Blogue La course et la vie

Mythe : la distance n’a pas d’importance

Pourquoi s’arrêter quand ça commence enfin à être plus facile?

L'auteure, Geneviève Lefebvre

L’auteure, Geneviève Lefebvre

La distance n’a pas d’importance?!

Bouillie pour les chats.

La dernière fois que cette phrase a été prononcée avec sérieux, c’est en 1959 dans une publicité de Bell téléphone. La dame sur l’affiche portait une nappe à carreaux sur la tête, ce qui provoque un déficit instantané de crédibilité si vous voulez mon avis.

La distance a de l’importance.

Et pour chacune de nos courses en plus, qu’on sorte pour cent mètres ou pour cent kilomètres (oui, il y a des fougueux extrémistes qui courent des 100 kilomètres, on les appelle des « ultra marathoniens » et ils ont tous le même regard de savant fou. Un jour, si vous êtes sages, je vous parlerai de Patrice Godin).

Mais revenons à notre mythe.

Régulièrement, y’a quelqu’un qui compare ses « petites » distances avec les longues de quelqu’un d’autre.

Régulièrement, y’a quelqu’un qui se trouve moins bon parce qu’il court « juste » trois, quatre, ou cinq kilomètres.

Et là, il y a quelqu’un de bien intentionné qui prononce cette phrase célèbre de l’histoire du téléphone: « La distance n’a pas d’importance ».

Bouillie pour les chats (bis).

Ce dont les coureurs de « petites » distances – ou ceux qui n’ont pas encore franchi la frontière du far-west – ne se rendent absolument pas compte, c’est que quoi que tu fasses, peu importe le nombre de kilomètres que tu cours, c’est TOUJOURS les cinq premiers kilomètres qui sont les plus difficiles.

Ah boooon? Ben oui, toi. Les cinq premiers.

On se disait ça avec mon ami Christian, qui vient de courir son quatrième marathon et qui connait bien le far-west. Les cinq premiers kilomètres sont pénibles, tout croches, malhabiles, difficiles. Le corps est empoté, il refuse, il se braque, il veut retourner dans le divan. Chaque fois, tu te dis « mais qu’est-ce que je fais là, alors que Will Gardner vient de découvrir qu’Alicia quitte la firme pour fonder son propre cabinet dans « The Good Wife »?

Et puis, il y a une sorte de déclic vers le sixième ou le septième kilomètre.

Le corps « se place » et prend ses aises, plus fluide de foulée, plus confortable de souffle, enfin parti « sur son air d’aller ».  Comme s’il acceptait la mission qu’on lui a confiée. Tu veux me faire courir? D’accord, on va voir ce qu’on va voir, et attache ta tuque, je vais te montrer de quoi je suis capable.

Et le voilà parti (quasiment) pas arrêtable.

Notre logique, imparable, c’est donc de se dire que tant qu’à avoir souffert le plus pénible sur les cinq premiers kilomètres, on serait ben fous de s’arrêter quand ça commence enfin à être plus facile!

Qu’on se le dise, le Graal est là, tout de suite après le cinquième kilomètre. Il suffit de tenir bon et d’avoir envie de découvrir le far-west.

Calamity Janes et autres Wild Bill Hickok de ce monde, à vos runnings! Rock on et à l’attaque de l’Ouest!

Photo : Istockphoto

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