viril) m’énumérer la liste de ce qu’il allait me cuisiner cette fin de semaine après son cours de végé extrême de lundi soir dernier: du tempeh (soja fermenté), du kale avec vinaigrette au miso, des cretons de lentilles, de l’agar-agar au coulis de fraises. Je ne peux pas dire que je partage son enthousiasme « extrême » mais je suis heureuse de le voir s’intéresser à tous ces produits. On est ce qu’on mange et depuis un an, notre cuisine est plus variée et créative que jamais. Je me demande si j’ai répété une seule recette deux fois. J’exagère à peine.
Dominique, la jeune femme qui leur enseigne, est diététiste et végétalienne, se balade dans les hôpitaux avec un régime de 12 jours qui fait baisser le diabète de façon spectaculaire. Une pure, qui croit à son affaire, mais n’essaie d’enrôler personne. Par contre, pour changer les habitudes, c’est la galère. Même le sempiternel Jell-O d’hôpital semble indélogeable, préparé avec de la gélatine (carcasses d’animaux) du colorant et du sucre. Un super aliment pour se remettre d’une opération! Mais c’est un autre sujet. Nous sommes plusieurs à avoir mis sur pied une popote roulante de survie pour le jour où nous serons alités à l’hôpital et qu’on essaiera de nous a-che-ver avec des tranches de dinde en sauce brune, des haricots bruns en boîte et de la purée en flocons.
Pour revenir au magazine L’actualité et son dossier « sans viande », je crois qu’il en réveillera quelques-uns sur la dimension écologique, éthique, économique et diététique du sujet même si on y sent une retenue « objective » bien dosée.
Reste que le hamburger fait partie des cinq aliments les plus consommés dans les restos au Canada. Reste qu’on assiste à une augmentation de 50% de la consommation de protéines animales dans les économies émergentes où les pauvres d’antan passent dans la classe moyenne.
Pour finir, l’entrevue avec le directeur de l’Organisation mondiale de la santé animale, Bernard Vallat, est très intéressante et on y apprend que les 250 millions d’animaux de trait (qui finissent par être mangés) produisent moins de gaz à effet de serre que les tracteurs qui les remplaceraient.
Cela dit, avant que tout le monde adopte le tempeh, le kale et le miso, les poules ont le temps d’avoir des dents et les veaux de porter des boucles d’oreilles.