Philippe Garon
1. Géant : 800 questions / 800 réponses – Collectif
J’aurais aussi pu évoquer Astérix et Cléopâtre, La ballade des Dalton, Un bon exemple d’honnêteté : Confucius raconté aux enfants, voire le magazine Croc. Car la clé de l’entrée dans le monde des mots et des idées, c’est l’image. Dans mon cas, la curiosité encyclopédique s’est imposée très tôt.
2. Le gouffre maudit – Joe Dever et Gary Chalk
Pour les gars de ma génération, les « livres dont vous êtes le héros » furent des lectures déterminantes. Ces jeux d’aventures m’ont incité à entreprendre un pastiche, pour le fun. Une première tentative d’écriture inachevée.
3. La Bible
Même si je suis athée, j’ai grandi dans la foi catholique et je m’inscris dans une société modelée par ses fondements chrétiens jusque dans les recoins les plus intimes de sa culture. Pour moi, les valeurs véhiculées par le Nouveau Testament demeurent cardinales et, quand mon fils me pose des questions sur Jésus, je ne peux faire autrement que de lui dire que c’était un bon gars. Je fréquente maintenant peu les Saintes Écritures. Mais remettre le doigt sur des passages comme Le Cantique des cantiques et les versets où le Christ « pète sa coche » contre les pharisiens, par exemple, ça m’inspire encore de la réflexion.
4. La République – Platon
Je ne l’ai jamais lu au complet. Mais la découverte de l’allégorie de la caverne, grâce à mon premier prof de philo, fut ma seconde naissance.
5. Le Monde selon Garp – John Irving
Ce livre m’a poussé à vouloir devenir auteur.
France Giguère
Dur, dur de choisir ! Ce sont des livres que j’ai relus ou que je relirais sans ordre de préférence. Mais il y en a beaucoup d’autres. J’ai opté pour des titres accessibles à tous.
1. Mémoires d’Hadrien – Marguerite Yourcenar
Il y a 30 ans, la plume magnifique de cette grande dame de la littérature, qui se met dans la peau de l’empereur romain Hadrien, m’avait fortement impressionnée. Pour ceux qui aiment l’histoire.
2. Les Chroniques du Plateau Mont-Royal – Michel Tremblay
Parce que c’est Montréal, parce que c’est nous à une époque charnière de notre histoire.
3. Comment devenir un monstre – Jean Barbe
Un roman intelligent et finement mené sur la façon dont la guerre peut transformer l’homme en monstre. Toujours d’actualité avec tous les conflits qui continuent de sévir.
4. Le quatuor d’Alexandrie – Lawrence Durrell
J’ai beaucoup aimé cette histoire d’amour racontée sous différents angles selon les personnages, dans quatre tomes différents.
5. La trilogie de Cornish – Robertson Davies
C’est un auteur canadien qui a écrit cette merveilleuse saga pleine de finesse et d’intelligence se déroulant dans le monde des arts.
Émilie Côté
1. Annabelle – Marie Laberge
Livre culte de mon adolescence que j’ai relu une fois par année jusqu’à mes 20 ans. L’histoire extrêmement touchante de cette jeune fille m’a habitée pendant longtemps.
2. Le sourire de la petite juive – Abla Farhoud
Ce roman lumineux m’a émue par sa beauté et sa simplicité. Il est arrivé dans ma vie à un moment où j’avais besoin de cela : de tendresse, d’ouverture aux différences, sans drame.
3. La vie devant soi – Romain Gary (Émile Ajar)
Quelle belle leçon de vie pour moi : la candeur de Momo à travers les difficultés de sa vie, la tendresse de l’histoire... La plus belle lecture obligatoire que j’aie eue.
4. La part de l’autre – Éric-Emmanuel Schmitt
Ce livre m’a amenée à longuement réfléchir sur ce qu’est l’être humain et sur ce qui le forge. Impossible de décrire les sentiments ressentis à sa lecture qui m’a mis en plein visage mes propres ambiguïtés.
5. Le chardon et le tartan – Diana Gabaldon
Cette saga historique m’a accompagnée pendant longtemps, vu la quantité de tomes qui la composent. Malgré son romantisme fleur bleue, les personnages, les descriptions de l'Écosse de l'époque et les intrigues m’ont transportée… Un vrai divertissement !
Gabrielle Paquette
Mes choix de lecture ont été grandement influencés par ma mère. Les livres qui m’ont marquée (il y en a bien plus que cinq) refont surface de manière récurrente dans ma vie.
