Mode

Gabriel Malenfant et la mode

Radio Radio, c’est un groupe de rap électro qui fait danser les gens (en français acadien et en chiac) depuis 2008. Mais c’est aussi deux gars qui ne craignent ni les couleurs ni les imprimés, et qui ont poussé leur amour de la mode jusqu’à dédier une chanson à des chaussures (Dekshoo, 2010). Entrevue fashion avec Gabriel Malenfant, l’un des deux piliers de la formation.

On rencontre Gabriel Malenfant à l’occasion d’une séance photo pour le catalogue de lunettes BonLook, où il est mannequin, avec le hockeyeur Brandon Prust et le propriétaire de la boutique Frank & Oak, Ethan Song. Parler mode avec lui vient tout naturellement : après tout, sa douce moitié (Olivia Leblanc) est styliste, tandis que son partenaire de scène (Jacques Doucet, l’autre membre de Radio Radio) est tout aussi expert en matière de vêtements (les pochettes de leurs albums, où ils posent en duo habillés d’imprimés complémentaires, sont célèbres). Voici ce qu’il avait à en dire.

Hommes_Gabriel_Malenfant

Photo: BonLook

Comment décririez-vous votre rapport à la mode?
J’ai toujours aimé m’habiller, même si l’habit ne fait pas le moine. On peut s’amuser avec la mode quand on sait que ce n’est pas le plus important – c’est ce qu’il y a au fond de nous qui compte. Le costume qu’on met, c’est pour changer de party, pour rencontrer des gens!

À Moncton, vous deviez trancher…
Quand j’étais petit, ma mère allait souvent à Montréal et à Paris, d’où elle me rapportait des cabans et des marinières. Par chez nous, mes amis se moquaient de moi. Je n’aimais pas tellement ça moi non plus mais, quand je regarde les photos de cette époque, je me rends compte que je porte exactement les mêmes choses aujourd’hui.

Vous avez un look flamboyant, vous aimez les imprimés… Ça ne vous gêne pas qu’on vous remarque de loin?
Non, mais ce n’est pas ce que je recherche. Avec Jacques [Doucet], plus on vieillit, plus on opte pour des looks sobres sur scène. Bien sûr, on continue à s’amuser: on mélange des pièces plus formelles avec des morceaux plus décontractés, plus gipsy. J’ai aussi un côté « proche de la terre » et « proche de la culture autochtone » qui vient de ma mère et de mon bagage acadien.

Comment ça se traduit côté look?
Avant, sur le stage, je portais des vestes en peau de vache, des plumes… Aujourd’hui, c’est plutôt une question de priorités et de valeurs. Ça revient à ne pas prendre les choses superficielles au sérieux.

Comment avez-vous été accueillis à votre arrivée au Québec? C’est quand même rare d’avoir des artistes aussi flamboyants dans le paysage médiatique.
Quand on est arrivés, on était des extraterrestres dans tous les sens du terme. Parce qu’on n’est pas des Québécois pure laine et que, déjà, on débarquait avec un accent. On est des rappeurs, mais des rappeurs qui portent des nœuds papillons et qui dénoncent l’homophobie. C’est sûr que c’était étrange. Mais on s’amuse. Quand tu débarques avec le sourire et que tu dégages une bonne énergie, il y a quelque chose d’universel qui se transmet aux autres. Je pense que c’est pour ça qu’on est encore parmi vous!

Comment décririez-vous votre style maintenant?
J’adore porter des classiques. Juste un jean noir Naked & Famous avec un t-shirt blanc, par exemple. C’est signe que mon style arrive à maturité! C’est ma copine Olivia, une styliste, qui m’a fait découvrir les basiques. J’ai lu récemment que Barack Obama n’a que des complets gris et bleus dans sa garde-robe. Et que Steve Jobs ne portait que des cols roulés. Il se levait le matin sans penser à ce qu’il allait mettre, parce qu’il ne voulait pas dépenser son énergie créative et décisionnelle à réfléchir sur son linge. La semaine, je ne porte désormais que des basiques. J’aime le fait de ne pas devoir y penser. Et la fin de semaine, quand je vais souper, je m’habille.

Est-ce son intérêt pour la mode qui vous a séduit chez Olivia?
Non, c’est plutôt tout le package. Elle vient des Îles-de-la-Madeleine, à côté de la mer. Et c’est une Leblanc, ça aide! [rires] Une Leblanc, ça veut dire qu’elle est à demi acadienne, donc c’est un turn-on. En plus, on se ressemble beaucoup.

Qu’est-ce qui a influencé votre style?
Je me souviens de l’émission The Fresh Prince of Bel-Air. Will Smith portait son uniforme d’école à l’envers, il mettait toujours plein de couleurs… Et aujourd’hui, j’aime regarder les musiciens comme Pharrell Williams ou les films classiques comme The Godfather, où tout le monde porte des habits taillés sur mesure.

Ça ne m’étonne pas que des artistes comme Pharrell ou Kanye West créent des lignes de vêtements en même temps qu’ils font de la musique. Parce que ce sont deux univers proches l’un de l’autre. Personnellement, quand j’écoute de la musique et que je ferme les yeux, je vois des couleurs. Et à l’inverse, quand je vois arriver quelqu’un avec un costume particulier, j’entends une chanson.

En dehors de la mode, qu’est-ce qui vous inspire en ce moment?
Je suis un fan du magazine Dwell. L’architecture, ça m’inspire. Je tripe sur les nano houses, ces micromaisons bâties à partir de conteneurs. C’est relié au mouvement « less is more » et au désir d’épurer les choses. Mon autre inspiration, c’est la nature. Je viens d’emménager dans un loft de l’avenue Mont-Royal. Je suis né au bord de la mer, et mes yeux ne respiraient pas assez en ville. Il y avait quelque chose de spirituel qui me manquait. Là, d’où je suis, je vois la ville, je vois le stade Olympique, le pont Jacques-Cartier. Je peux faire de la musique, méditer, respirer. Ça fait un petit brin de nature en pleine ville.

 

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