Chroniques

La femme est un homme comme les autres

Quand un écrivain raconte son histoire familiale, il s’agit d’un récit humaniste universel. Une écrivaine fait la même chose, on parle de l’écriture intime.

Photo: iStock.com / gilaxia

Michelle Obama était de passage au centre Bell à Montréal le 3 mai dernier, où elle s’est exprimée devant une foule de 15 000 personnes, principalement des femmes. Elle y a raconté son parcours de vie. Il s’agissait de sa deuxième conférence en trois mois dans la métropole.

Lorsque son mari, l’ex-président américain Barack Obama, prononce le même type de conférence, il le fait devant des publics mixtes, composés d’hommes et de femmes. C’était le cas à Montréal il y a deux ans. Mais pas Michelle. Elle attire des foules très largement féminines, avec quelques rares hommes disséminés dans le public.

Vous me direz que les choses seraient probablement différentes si Mme Obama était elle-même une ex-présidente des États-Unis. Peut-être. Mais permettez-moi d’en douter. En 2017, quand l’ex-candidate démocrate à l’élection présidentielle de l’année précédente (ce n’est tout de même pas rien!) Hillary Clinton, est venue à Montréal, nous étions, encore une fois, une vaste, une écrasante majorité de femmes dans l’auditoire.

Pourquoi ce blogue s’appelle-t-il «Féminin universel»?

Je vous ramène au nom de ce blogue, que me confie gentiment la rédaction du magazine Châtelaine depuis l’automne 2017. «Féminin universel». Qu’est-ce que ça signifie? Pourquoi avoir-je choisi d’intituler mon blogue ainsi?

Quand un écrivain raconte son histoire familiale, il s’agit d’un récit humaniste, universel. Une écrivaine fait la même chose, on parle de l’écriture intime, de l’écriture de soi.

Les «affaires féminines», la «condition féminine»: la majorité des hommes et des politiciens semblent considérer que cela ne concerne que les femmes.

Dans la langue française, le masculin l’emporte sur le féminin. Le masculin englobe l’universel. Le féminin ne concerne que le particulier.

La ghettoïsation des femmes

Plus tôt cette année, en prévision de la Journée internationale des droits des femmes, j’ai interviewé quelques personnalités en vue de faire un état des lieux du féminisme en 2019. À toutes, j’ai demandé ce qu’elles souhaitaient voir advenir de leur vivant.

Voici ce que l’une d’elles, la journaliste indépendante et militante contre la grossophobie Gabrielle Lisa Collard, m’a répondu: «Je voudrais que les enjeux vécus par les femmes ne soient plus vus comme particuliers ou minoritaires. Les femmes ne forment pas un groupuscule obscur!».

Que je comprends sa colère, son exaspération! Oui, l’égalité sera réellement atteinte quand la parole, les œuvres, le travail, les préoccupations, les désirs, les rêves et les ambitions des femmes seront considérés comme légitimes, pertinents et universels, au même titre que ceux des hommes.

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Marilyse Hamelin est journaliste indépendante, chroniqueuse et conférencière. Elle pilote les magazines culturels Nous sommes la ville ainsi que Festival Vue sur la relève, regard sur les artistes, à l’antenne de MAtv. Elle blogue également pour la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et est l’auteure de l’essai Maternité, la face cachée du sexisme (Leméac éditeur), dont la version anglaise – MOTHERHOOD, The Mother of All Sexism (Baraka Books) – vient d’être publiée.

Les opinions émises dans cet article n’engagent que l’auteure et ne reflètent pas nécessairement celles de Châtelaine.

À lire aussi: Pourquoi l’histoire oublie-t-elle les femmes?

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