1. Les rois maudits – Maurice Druon
J’ai dévoré les sept tomes une première fois à l’âge de 15 ans. Depuis, je les relis régulièrement. J’aime approcher l’histoire et m’y plonger à travers des intrigues qui mettent en scène des personnages parfois attachants, souvent tordus, mais toujours fascinants. J’ai un faible pour Le roi de fer, tome 1 de la série.
2. L’œuvre de Dieu, la part du Diable – John Irving
Une brique dévorée en une seule nuit, qui m’a bouleversée au début de la vingtaine. Une écriture sensible, un personnage (le docteur Larch) profondément humain, dans ses forces comme dans ses faiblesses.
3. Rubrique-à-brac – Gotlib
À six ou sept ans, je lisais les albums en cachette dans le sous-sol de ma grand-mère. Je ne comprenais pas grand-chose, mais les dessins me fascinaient. Mon amour de la BD s’est développé à partir de ce moment-là. J’ai découvert autre chose depuis, mais je reviens toujours à Gotlib, à ses personnages loufoques et à son humour grinçant. J’ai hâte de le faire découvrir à mon fils.
4. La grosse femme d’à côté est enceinte – Michel Tremblay
Première rencontre tardive avec Michel Tremblay, les longues périodes d’attente entre deux cours au cégep Lionel-Groulx. Chaise inconfortable de la cafétéria, mais émotion immense en découvrant les personnages de la rue Marquette. Une autre lecture récurrente et familiale : j’ai mis mon nom dans le livre à côté de celui de ma grand-mère et de ma mère.
5. Les mots pour le dire – Marie Cardinal
Encore le cégep, le cours de littérature au féminin. Le rapport au père, à la sexualité, à l’enfance et au corps de la femme. Une écriture sensible, un livre coup de poing, qui me suit et me trouble encore.
Stéfannie Larichelière
1. L’insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera
Avoir 20 ans, tomber par hasard sur un roman au titre évocateur et découvrir un auteur… Ce fut Kundera ! Je me souviens de m’être plongée sans retenue dans les joies, les peines et les amours des protagonistes du roman, verre de vin et cigarette au bec (dans le temps, c’était cool de fumer !).
2. La virevolte – Nancy Huston
Trouver les bons mots pour ce petit bijou... Nancy Huston écrit des œuvres de toutes les saisons. Ce roman fut pour moi la porte d'entrée pour son œuvre. Cette Canadienne me chavire chaque fois par sa personnalité et son écriture. La virevolte est une histoire sur la croisée des chemins, sur le renoncement constructif, mais c'est surtout un éloge de la passion.
3. Seton – Jiro Taniguchi
Taniguchi réussit des coups de maître. Sa qualité première est son coup de crayon qui marie réalisme et poésie. Une narration vivante où le soleil illumine les pages. Pour moi, c’est aussi se laisser tenter par l'inoubliable. Il a marqué mon éveil au roman graphique.
4. La route – Cormac McCarthy
Quand marcher devient un acte de foi. Une survie. On tremble, car les nuits sont noires et barbares, les jours sont cendreux et dépouillés. Un roman qui laisse des traces ineffaçables. Une seule lueur d'espoir et de vie dans ce roman extraordinaire : l'amour d'un père pour son fils. J’ai le souvenir intact de ma lecture, enroulée dans une couverture, très tôt le matin… Je l’ai lu d’un trait et l’ai laissé traîner longtemps sur la table de chevet.
5. Paradis clef en main – Nelly Arcan
On y retrouve un style, un récit, une voix en sourdine qui nous rappelle ce que l'on a aimé chez cette auteure depuis le début… jusqu’à la fin. Pour moi, son décès a fait de ce roman l'unique chance de se replonger dans la tourmente lapidaire et inspirée de celle que nous avons aimée, cette femme entière qu’était Nelly Arcan. Je ne l’oublierai jamais ; elle fait partie de ma culture littéraire québécoise.
Julie Gagnon
1. Le vieil homme qui m’a appris la vie – Mitch Albom
La sagesse d’un homme devant l’inévitable, sa mort.
2. Le proscrit – Sadie Jones
Le destin tragique d’un enfant.
3. Replay – Ken Grimwood
Comment vivre sa vie plus d’une fois.
4. Le temps n’est rien – Audrey Niffenegger
La plus éternelle des histoires d’amour.
5. Les filles – Lori Lansens
Drôle, touchant, triste, révoltant et bien plus encore.
