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Mode: la designer visionnaire Marie Saint Pierre célèbre ses 30 ans de carrière!

Il y a 30 ans, la designer Marie Saint Pierre était de la nouvelle garde de la mode québécoise. Un livre Maison Marie Saint Pierre en 30 tableaux, raconte les moments clés de son parcours remarquable. Rencontre avec cette femme rêveuse et audacieuse qui n’a jamais craint les sauts dans le vide.

En 1987, Marie Saint Pierre confectionnait ses premiers manteaux dans un cagibi prêté par ses parents. Trente ans plus tard, ses créations aux lignes pures et architecturales en font l’une des griffes les plus réputées au Québec et sur la scène internationale. Ses boutiques ont pignon sur rue à Montréal et à Miami, et elle travaille dans un atelier du quartier Chabanel – un grand loft industriel inondé de soleil où elle nous accueille pour parler de sa longue carrière, qui ne semble jamais s’essouffler.

Photo: Dominique Malaterre

Photo: Dominique Malaterre

Vous êtes une personne très réservée, mais vous avez accepté qu’un livre soit publié à votre sujet. Pourquoi? Ce n’est pas moi qui en a eu l’idée, c’est Madeleine [Goubau, chroniqueuse mode et professeure à l’École supérieure de mode] qui m’a proposé de l’écrire sous forme d’anecdotes. J’ai trouvé ça intéressant parce que c’est moi, oui, mais à travers ce que je fais.

Vous avez des enfants et une carrière admirable. Est-ce que les femmes peuvent tout avoir? Dans l’équation, je dis souvent qu’il y a les enfants, la business et soi-même. C’est un équilibre, pas nécessairement au quotidien, mais dans l’ensemble. Quand je suis à la maison, je suis vraiment là. Je suis heureuse de ce que je fais, et par le fait même, je pense que je suis un bel exemple pour mes enfants.

Quand vous parlez de vos débuts un peu bohèmes, parfois difficiles, on sent malgré tout que vous avez aimé cette époque… Je me foutais de tout! J’étais un peu insolente, je n’étais pas habitée par la peur. Pendant cette période, je suis entrée en contact avec mes forces, j’ai brisé le filet de sécurité familial pour voir qui j’étais, seule avec moi-même.

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Vous avez été la première designer québécoise inscrite à la Semaine de mode de Paris et au salon Coterie de New York [le très réputé salon de prêt-à-porter]. D’où vous venait cette envie de dépasser les frontières? Ce désir de faire quelque chose d’exceptionnel nous vient lorsqu’on est jeune. Je ne me posais pas la question à savoir si j’étais la première. J’avais juste besoin d’accomplir certaines choses, pas pour les autres, mais parce que je le ressentais.

Rêvez-vous parfois d’une île déserte où vous pourriez vous arrêter? Tous les jours! [Rires] Ça me force à travailler. Mais éventuellement, j’aurais envie d’explorer d’autres domaines: les meubles, l’art… Je rêve d’un atelier où je pourrais bizouner des choses. Mais je ne pense pas que l’entreprise va fermer demain matin. Créer une maison de luxe, c’est très long, ça prend plus d’une génération. L’intemporalité et la pérennité du produit ne sont validées qu’à travers le temps.

Comment réussissez-vous à maintenir un rythme de création aussi effréné? Ce n’est jamais assez rapide pour moi! Je travaille dans la bonne industrie. J’aime les choses qui bougent, je suis très curieuse et j’apprécie le fait qu’on se questionne tout le temps.

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Que suggérez-vous aux femmes qui veulent investir dans une pièce qui traverse bien les années? Les vestes Marie Saint Pierre sont de bons achats. Ce sont des pièces indémodables, structurées, ni masculines, ni féminines. Elles sont chères, mais elles sont bien faites. Je mets beaucoup de technicité dans la confection.

Si vous pouviez donner un conseil à une jeune Marie Saint Pierre qui s’apprête à se lancer en affaires, ce serait quoi? Poursuivre sa passion, le faire pour soi et y aller une étape à la fois. Si j’avais su il y a 30 ans le parcours que j’aurais à traverser pour me rendre où je suis, je ne l’aurais jamais fait!

Que pensez-vous de l’apport des influenceurs sur les réseaux sociaux pour diffuser une marque? Il faut se méfier de ceux qui ne font que ramasser les likes sur Instagram pour recevoir des produits gratuits. Les vrais influenceurs existent aussi, mais ils ont un savoir. Aujourd’hui, tu peux t’acheter 10 000 abonnés sur ton compte Instagram pour 65 $, avec likes et commentaires en prime.

Qu’est-ce que vous feriez si un groupe de luxe comme LVMH voulait acheter votre marque? Je les encouragerais. Pas pour me remplir les poches, mais plutôt pour assurer la croissance de la marque. À condition que la personne intéressée y croie vraiment!

 

 

 

 

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