Quel lien existe-t-il entre la science économique et un mariage heureux?
La science économique étudie la façon dont les gens, les compagnies et les sociétés répartissent leurs rares ressources, ce qui constitue le même type de casse-tête que les couples mariés tentent perpétuellement de résoudre : comment gérer leur temps, leur énergie, leur argent et leur libido, de façon à conserver le sourire et avoir un mariage heureux. De nos jours, nombre d’unions consistent en deux adultes ambitieux, opiniâtrés et stressés, qui tentent de vivre sous le même toit, de prospérer ensemble, peut-être d’élever des enfants, et avec un peu de chance, de prendre plaisir à passer le reste de leur vie, la main dans la main. Pas facile.
En fait, le mariage est une entreprise – une entreprise florissante, dans ses temps de prospérité, et qui demande du travail, à d’autres moments. S’y attaquer exige d’aller puiser dans lesdites rares ressources : trouver du temps, rassembler son énergie, ressentir l’amour, évaluer s’il vaut le coup de faire preuve de flexibilité ainsi que les avantages de rester sur ses positions. Le truc est de (a) maximiser ces précieuses ressources et (b) de les répartir plus intelligemment.
Quel rôle la science économique joue-t-elle dans la division des tâches, dans un ménage?
C’est justement la division des tâches, qui se trouve au cœur de la science économique. Au sein d’une entreprise, chaque personne est affectée à une tâche précise, dans laquelle elle se spécialise. Si chacune s’acquittait de toutes les tâches, ce serait un véritable désastre. Dans un mariage, les deux conjoints doivent aussi se diviser le travail. Ce que nous recommandons est de le partager judicieusement, car, qu’on le veuille ou non, les tâches ménagères peuvent être un gros point faible pour de nombreux couples. Par conséquent, au lieu de vous attendre à ce qu’elles soient naturellement réparties à 50/50 – et de bouillir de colère à l’idée d’en faire plus que votre juste part –, assignez-vous des tâches, dans lesquelles chaque personne se spécialisera. Puis, prenez vos décisions en considération de celle qui s’acquitte le mieux d’une tâche donnée relativement à d’autres. Ce système a des racines dans la théorie des avantages comparatifs, qui est la base d’un libre-échange global. Chez moi, je m’occupe de toutes les factures, et mon mari fait le ménage. Nos tâches ont ainsi été déterminées selon nos compétences et nos préférences. Et, bien que certains jours, cela ne semble pas tout à fait équitable, au bout du compte, le tout finit par s’équilibrer.
Comment pouvez-vous utiliser la science économique pour inciter votre conjoint à faire ce que vous voulez?
Il suffit d’employer les bons incitatifs. Ceux-ci sont des outils que l’on utilise pour motiver les gens, tout simplement. Les compagnies de cartes de crédit vous offrent un an sans intérêt, à l’ouverture d’un nouveau compte, dans lequel vous transférez votre solde. Les magasins de chaussures, quant à eux, vous proposent une seconde paire d’escarpins, à moitié prix. Les incitatifs sont aussi légion à la maison. Lorsque vos enfants refusent de manger, et que vous êtes au bout du rouleau, vous adoptez une approche incitative : « Si tu veux avoir de la crème glacée, ce soir, tu dois manger ton brocoli. » Chaque fois que vous essayez de convaincre votre conjoint de faire la vaisselle, de nettoyer le sous-sol ou d’enfin suspendre la photo que vous avez fait encadrer, il y a six mois, vous utilisez des incitatifs. La carotte et le bâton : soit vous faites preuve de gentillesse, lui offrez des fleurs, lui faites des menaces, lui lancez des ultimatums ou encore lui formulez des promesses.
Les économistes ont toutefois découvert que l’un des meilleurs incitatifs qui soient est la confiance. Accordez votre confiance aux gens et vous verrez que, souvent, ceux-ci seront plus enclins à faire ce qu’il se doit que si vous les dédommagiez financièrement. Un paiement est d’ordre transactionnel, alors qu’une personne se sent bien quand elle sait qu’elle est investie de la confiance de quelqu’un, et cela l’incite à vouloir prouver qu’elle le mérite. Alors, la prochaine fois où vous considérez que le fait de harceler votre conjoint sera la meilleure solution pour qu’il soit à l’heure pour votre rendez-vous, pensez à l’incitatif que vous lui donnez : « Ouf, si je suis à l’heure, je ne me ferai pas sermonner. » Voilà qui est loin d’être motivant.
Comment les lois de l’offre et de la demande sont-elles reliées à la sexualité?
D’un point de vue économique, la demande augmente généralement lorsque les coûts sont à la baisse. Ceci peut aussi s’appliquer à la maison. Si les relations intimes sont « dispendieuses », pour vous – ce qui signifie qu’elles vous enlèveront du temps de travail ou de précieuses heures de sommeil –, alors rendez-les plus abordables. Cela pourrait impliquer de privilégier l’après-midi, avant d’aller souper ou d’être totalement catatonique, ou encore avant d’aller au lit et d’être trop amorphe. Ou peut-être que cela signifie de ne pas jouer aux devinettes – soit tenter de déterminer si l’autre est disposé à la chose ou non – et de carrément vous le dire, lorsque vous en avez envie, au lieu d’essayer de deviner vos intentions mutuelles. Inscrivez les moments intimes à l’horaire. Je sais que cela semble incroyablement peu romantique, mais ce l’est beaucoup plus que de ne pas avoir de moments intimes du tout.
Quels sont vos meilleurs conseils mariage inspirés de l’économie?
R : En plus de ceux mentionnés, au préalable, voici quelques conseils, qui peuvent vous donner un bon coup de main :
Soyez prête pour les aléas : Tout comme l’économie, les mariages s’inscrivent dans des cycles, avec de bonnes périodes, qui sont souvent suivies de récessions (c’est-à-dire de mauvaises passes). Soyez consciente que ces moments plus difficiles font partie du processus, et au lieu de céder à la panique, essayez plutôt de trouver des moyens de réinventer votre couple.
Pensez à la marge :
Tout est une question de concessions, dans la science économique. (Vous vous rappelez les rares ressources dont j’ai fait mention?) Comme vous ne pouvez tout avoir, vous devez parfois faire des compromis. Maisonnette en ville, mais peu de voyagement, ou grosse maison en banlieue, mais trajet plus long? Enfants ou vie sociale? (Je blague!) En un mot, penser à la marge signifie penser à tous les petits changements que vous pouvez apporter qui, ultimement, auront un grand impact.