Isabelle Goupil-Sormany
Trouver cinq romans/lectures marquantes, c’est un défi. Plus j'y réfléchis, plus le défi devient terrible. Trop de bons romans... mais aussi trop de moments qui y ont été associés pour trancher. Finalement, j'ai décidé de ne pas choisir les cinq livres de ma vie, mais plutôt les cinq livres qui ont marqué une période importante de ma vie : l'année de mes 15 ans. À cette époque je dévorais un ou deux romans par semaine ! Voici donc cinq titres, entremêlés à ma vie et aux titres voisins qui les accompagnent souvent.
1. L’insoutenable légèreté de l'être ET L’immortalité – Milan Kundera
J'avais donc 15 ans, je faisais des allers-retours entre Paris et Montréal, en raison d'une garde partagée particulière. Cette année-là, j'ai découvert L’insoutenable légèreté de l'être... qui m’a amenée à lire L’immortalité, du même auteur, œuvre 100 fois plus puissante à mes yeux (à l'époque, je ne m’intéressais pas encore beaucoup à la politique, trop présente dans le premier titre). Ce livre avait tout pour plaire à l'adolescente que j'étais : l'auteur nous écrit de Paris où il rêve de crever les pneus des voitures qui l'énervent (moi aussi d'ailleurs). Il nous décrit aussi admirablement bien ces rencontres entre des philosophes de tous les temps. Finalement, il y a cette histoire d'amour plus que parfaite, mais ô combien triste, qui se dessine entre deux amants improbables.
2. Les chroniques du Plateau Mont-Royal – La grosse femme d'à côté est enceinte – Michel Tremblay
J'habitais Paris... et j'avais quitté mon quartier d'enfance, le Plateau Mont-Royal. Quand je revenais à Montréal, c'était pour m'enfoncer dans la banlieue, où vivait ma mère. J’étais nostalgique. Les chroniques du Plateau Mont-Royal m’ont alors accompagnée. Je me retrouvais dans les rues de mon quartier. Je vibrais au rythme des personnages de cette série. J'y croyais. Et que dire du premier titre de la série : La grosse femme d'à côté est enceinte, tout y est ! C'est concret, vivant et sincère. (Même ma fille trouve le titre rigolo !)
3. Andromaque – Racine ET Antigone – Jean Anouilh
Vivre à Paris à 15 ans, c'était aussi faire des découvertes fascinantes dans une ville aux multiples couches sociales et culturelles. Comme ce cours de théâtre où j'ai appris à réciter les classiques. Première lecture du genre : Andromaque de Racine, opaque dans son écriture et d'une longueur sans fin. Pourtant, le texte m’a touchée. J’ai récité des milliers de fois l'extrait où Hermione confie sa douleur de se savoir trompée par Pyrrhus et se sent plus que jamais délaissée. Quelle horreur pour une adolescente qui rêve du grand amour ! Quelques semaines plus tard, Antigone de Jean Anouilh aura un effet similaire sur moi. J’ai alors découvert que le théâtre était beaucoup plus violent que je ne le pensais !
4. 1984 – George Orwell ET La vie devant soi – Romain Gary (Émile Ajar)
Nous étions jeunes et nous nous éveillions peu à peu aux enjeux de la société. Lire était un partage entre adolescents un brin trop sérieux pour leur âge. De petits clubs de lecture s’étaient constitués entre amis. Deux livres semblaient incontournables pour les miens. Elles deviendront mes lectures phares. D'abord 1984, de George Orwell, dont la fin me tua littéralement (pourtant le mur de Berlin venait tout juste de tomber) et Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, plus doux et facile à lire en apparence, mais ô combien plus cynique. Je me désolais de ce monde d’adultes qui ne semblait rien promettre de bon. La vie devant soi, de Romain Gary, a aussi été l'objet de ces découvertes imposées par mes amis. Je ne pouvais pas dire si le roman était bon... Je savais juste que, face au cynisme de mes précédentes lectures, il devenait l'espoir auquel je me raccrochais pour croire en un monde meilleur. Ce livre est toujours resté dans mes favoris, n’en déplaise à Pierre Foglia. (Merci à Émilie Dubreuil, toujours lectrice assidue, qui me l'avait chaudement conseillé.)
