1. L’agriculture biologique respecte-t-elle l’environnement ?
Pour : Oui, indiscutablement, il n’y a pas de pesticide ni d’herbicide chimiques, pas de fertilisant de synthèse ni de semences génétiquement modifiées. Elle préserve la vie du sol, protège les eaux souterraines et minimise les gaz à effet de serre. Pour les élevages : pas d’antibiotiques, d’hormones de croissance et de farines animales, mais un régime bio et un accès à l’air frais.
Contre : Produire bio est une « obligation de moyens », non de résultat. Interdire aux agriculteurs d’utiliser des pesticides et engrais chimiques ne signifie pas que leurs produits en seront totalement exempts. Les agriculteurs sont impuissants face aux pollutions anciennes et aux résidus de produits portés par le vent et les eaux.
2. La filière bio est–elle sûre ?
Pour : La filière bio est de plus en plus sûre. Six organismes accrédités certifient les aliments biologiques produits au Québec dans le respect de règles strictes, imposées par le Conseil d’accréditation du Québec. Et même si 70 % des produits bio sont importés, au 1er juillet 2003, plus aucune marchandise alimentaire bio importée ne pourra circuler sans avoir été certifiée conforme par nos organismes.
Contre : Les traitements naturels ont aussi leurs défauts. Par exemple, à trop fort dose, les aspersions de sulfate de cuivre, un fongicide, contaminent les sols et éliminent les vers de terre. Des insecticides couramment utilisés comme la roténone, extraite de plantes tropicales, ou le pyrèthre, issu du chrysanthème, manquent de sélectivité : ils tuent les insectes utiles et nuisent aux poissons.
3. Est–ce plus nutritif et plus savoureux de manger bio ?
Pour : Seule certitude : dans l’agriculture conventionnelle, les arrosages incessants gorgent d’eau les fruits et légumes et les font grossir. Les produits biologiques, plus concentrés, contiennent plus de matière sèche, de minéraux vitaminés et « phytonutriments » goûteux. Et moins de résidus toxiques, c’est vérifié.
Contre : Côté goût et bénéfices nutritionnels, les études se multiplient – sur les vitamines des oranges, les acides gras du lait, les antioxydants des poires – mais se contredisent. Il est finalement difficile de prouver les qualités nutritives des aliments et de nombreux facteurs externes interviennent : le climat, les facteurs de transformation, l’emballage, les conditions d’entreposage.
4. La différence bio se justifie–t–elle ?
Pour : L’agriculteur bio doit compenser ses années de conversion, l’attente d’un rendement satisfaisant et sa certification. S’ajoutent les coûts de distribution, de transformation et de contrôle. Ensuite, il y a nos exigences : de beaux fruits et légumes, des plats tout prêts. Alors que très peu d’additifs leur sont permis, les producteurs mettent au point de nouvelles méthodes pour préserver la texture, la couleur, la qualité de conservation.
Contre : Le prix, un point faible qui se passe de commentaire. En moyenne de 30 % à 40 % plus cher. Et souvent d’apparence moins appétissante, ce qui rebute de nombreux consommateurs habitués aux fruits et légumes parfaits de l’agriculture industrielle.
5. Le secteur de l’agriculture bio est–il rentable ?
Pour : Oui, l’agriculture serait un secteur rentable. Les rendements augmentent avec l’amélioration de la qualité du sol et des processus biologiques, même si cela prend du temps. Le bio est porteur d’emplois et protège les structures rurales traditionnelles, tout en les modernisant. Et le bio devrait éviter – en principe – les crises de l’agriculture conventionnelle : vache folle, fièvre aphteuse…
Contre : Certains analystes affirment que, en plus d’être coûteux pour le producteur, le bio ne fournira jamais les rendements nécessaires pour nourrir une population mondiale grandissante. Seuls l’apport d’engrais de synthèse et de pesticides, ainsi que l’utilisation de semences OGM, le pourraient. Encore un point controversé.
Sources
– DELACOUR, Marie-Odile et HULEU, Jean-René, La Révolution bio, Paris, Éditions La découverte, 2001, 156.
– ALLARD, G., DAVID, C. et HENNING, J., L’agriculture biologique face à son développement. Les enjeux futurs, Paris, INRA Editions, 1999, 394 p.
– DE SILGUY, Catherine, L’agriculture biologique, Paris, PUF, 1991, 127 p.
– Site Internet de l’Agri-réseau : www.agrireseau.qc.ca/agriculturebiologique/
– Site Internet du Centre de l’agriculture biologique du Québec : www.cab.qc.ca/