Je déjeune donc je maigris

 

Je mange peu le matin. Pas faim. Trop pressée. Trop exagéré la veille. Alors, une clémentine, un café au lait, et hop ! C’est réglé, le temps d’aligner mes neurones.

Je sais, je sais, le petit-déjeuner est censé être le repas le plus important de la journée. Pourquoi, d’ailleurs ? « Le mot le dit : il met fin au jeûne. Il permet de remettre le cerveau en marche », répond Hélène Baribeau, nutritionniste en pratique privée à Québec. Oups.

Ce premier repas devrait contenir davantage de glucides que le dîner ou le souper. Il ne s’agit pas de se vautrer dans la confiture et autres sucres « rapides », mais plutôt de consommer du pain complet et des agrumes, des kiwis, du cantaloup... Et aussi des petits fruits de chez nous, tels bleuets, fraises et framboises, riches en antioxydants. Frais en saison, ou sinon surgelés – pas de crainte, toutes leurs qualités nutritionnelles sont préservées.

Et le sacro-saint jus d’orange ? Les diététistes n’en raffolent pas, notamment parce qu’il est dépourvu de fibres. « Même fraîchement pressé, il a perdu beaucoup de nutriments, fait remarquer Hélène Baribeau. À la rigueur, un demi-verre réhydrate, mais il faut à tout prix un fruit. » Quitte à apporter au bureau une pomme ou une banane...

Prendre un repas complet au lever, c’est aussi une bonne stratégie minceur, d’après une nouvelle étude. « Sauter ce repas incite à trop manger par la suite dans la journée et à craquer pour des aliments gras et sucrés », précise la nutritionniste.

Les femmes qui grignotent le matin sont souvent les mêmes qui se transforment en ogres à 17 heures. Manger à midi seulement impose à l’organisme un trop long jeûne. Le corps reçoit le signal qu’il y a risque de famine, ralentit le métabolisme… et stocke les aliments qui suivent sous forme de graisse. Une diète yoyo quotidienne, en somme. « L’idée est d’arriver au souper avec un appétit raisonnable », dit Hélène Baribeau. Et puis, comment atteindre les sept à huit portions de fruits et de légumes ainsi que les quelque 800 mg de calcium recommandés tous les jours avec un repas en moins ? Touché.

Mais moi, je manque d’appétit à 7 heures. C’est là un faux problème, juge Hélène Baribeau. « Après un copieux repas, pris tard en soirée, la plupart des gens n’ont pas faim le lendemain matin, c’est normal. Comme 75 % des femmes cherchent à maigrir, même celles qui ont un poids santé, elles s’imaginent trouver, en sautant le petit-déjeuner, une solution facile pour compenser les excès de la veille. » S’installe alors un cercle vicieux : on est de nouveau affamée à l’heure du souper – surtout si on s’est contentée d’une salade à midi. Parmi les Québécoises qui partent au boulot le ventre vide, 8 % le font pour expier le péché de gourmandise.

Les jeunes sont ceux qui souffrent le plus d’un petit-déjeuner esquivé. Comme ils sont en période de croissance, leur métabolisme est avide de glucose. Des réserves trop basses entraînent fatigue et manque d’attention en classe. Selon un sondage d’Ipsos-Reid, au pays, 54 % des parents se disent trop pressés pour veiller à ce que leurs enfants déjeunent chaque matin. À défaut de manger moi-même au réveil, je m’assure que ma fille avale quelque chose avant de partir pour l’école... avec quelques encouragements.