Psychologie

L’aide aux devoirs

Devoirs et leçons représentent parfois un défi pour les enfants, mais aussi pour les parents. Voici notre guide de survie pour des devoirs en harmonie!

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Justine, qui aborde sa 4e année, se laisse choir sur la chaise en soupirant : « J’ai plein de devoirs. » Ah! les devoirs… si seulement on pouvait s’en passer. Mais n’en déplaise à ceux qui s’y opposent, les devoirs sont nécessaires pour consolider les apprentissages. « Ils permettent à l’enfant de refaire ce qu’il a appris en classe, de se remémorer les notions vues et de les appliquer par lui-même. Cela permet aussi au professeur de vérifier si elles ont été comprises, explique Sandrine Faust, orthopédagogue en milieu scolaire, aujourd’hui directrice générale d’Allô prof, un organisme québécois offrant une aide aux devoirs gratuite, au téléphone et en ligne, aux élèves du primaire et du secondaire et à leurs parents. L’autre objectif des devoirs, poursuit Mme Faust, est de rendre l’enfant responsable de son apprentissage et de favoriser son autonomie. »

Maryse, la mère de Justine, lui décoche un clin d’œil. « Tu vas faire ça comme une championne. Va t’installer, je viens regarder ça avec toi. » Maryse retient une moue. Pas toujours facile, après une journée de boulot, la cohue du souper et les tâches domestiques, de trouver la patience et l’énergie pour les devoirs. « Ça va mieux depuis que j’ai pris un peu de recul, raconte-t-elle. Au début, je voulais qu’elle réussisse à tout faire parfaitement. Ça virait parfois au drame. »

Le cas de Maryse n’a rien d’unique. Difficile, parfois, pour un parent de trouver le juste milieu entre aider son enfant et développer son autonomie. Faut-il s’asseoir à côté de lui? Exiger qu’il fasse tous les devoirs parfaitement? Le superviser de loin? Lui souffler les réponses? Le laisser se débrouiller seul?

Démontrer de l’intérêt avant tout
Avant même d’établir un climat favorable à la réalisation des devoirs, la règle numéro un est de démontrer de l’intérêt pour l’apprentissage de son enfant. Il saisira ainsi toute l’importance que vous accordez à ce qu’il fait et à sa réussite. Les enfants aiment raconter ce qu’ils ont appris ou accompli. En mettant les questions scolaires à l’ordre du jour des discussions familiales, vous comprendrez mieux leur univers et leur évolution.

Cinq conditions gagnantes
Pour créer un climat propice aux devoirs, on suit ces quelques règles.

1. Établir une routine
Faut-il faire les devoirs au retour de l’école, avant ou après le souper? Il n’existe pas de formule idéale ou unique. Tout dépend de l’horaire familial et du tempérament de l’enfant. Cependant, les enfants du primaire ont besoin d’une routine pour bien fonctionner. Choisissez l’heure la plus propice, et sauf exception, respectez-la. La routine peut inclure une collation ou une période de jeu avant ou après. « Il peut être intéressant, avec des garçons qui ont besoin de bouger ou des enfants qui ont plus de difficulté à rester concentrés, de couper la séance en deux périodes de 15 ou 30 minutes chacune. Entre les deux, on les laisse bouger et s’amuser. L’important, c’est d’établir une routine qui convient au rythme des enfants et de s’y tenir », explique Mme Faust.

2. Respecter un temps limite
Au premier cycle du primaire (1re à 3e années), la période de devoirs devrait être d’environ 20 à 30 minutes. Pas plus. À cet âge-là, l’enfant a besoin de présence, et il est recommandé de s’asseoir près de lui, de le superviser et de l’aider tout au long de la séance. Attention : il faut résister à la tentation de lui souffler les réponses ou de faire les exercices à sa place. Cependant, en demeurant près de lui, vous vous assurez qu’il reste concentré et qu’il comprend bien ce qu’il doit faire.

Au deuxième cycle du primaire (4e à 6e années), la séance se prolonge et dure de 30 à 60 minutes. Cette fois, il n’est plus nécessaire d’être assis près de l’enfant. On peut amorcer la séance avec lui et le laisser poursuivre tout en restant disponible pour une aide éventuelle. Malgré un travail sérieux et des efforts, l’enfant éprouve des difficultés? Inutile de vous acharner et d’exiger que tout soit fait à la perfection ou au complet chaque soir. Mieux vaut ne pas prolonger le temps alloué. Inscrivez plutôt une note à l’agenda pour indiquer au professeur la difficulté rencontrée.

On a tous nos mauvaises journées. Les enfants aussi. À l’occasion, il faut faire preuve de souplesse et leur accorder un répit, quitte à rattraper le petit retard le lendemain. « Il faut éviter que l’enfant se mette à détester les devoirs, voire carrément l’école », commente Mme Faust.

3. Créer un lieu propice à l’étude
La cuisine ou le salon ne sont certes pas conseillés pour faire les devoirs. L’enfant a besoin d’un endroit calme et silencieux pour se concentrer. Pas de télé, pas de radio, pas de chien qui veut jouer ni de petit frère qui tourne autour. Un coin dans sa chambre ou dans une autre pièce fermée où il sera au calme est idéal. Un petit chronomètre réglé à 15, 30 ou 60 minutes, selon la routine établie, peut l’encourager ou l’aider à maintenir son rythme.

