Blogue La course et la vie

Le son du silence

Apprendre à laisser son mammouth à la maison.

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Geneviève Lefebvre

On parlait de coach l’autre jour… l’un d’eux, Peter Korsos, m’a appris un truc.

Essentiel, facile et simple. Un truc qui permet de corriger instantanément une foulée qui attaque trop du talon, une posture mal alignée, une dépense d’énergie inutile.

Il m’a dit « quand tu cours, il ne faut pas qu’on t’entende ».

Donc, je raconte pas ma vie, c’est ça?

Il a rigolé.

« Non, enlève tes écouteurs, coupe la musique et écoute-toi courir. »

Exercice concluant.

BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM.

Je courrais comme un mammouth poids lourd (et avec la même grâce…).

En dehors de l’aspect « comique burlesque » d’une foulée bruyante, j’ai appris plusieurs choses. Dès qu’on fait du bruit, c’est que la foulée est trop lourde et qu’elle nous freine plutôt que de nous propulser.  Et comme les impacts sont plus grands, on augmente les risques de blessures.

On a donc tout intérêt à écouter le « son du silence ».

Pour éviter de faire du bruit en courant – et ainsi devenir le chasseur à l’affût, la gazelle qui s’enfuit devant le maudit chasseur et l’Apache sur le sentier de la guerre (c’est-à-dire en direction de l’épicerie) – il m’a fallu alléger ma foulée. Penser à tirer sur mes pieds et à les laisser se déposer tout seuls sur le sol, dans un élan naturel qui ne force rien.

L’assistant de Peter, un jeune anglophone très patient nommé Adam, courait à mes côtés et répétait d’une voix douce, comme un mantra ; « Quiet, quiet ».

J’ai eu du mal. Je ne suis pas toujours « gracieuse », mais chaque fois que je sens ma foulée redevenir pesante et laborieuse, je tends l’oreille.

Invariablement, je fais du bruit. BOUM, BOUM, BOUM. Alors que je dois viser le furtif « tou’ tou’ tou’ ».

Je sais, vous êtes pliés en deux devant mes onomatopées, mais essayez pour voir!

C’est magique.

Avec les battements de mon cœur et mon souffle pour seule bande sonore, j’essaie de laisser le mammouth à la maison et de trouver mon Apache intérieur.  Quelques fois, quand la fatigue s’installe, j’entends la voix d’Adam qui me chuchote à l’oreille ; « Quiet, quiet ».

Non seulement je cours mieux, mais dans un monde de bruit où il semble que le vacarme soit devenu un impératif pour prouver qu’on existe,  j’ai redécouvert la puissance du silence.

Et je me dis que ceux qu’on n’entend pas arriver ont toujours une longueur d’avance…

Istockphoto

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