Marchés du monde
Marchés du monde
Guatemala - Chichicastenango
Guatemala
« Partout dans le monde, les marchés sont des lieux anthropologiques où les sociétés se révèlent. On n’y trouve pas nécessairement les recettes qui façonnent leur quotidien, mais on y découvre les aliments qui composent leur alimentation, ce qui en dit long sur les habitudes, l'environnement et l'histoire des peuples », observe Jean-Pierre Lemasson, professeur en sociologie de l'alimentation à l'UQAM. Au cœur des montagnes du Guatemala, à 2 000 mètres d'altitude, le coloré marché de Chichicastenango – ici, une partie intérieure – reste très authentique, malgré sa popularité grandissante auprès des touristes. Les tissus, les blouses brodées, les colliers, les bougies et les souvenirs y côtoient les fruits, les légumes, les épices et les plantes médicinales. Au centre du marché, des comedores (kiosques) sont tenus par des marchands d'origine maya, qui préparent, sur le grill ou dans de larges marmites, des plats chauds traditionnels.
Mexique - San Cristóbal de las Casas
Mexique
En plein cœur de la ville de San Cristóbal de las Casas, dans le sud du Mexique, un long corridor de kiosques alimentaires mène à une plus grande place, qui offre des produits variés : légumes colorés, fruits frais, poulets – parfois encore vivants – et piments de toutes sortes, du plus doux au plus épicé, qu'on trouve dans la majorité des recettes mexicaines. Dans toute la ville, c'est certainement au marché, toujours bondé, qu'il y a le plus d'action. « Les marchés sont des lieux de haute sociabilité, probablement le noeud social de bien des sociétés. De nos jours, un marché est un lieu qui vaut bien la messe », remarque Jean-Pierre Lemasson, qui donne à l'UQAM le seul cours sur le tourisme alimentaire au Québec.
Maroc - Marrakech
Maroc
Fête d'odeurs, fête de couleurs, fête de saveurs : les marchés de partout dans le monde sont sans contredit des lieux festifs. À Marrakech, au Maroc, l'immense marché à ciel ouvert ne laisse pas sa place côté atmosphère! Les dizaines de souks (marchés) qui forment des labyrinthes complexes, les échoppes de toutes sortes et l'imposante place centrale Jemaa el-Fna, classée au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, créent pour les visiteurs un spectacle sans égal. Les étals de fruits séchés, de dattes, de noix et d'épices colorées y côtoient, du matin jusqu'au soir, les kiosques alimentaires enfumés, les lampes marocaines, les charmeurs de serpents, les dresseurs de singes, les musiciens, les conteurs et les artistes du henné. Un moment digne des Mille et une nuits!
Guadeloupe - Saint-François
Guadeloupe
Acras, boudin, poulet colombo, dorade, lambi, riz, langouste... La cuisine guadeloupéenne est riche des cultures africaine, française et indienne qui cohabitent sur l'île. Au marché de Saint-François, les sacs d'épices et les bouteilles de ti-punch et de planteurs préparés (deux cocktails locaux) témoignent de sa couleur. « Les aliments sont plus que des nutriments, croit Jean-Pierre Lemasson. Manger, c'est une pratique culturelle très forte. Chaque peuple invente sa cuisine, ce qui permet de partager la même identité dans un groupe. »
Turquie - Istanbul
Turquie
« Les recettes et les aliments privilégiés par les peuples dépendent du lieu géographique du pays, de sa construction sociale, de son histoire et de sa religion, puisque certains interdisent la consommation de plusieurs aliments », indiqueJean-Pierre Lemasson. La Turquie, par exemple, en raison de son emplacement (entre l'Asie, le Moyen-Orient et l'Europe) et de son histoire, possède une cuisine excessivement riche mêlant saveurs asiatiques, orientales et méditerranéennes. Le marché aux épices, à Istanbul, en témoigne, avec ses étalages de yaourts, de yufkas (pâtes phyllos), de baklavas, de cafés turcs, de narguilés, d’épices et de loukoums (confiseries turques).
