Psychologie

Comment être plus indulgente envers soi-même

Un peu d’autocritique ne nuit pas. Mais nous sommes nombreuses à être passées maîtres dans l’autodénigrement et le monologue intérieur négatif. C’est maintenant le temps d’arrêter cela !

Quand un enfant pleure, la pire chose à faire est souvent de le réprimander, car cela fait redoubler ses larmes. Pourtant, c’est exactement ce que nous nous infligeons tous les jours. Notre critique intérieure est toujours à l’affût, prête à nous reprocher de ne pas être assez ceci ou cela: brillante, mince, ambitieuse, aimable, persévérante, gentille, déterminée, originale, sérieuse… Notre critique peut être cruelle, sans être tellement utile en fin de compte. Avec les années, elle finit par s’incruster et devenir une habitude difficile à chasser. Nous avons demandé à la psychothérapeute Mercedes Baines quels étaient ses conseils pour faire taire cette voix dans notre tête.

L’autocritique a du bon. Elle peut parfois nous motiver.

Cette petite voix nous angoisse-t-elle ou nous aide-t-elle à prendre de meilleures décisions? Quand la voix est forte, nous avons tendance à croire tout ce qu’elle nous dit. Mais comment savoir si elle a raison?

En général, cette voix critique est ancienne. Son jugement dans les circonstances actuelles n’a peut-être plus sa place – nous ne sommes plus au secondaire ni soumise à l’intimidation ou à toute autre situation vécue à l’époque où elle a fait son apparition. Les exigences de cette voix sont tellement élevées qu’on ne peut jamais être à la hauteur. Ou alors, si on y arrive, c’est au prix d’une certaine souffrance, tant sur le plan émotif que physique.

La meilleure façon de composer avec notre voix intérieure négative? En faire entendre une nouvelle, plus compatissante.

Nous devons nous nourrir de paroles et de gestes bienveillants. Et si nous adoptions une nouvelle voix, qui répliquera à la première et nous parlera avec compassion et encouragement? Cela dit, la principale difficulté, lorsque nous aurons le plus besoin de son aide – quand la critique se fera très insistante à propos de notre physique, par exemple –, sera de réussir à l’entendre. Il faut s’entraîner à froid, quand nous ne sommes pas sous l’emprise de l’émotion. Certaines personnes font de la méditation, d’autres pratiquent la marche ou se concentrent simplement sur leur respiration. La critique nous éloigne du moment vécu; il faut donc s’exercer à rester dans le moment présent.

Plusieurs fois par jour, prenons une minute pour regarder autour de nous, puis à l’intérieur de nous, pour évaluer comment nous nous sentons. Parfois, il est possible de court-circuiter la critique intérieure avant qu’elle ne prenne de l’ampleur.

Un autre truc: noter par écrit toutes les choses que notre critique intérieure nous reproche, et dresser ensuite la liste de nos qualités: «Je suis une amie loyale, une excellente cuisinière, etc.» Analyser ensuite les vieilles critiques. Certaines n’ont plus de raison d’être. Concentrons-nous sur l’autre liste.

Quand une pensée négative surgit, faut-il essayer de s’en débarrasser? Oui et non.

Le simple fait de chercher à se débarrasser des pensées négatives peut faire en sorte qu’on leur accorde trop d’attention. Au lieu de cela, demandons-nous quelles pensées, quels sentiments, quelles expériences nous souhaiterions valoriser. Il est beaucoup plus facile de travailler à quelque chose de constructif que de combattre une situation négative. Les pensées et les émotions sont passagères, mais nous pouvons prendre l’habitude d’être plus consciente de celles qui sont déplaisantes.

Essayons de vivre pleinement les moments de calme, de joie et de bonheur. Au fond, nous voulons entraîner notre système nerveux à prendre conscience des instants de bien-être. Il faut apprendre qu’il est important de ressentir les émotions positives aussi.

Nous devons aussi surveiller la façon dont nous nous jugeons à voix haute.

Dans certains cas, ce peut être une excellente façon d’amadouer un interlocuteur qui semble a priori sur la défensive – nous lui signifions alors qu’il a le droit d’être en désaccord. Mais si nous agissons tout le temps ainsi, nous risquons de laisser croire que nous-même, nous ne prenons pas nos idées au sérieux.

Nous ne prenons pas nos propres idées au sérieux? Les autres auront tendance à faire de même. Nous n’avons pas de contrôle sur la perception que les autres ont de nous, mais en renforçant notre confiance personnelle, nous augmentons nos chances d’entrer en relation avec les autres de façon plus pertinente, plus positive et plus enrichissante.

Peut-on devenir trop positif?

La critique a tendance à se concentrer de manière excessive sur tout ce qui fait défaut. Mais si on va trop loin à l’autre extrême et qu’on ne se concentre que sur le positif, il s’agit alors de déni. On n’est pas davantage dans la réalité. On se répète: il faut que je m’aime. Or, il se trouve que beaucoup de gens ne s’aiment pas, et que ceci constitue pour eux un échec supplémentaire dans leur vie. On a le droit de ne pas s’aimer. Mais on devrait à tout le moins prendre soin de soi et se traiter avec bonté.

 

Pour tout savoir en primeur

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.