5. Le cycle de fondation – Isaac Asimov ET 2001 : L’odyssée de l’espace – Arthur C. Clarke
Arriva alors Le cycle de fondation d’Isaac Asimov. Une autre société m'était promise et j’ai été heureuse le temps des trois premiers romans. Ça se gâcha royalement dès l'arrivée du clown et je devais regretter amèrement la suite, qui me rendit encore plus cynique que je ne l’avais été après 1984 et Le meilleur des mondes... Mais les trois premiers romans de la série ont fait de moi une fan de science-fiction et une adepte du genre, que j’aime toujours. Les nouvelles d'Arthur C. Clarke ont suivi, et j’ai toujours gardé en tête celle où notre univers s'éteint lorsque les moines tibétains terminent leur décompte des étoiles. Un premier pas vers l'agnosticisme qui me caractérise de plus en plus. 2001 : L'odyssée de l'espace a aussi fait partie de cette période, comme je découvrais le film et la série qui a suivi. Les livres étaient plus clairs que le film, heureusement pour moi, encore jeune et inexpérimentée dans le langage cinématographique.
Yannick Ollassa
J’ai lu tous ces livres, sauf le dernier, à un moment charnière de ma vie, soit le passage à l’âge adulte. Ils ont pour thème commun l’identité.
1. Prochain épisode – Hubert Aquin
Sous le couvert d’un roman d’espionnage, Aquin aborde avec poésie la quête identitaire, individuelle et collective.
2. J’irai cracher sur vos tombes – Vernon Sullivan (Boris Vian)
Un roman brillamment écrit sur les tensions raciales et les injustices sociales qui en découlent. Prenant !
3. La peste – Albert Camus
Un classique sur le combat contre les injustices, qui questionne le pouvoir de l’être humain sur son destin.
4. Vamp – Christian Mistral
Un des romans phares des quadragénaires, à cause de son verbe habilement manié et de la voix qu’il nous a donnée.
5. La main d’Iman – Ryad Assani-Razaki
Un roman fantastique qui présente une perspective rarement aussi fouillée sur le drame de l’Afrique noire, les relations entre les Noirs, les Métisses et les Blancs, et sur l’émigration comme seule chance de survie.
Marielle Gamache
1. Le prince des marées – Pat Conroy
J'ai lu et relu ce roman remarquable avec, chaque fois, la même fascination. Les personnages m'ont accrochée, l'histoire m'a renversée. Mémorable.
2. Le goût du bonheur (trilogie) – Marie Laberge
J'ai adoré cette saga, pour sa référence à l'histoire du Québec, ainsi que pour ses héros et héroïnes plus grands que nature et fort inspirants.
3. Annabel – Kathleen Winter
J’ai d'abord été intriguée par le sujet : l'hermaphrodisme. J'ai été comblée par l'ensemble de l'œuvre, qui est poignante, émouvante et poétique.
4. Les parapluies du diable – Denis Monette
Ce récit troublant qui relate l'enfance de l'auteur m'a bouleversée, d'autant plus que Denis Monette est l’un de mes écrivains préférés.
5. La faute de l'abbé Mouret (série des Rougon-Macquart) – Émile Zola
C'est une histoire à la fois sombre et lumineuse que j'ai lue il y a plusieurs années. Juste pour la poésie du paradis terrestre que l'auteur dépeint et l'envoûtement total qui nous imprègne, ce livre vaut le détour.
Myriam Daguzan Bernier
Des livres qui m’ont donné l’occasion d’entrer dans l’univers des auteurs. Une fois sous le charme, je veux tout lire d’un écrivain. Alors je plonge dans l’œuvre complète.
1. Clara et la pénombre – José Carlos Somoza
Le tout premier livre qui m’a donné accès à l’univers si particulier de Somoza. L’histoire de l’art qui se mélange à une sorte de roman d’anticipation. Avec, pour trame de fond, le sujet du corps comme œuvre d’art. Fascinant.
2. 1Q84 – Haruki Murakami
J’ai commencé par cette magnifique trilogie pour aller lire ensuite ses plus anciens ouvrages. J’aime Murakami d’amour – même si sa plus récente parution m’a laissée sur ma faim. Ses ambiances étranges me fascinent.
3. Terre du roi Christian – Sylvain Trudel
Une écriture fine, un enfant qui prend la parole avec les mots et la maturité d’un adulte. Marquant.
4. L’annulaire – Yoko Ogawa
La première œuvre que j’ai lue de cette auteure fait maintenant partie de mes incontournables. Et c’est le bonheur, car elle est prolifique !
5. Trilogie new-yorkaise – Paul Auster
J’ai découvert Paul Auster avec ce livre magique. Première incursion qui m’a fait tomber amoureuse de cet écrivain dont j’ai lu presque tous les titres.
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