Mexique - Mexico City
Mexique
« Certains peuples ont dans leur environnement les mêmes aliments, mais ils ne les préparent pas de la même manière », souligne Jean-Pierre Lemasson. Au Mexique, on mange l'avocat en guacamole, le maïs en esquites (avec de la mayonnaise et du chili) et les tortillas, matin, midi et soir. Entre le Mexique et le Canada, malgré une relative proximité géographique et des aliments semblables, les marchés témoignent des différences culturelles. Ici, dans l'immense ville de Mexico, au marché de la Merced, considéré comme le plus grand au pays, les avocats côtoient les piñatas, symboles festifs du Mexique.
Thaïlande - Damnoen Saduak
Thaïlande
À une centaine de kilomètres de Bangkok, en Thaïlande, le marché flottant de Damnoen Saduak attire les touristes par son unicité, ses couleurs et ses saveurs. Parmi les marchés flottants d'Asie, c'est probablement le plus populaire auprès des touristes, qui l'ont découvert, il y a une trentaine d'années. Fruits frais, glaces colorées, pâtisseries traditionnelles, fleurs, épices et souvenirs y sont achetés directement des marchands – surtout des femmes –, qui arpentent les cours d'eau sur leurs barques, tous les avant-midi. Les week-ends, on y offre en plus des plats chauds préparés à partir des barques. « En voyage, les touristes cherchent les plats nouveaux même si, en même temps, ils en ont peur. C'est souvent quand on voyage qu'on découvre nos craintes alimentaires. En réalité, on mange beaucoup plus avec notre tête et notre bagage culturel que notre estomac », souligne Jean-Pierre Lemasson.
Tunisie - Douz
Tunisie
En Tunisie, dans la ville de Douz, près du marché de fruits et de légumes, un marché aux animaux se tient chaque semaine. À l'ombre d'une palmeraie, les hommes y observent, tâtent et pèsent les ânes, les dromadaires, les chèvres, les moutons et les poules afin de choisir les plus robustes. Ces derniers seront achetés pour aider au travail, pour les œufs et le lait qu'ils procureront ou encore pour leur viande.
Canada - Montréal (Atwater)
Canada
« Depuis quelques années, le tourisme gastronomique est à la mode, mais il prend différentes formes. La visite de restaurants ou de marchés, les cours de cuisine ou l'oenotourisme et la découverte de produits locaux : tout ça est plus populaire que jamais. Dans plusieurs pays, beaucoup d'agences se spécialisent maintenant dans ce genre de circuits », observe Jean-Pierre Lemasson. Et Montréal, aussi prisée pour sa gastronomie, ne fait pas exception à la règle. Ses deux principaux marchés, Atwater et Jean-Talon, font souvent figure d'incontournables pour les touristes en visite dans la ville.
Photo: Linda Turgeon
Canada - Montréal (Jean-Talon)
Canada
« Au Québec, après un abandon des marchés dans les années 70, on redécouvre, depuis une dizaine d'années, ces lieux alimentaires », observe Jean-Pierre Lemasson. Selon le sociologue, on considère, à tort ou à raison, que les aliments trouvés dans les marchés publics sont de meilleure qualité. Ces lieux, surtout dans les grandes villes, répondraient aussi à un besoin de sociabilité et de proximité. Dans la Petite Italie, le marché Jean-Talon, le plus ancien et le plus grand de Montréal, répond d'ailleurs à ce besoin et prend des airs de fête chaque week-end.
Photo: Linda Turgeon
Êtes-vous extra?
Votre dose de mode, beauté et déco par courriel.
ABONNEZ-VOUS À CHÂTELAINE
Joignez-vous à notre communauté pour célébrer la riche histoire du magazine Châtelaine, qui souligne ses 65 ans en 2025. Au programme : de nouvelles chroniques, une couverture culturelle élargie, des reportages passionnants et des hommages touchants aux femmes inspirantes qui ont eu une influence positive et durable sur notre société.