Ronde, et alors?

À bas l’expression «vraies filles»!

Qu’est-ce que c’est, des «vraies filles»? Trouvez-vous comme Joanie Pietracupa que cette expression est vide de sens et discriminatoire?

Joanie-bandeau

Depuis les débuts de Ronde, et alors?, il y a exactement un an, j’ai mis à mon horaire hebdomadaire de petites séances de recherches sur les nouveautés du merveilleux monde de la diversité corporelle et de la planète taille plus. Et savez-vous ce que j’ai le plus souvent lu, vu et entendu? La fameuse expression «vraies filles» («real girls», en anglais). Comme dans «Quand est-ce que les magazines de mode vont enfin montrer des vraies filles sur leur page couverture?», «Pourquoi les grands créateurs ne font-ils pas défiler des vraies filles sur les passerelles?», ou encore «Comment se fait-il que les campagnes de publicité ne laissent pas plus de place aux vraies filles?»

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Honnêtement, je n’ai jamais compris ce que signifiait cette expression. C’est quoi une vraie fille? Une fille comme vous et moi? Qui n’est pas un top-modèle? Qui n’a pas un corps parfait selon les normes véhiculées par la société (donc nous)? Une femme qui a des courbes prononcées, une petite taille ou un visage asymétrique? Quand j’ai sondé quelques amies à ce sujet, leurs réponses m’ont encore plus confuse: «Une vraie fille, c’est une fille normale, ordinaire.» Ah bon? Qu’est-ce qui fait d’une personne un être «vrai», «normal» et «ordinaire»? Quels sont les critères à respecter pour pouvoir se définir comme un être banal et commun? Quelqu’un qui se fond dans la masse?

Photo: iStock

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Savez-vous quoi? À bien y penser, elle m’insulte, cette expression. Vraiment beaucoup. Parce que je me considère comme tout sauf ordinaire. Comme chaque être humain sur la planète Terre, je suis exceptionnelle à ma façon. Et vous aussi. Oui, oui, promis juré! Et puis, c’est incroyablement méchant de dire qu’un mannequin n’est pas une vraie fille, non? Elles sont d’une beauté spectaculaire (toujours d’après l’idéal de beauté féminin établi par la société), ça, je vous l’accorde. Elles sont grandes et minces, elles ont des jambes longues et fines, un ventre plat, des seins et des fesses fermes, une peau lisse et lumineuse et un joli minois. Malgré tout, ça va peut-être vous surprendre, mais je suis prête à gager toutes mes économies et même mon chat adoré (oui, j’en suis sûre à ce point-là!) que les mannequins professionnels sont également de vraies personnes. Des êtres vivants, qui respirent le même air que vous et moi.

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Je comprends qu’il est important de faire la promotion de la diversité corporelle dans les médias pour banaliser et normaliser les silhouettes atypiques. J’en parle même chaque semaine ou presque dans mes billets de blogue. Mais à force de vouloir ancrer ces corps dits hors-norme dans nos mentalités pour mieux les faire accepter par la société, on a plutôt réussi à humilier et à exclure complètement de la discussion un groupe précis de femmes : les top-modèles. Et je ne suis pas si convaincue que ça soit un meilleur message à communiquer aux enfants, adolescents et jeunes adultes qui cherchent leur place dans le monde. Bannissons l’expression « vraies filles », parce qu’au final, on est tous uniques et extraordinaires. Vrais et ordinaires, aussi. Et c’est bien là le seul discours qu’on devrait chercher à enraciner dans nos esprits, jour après jour.

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Suivez Joanie Pietracupa sur Twitter (@theJSpot) et Instagram (@joaniepietracupa).

 

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