Prochain arrêt je débarque

Encore des jobs

Ça pleurait dans les corridors de Radio-Canada la semaine dernière. Aujourd’hui, ce sont les fonctionnaires qui recevront leurs avis de « décès » social.

Je déteste avoir raison (parfois). Mais quand une médecin m’écrit après avoir lu mon article  sur les pertes d’emplois (et de statut social) et confirme ce que je vois et ce que je sens tout en ironisant pour faire passer la pilule, ça me rend toute chose.

« Je suis médecin de famille depuis 30 ans.
Votre chronique est vraiment très juste.

Depuis janvier, j’ai mis cinq patientes en congé de maladie. Avec référence en psychologie et prescription d’antidépresseurs et de somnifères.

Les cinq étaient des « toughs »qui n’étaient pas les premières à tomber dans leur service.

Dr.G »

Aujourd’hui, la semaine prochaine, après les compressions à Radio-Canada, l’ONF et dans les différents ministères, Dr G aura probablement d’autres ordonnances à remplir. Des gens pleuraient dans les corridors et s’évanouissaient (!) lors des annonces de mise à pied la semaine dernière et cette semaine, tant à Radio-Canada que dans la fonction publique.

Lu à mon retour, ce texte de ma collègue Caroline Montpetit sur le livre du sociologue Marcelo Otero, L’ombre portée, un essai qui traite de la dépression mais que le sociologue lie au monde du travail. Il n’y va pas de main morte lorsqu’il parle des dépressions qui sont à 80% soignées par antidépresseurs. Ça fait l’affaire de tout le monde, surtout des compagnies d’assurances qui « exigent » des traitements aux petites pilules et un retour au travail le plus rapide possible. Quand le travail en question existe encore…

Extrait: 
«Si vous ne travaillez pas, dans la société dans laquelle on vit, vous êtes mal pris, vous n’existez pas. Le travail n’est pas un gage de santé, c’est un gage d’existence», constate-t-il.

Et dans le monde du travail, on n’a pas de limites, on est donc toujours à risque d’en faire un peu trop, et de se brûler les ailes. «Je ne sais pas à quel moment je suis bon, à quel moment je suis le meilleur et quelles sont mes limites», dit-il. Jusqu’au jour où l’on craque, épuisé, vidé, incapable d’agir, happé par une dépression qui est l’incarnation vivante de la contre-performance sociale, de ce qu’«on ne veut surtout pas être», c’est-à-dire arrêté.

Sur l’autel de la performance, sacrifions-nous. L’exemple vient de haut.

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Un autel pascal à San Miguel de Allende, au Mexique

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