4. Revenir sur la journée
La période de devoirs devrait idéalement commencer par une conversation de quelques minutes avec votre enfant : ce qu’il a appris dans la journée, ce qu’il a aimé, ses difficultés. Consultez l’agenda où sont notés devoirs et leçons ainsi que d’éventuelles remarques du professeur. «  L’agenda permet aussi de connaître les dates des prochains examens et ce que l’élève doit étudier pour s’y préparer. Il est aussi essentiel de faire un suivi après un examen afin de connaître les difficultés rencontrées, et le cas échéant, de mieux se préparer pour la prochaine fois », explique Danielle Charland, directrice de l’école primaire Paul-Bruchési à Montréal.

5. Trouver et utiliser des ressources

Nouveaux termes, nouvelles notions, nouvelles techniques : de nombreux parents se sentent dépassés lorsque vient le temps d’aider leurs enfants. Une expérience qui peut facilement devenir déstabilisante pour les enfants et frustrante pour les parents…

Rien d’anormal, pourtant, à se sentir dépassés. Les programmes d’enseignement sont en constante évolution, et personne ne s’attend à ce que vous ayez retenu les milliers de notions apprises au cours de votre enfance. « Si votre enfant apprend le violon, vous ne l’apprendrez pas pour pouvoir l’aider. C’est la même chose avec les devoirs : vous n’avez pas à tout apprendre pour aider votre enfant », indique Mme Faust. Il faut donc mettre son orgueil ou ses craintes de côté et plutôt aider l’enfant à trouver des ressources, que ce soit un cousin plus âgé, un voisin, une tante ou un ami de la famille. « On peut faire une liste de personnes-ressources dans différents secteurs qui peuvent donner un coup de pouce, au besoin. »

Allô prof : un service unique
Et puis, il y a Allô prof. Fondé en 1996, cet organisme sans but lucratif, auquel collaborent 110 enseignants bénévoles, apporte son soutien aux élèves du primaire et du secondaire qui ont des difficultés ou des questions relatives aux devoirs. Le service est gratuit et confidentiel. Pour profiter des cyberclasses et des forums d’entraide offerts sur le site, l’enfant doit s’inscrire en ligne. Il obtient par la suite un accès gratuit au moyen de son adresse de courriel et d’un mot de passe. Il peut consulter des fiches, des vidéos et des exercices en ligne. Il peut aussi clavarder ou discuter en direct avec un prof ou utiliser la ligne de soutien téléphonique. Le contenu du site est disponible en tout temps. Les professeurs sont en ligne ou au bout du fil de 17 h à 20 h, du lundi au jeudi.

Les parents ont également un accès direct à tous ces services. Ils peuvent obtenir des conseils, des explications, écouter des vidéos, etc. « Une véritable planche de salut, raconte Marc-André, père de Julien, 3e année. J’ai découvert Allô prof lorsque mon fils tentait de résoudre un problème de produit croisé. J’ai compris qu’il s’agissait en fait de la règle de trois et je voulais qu’il adopte ma méthode, car je croyais qu’il était dans l’erreur. On s’est un peu chamaillés, et puis, on a décidé d’appeler Allô prof, où on m’a fait découvrir la nouvelle méthode. »

Pour la seule année scolaire 2011-2012, Allô prof a traité plus de 3,5 millions de requêtes en ligne et au téléphone! La majorité de celles-ci provient d’élèves de la deuxième et de la quatrième années du secondaire. Et les questions touchent surtout les mathématiques.

Et au secondaire?
Au secondaire, les séances de devoirs se prolongent et peuvent facilement durer de 1 h 30 à 2 h. À cet âge-là, votre enfant devrait être plus autonome. Toutefois, un espace propice à l’étude, des encouragements et de l’aide, au besoin, seront les bienvenus… Une fois au secondaire, les notions enseignées sont encore plus complexes, et vous aurez sans doute peine à l’aider à faire ses travaux. Mais vous pouvez l’inciter à utiliser des ressources extérieures, comme Allô prof.

Quand rien ne va plus
Si toutes les séances de devoirs tournent à la crise de larmes ou aux disputes, si l’enfant, malgré des efforts, semble incapable de faire le travail demandé, s’il dit ne plus aimer l’école ou ne plus vouloir y aller, il faut alors en parler avec le professeur ou la direction. Plusieurs écoles offrent des programmes de soutien aux devoirs pour les élèves en difficulté. De plus, l’intervention d’un professionnel pourrait être recommandée pour dépister d’éventuels problèmes.

Autre possibilité pour les parents qui en ont les moyens : l’aide aux devoirs en système privé. En tapant « aide aux devoirs » dans un moteur de recherche, vous trouverez de nombreux professeurs ou groupes de professeurs offrant leurs services d’aide aux devoirs selon leurs spécialisations. Coût moyen : 35$ à 40$/heure. En général, le professeur se déplace à votre domicile.

À consulter
Allô prof
Pour les élèves des écoles francophones hors Québec : SOS Devoirs.
Le site de la Commission scolaire de Montréal sur les programmes d’aide aux devoirs. La plupart des commissions scolaires offrent ce genre de programmes.

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