Santé

La maladie de Lyme est en hausse : voici comment se protéger des tiques

La maladie de Lyme, transmise par les tiques, peut engendrer une foule de complications, dont des troubles neurologiques graves. Et les enfants sont particulièrement à risque. Une pédiatre nous donne quelques conseils pour éviter l’infection.

L’été dernier, de retour d’une sortie familiale au jardin zoologique, Crystal Cochrane peignait les cheveux de sa fille lorsqu’elle a senti une petite masse à la base de son cou. Curieuse, elle a examiné attentivement la bosse, que le peigne n’était pas parvenu à enlever. Une tique était fermement plantée dans la peau de Mikayla. «J’ai paniqué, se rappelle-t-elle. Je savais que cet acarien pouvait transmettre la maladie de Lyme.» Elle a retiré délicatement la tique, l’a placée dans un petit contenant, puis a filé à l’hôpital pour que sa fille voie un médecin, et pour faire analyser la tique.

La maladie de Lyme est une affection transmise par la morsure d’une tique du chevreuil. Pour transmettre la maladie, la tique doit bien sûr être elle-même infectée. Jusqu’à tout récemment, la maladie de Lyme était plutôt rare au pays. Toutefois, sa prévalence est en augmentation constante, passant de 144 cas en 2009 à plus de 2800 cas en 2021. Parmi les plus touchés: les enfants âgés de 5 à 9 ans.

Si elle n’est pas traitée rapidement, la maladie peut causer la méningite, un affaiblissement temporaire des muscles du visage et l’arthrite. Une infime proportion de tiques sont aussi vecteurs du virus Powassan, à l’origine de graves problèmes neurologiques. Seulement 25 cas d’infection à ce virus ont été répertoriés au pays au cours des 50 dernières années, mais comme les tiques sont de plus en plus nombreuses, les experts craignent que la présence de spécimens infectés au virus Powassan augmente aussi. Alors, comment bien se protéger?

Réduire les risques de morsure

Ces bestioles vivent habituellement à l’orée ou à l’intérieur des forêts. Elles sont accrochées à la végétation, attendant qu’un animal ou un humain les frôlent. Lors d’une balade en forêt, on porte un pantalon long – on peut même rentrer le bas de son pantalon dans ses chaussettes – des manches longues, un chapeau et des souliers fermés. «Le mot d’ordre: empêcher les tiques d’avoir accès à notre peau», dit Robbin Lindsay, scientifique spécialisée dans les maladies transmises par les animaux à l’Agence de santé publique du Canada, à Winnipeg.

Pour repérer plus facilement celles qui se seraient accrochées à nous, on opte pour des vêtements de couleur pâle.

Il est aussi conseillé d’appliquer un insecticide à base de DEET ou d’icaridine sur nos vêtements et sur la peau laissée à découvert, en suivant les indications imprimées sur le contenant. Au retour à la maison, on s’examine de la tête aux pieds, les enfants aussi, puis on saute dans la douche ou dans le bain.

La douche permet de réduire le taux d’infection à la maladie de Lyme de façon plus efficace que la seule observation de la peau, selon une étude de l’université Yale, aux États-Unis. Peut-être est-ce parce que cela nous oblige à retirer nos vêtements, où des tiques peuvent être cachées.

D’ailleurs, passer ses vêtements à la sécheuse pendant 10 minutes, à température élevée, tuera les tiques à coup sûr.

Retirer la tique rapidement

Si on trouve une tique sur soi ou sur ses enfants, il faut la retirer. À l’aide d’une pince à sourcil déposée à plat sur la peau, on saisit la tique fermement le plus près de la peau possible, puis on tire vers le haut délicatement, sans donner de coup et sans tourner. On place la tique dans un petit bocal.

On désinfecte ensuite la zone touchée à l’aide d’alcool à friction ou de peroxyde d’hydrogène. Étant donné que la tique doit avoir été accrochée à soi pendant plusieurs heures avant de transmettre la maladie de Lyme, si on la retire dans les 24 heures, il y a très peu de chances que l’on soit infecté. Toutefois, le virus Powassan, bien que très rare, peut se transmettre en 15 minutes, d’où l’importance de retirer la tique rapidement.

Demander de l’aide au besoin

Rien ne sert de courir chez le médecin à la moindre morsure de tique, estime la pédiatre Joan Robinson, présidente du comité des maladies infectieuses et de l’immunisation à la Société canadienne de pédiatrie. À moins, bien sûr, de développer certains symptômes, comme une éruption cutanée, une fièvre, un mal de tête ou des douleurs musculaires et articulatoires. Dans le cas où on consulterait un médecin, il peut être utile d’apporter la tique avec soi.

Après analyse des symptômes et selon les conditions entourant la morsure, le médecin pourra alors prescrire des antibiotiques sans attendre, puisqu’il faut parfois jusqu’à un mois avant de pouvoir confirmer qu’une personne est bel et bien atteinte de la maladie de Lyme au moyen d’une analyse sanguine. Et en un mois, les complications liées à cette maladie ont le temps d’apparaître.

Dans les rares cas où la maladie n’est pas diagnostiquée avant l’apparition des complications – comme l’arthrite, notamment –, un (ou deux) traitement antibiotique de plus longue haleine sera nécessaire pour venir à bout de l’infection. Et les symptômes peuvent mettre plus de temps à disparaître par la suite.

Quant à Mikayla, la tique qui l’avait mordue à la base du cou n’était pas du type qui transmet la maladie de Lyme. Ses rougeurs ont été causées par une réaction allergique bénigne. La mésaventure n’a toutefois pas freiné l’enthousiasme de la famille Cochrane pour les activités extérieures. «Mes enfants connaissent désormais les joies des chandails à manches longues, du chasse-moustiques et des inspections systématiques pour détecter les tiques, dit Crystal. Et j’ai toujours une pince à sourcil à portée de main. Au cas où…»

 

Cet article a été publié en version originale anglaise sur le site de Today’s Parent.

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