De la bonne vieille télé aux jeux vidéo les plus sophistiqués, du téléphone intelligent aux multiples sites et réseaux sociaux, nos enfants ne vivent plus, ou presque, sans un écran à la portée du regard. Bien sûr, pas question de retourner au temps d’avant Internet. Mais de toute évidence, il faut gérer la consommation techno des jeunes. Quand et comment? Sylvie Bourcier, une spécialiste de la petite enfance, s’est intéressée au sujet, et dans son dernier livre, L’enfant et les écrans (éditions du CHU Sainte-Justine), elle regroupe par thèmes les inquiétudes parentales. Nous lui avons posé cinq questions.
1. La consommation d’images violentes rend-elle les enfants violents?Les études ont démontré que non. Toutefois, elle risque de confirmer la légitimité de la violence chez les enfants déjà vulnérables, par exemple, ceux qui vivent dans un milieu familial difficile. D’autres dangers menacent cependant nos jeunes consommateurs d’émissions, de dessins animés ou de jeux violents : c’est la banalisation de la violence, la désensibilisation à ses effets et à la frayeur. Ainsi, l’enfant peut voir la violence comme une solution efficace pour régler ses problèmes. Ou encore, il peut ne pas comprendre les conséquences réelles de la violence – douleur, humiliation, traumatismes, etc. – parce qu’elles sont peu ou pas du tout montrées à l’écran ; la violence est même souvent présentée comme rigolote! Enfin, certains enfants peuvent développer des frayeurs parce qu’ils perçoivent le monde comme menaçant, épeurant.
En contrepartie, on a démontré que les scènes montrant la compassion, l’empathie et des comportements positifs et pacifiques ont une influence bénéfique réelle sur les jeunes spectateurs. Au Québec, on est chanceux : il existe plusieurs bonnes émissions de ce genre pour les enfants. Pensons à Cornemuse ou à Toc Toc Toc.
2. Les écrans nuisent-ils à l’apprentissage des petits?Le développement de l’enfant passe nécessairement par les expériences multisensorielles. Autrement dit, pour apprendre, il ne suffit pas à l’enfant de recevoir passivement de l’information : il lui faut bouger, toucher, explorer, voir, entendre, imaginer, échanger avec un interlocuteur et réagir. La présence d’une personne aux côtés du petit est donc essentielle. L’écran ne peut devenir l’enseignant!
Par ailleurs, la télé et les jeux vidéo grugent le temps que les enfants pourraient consacrer à se faire lire des histoires ou, plus tard, à lire eux-mêmes. C’est grave, quand on sait que le goût de la lecture s’acquiert dès la première année de vie et que le livre offre un apport unique à l’apprentissage en permettant à l’enfant d’intégrer l’information à sa propre manière, à son propre rythme et à l’intérieur des limites de son imagination et de ses émotions.
Autre chose : la pollution sonore. Le bruit omniprésent perturbe non seulement l’audition des jeunes, mais aussi leur apprentissage du langage et leur comportement. Et ce n’est pas qu’une question de volume : un rythme effréné ne laisse ni temps ni place à l’imagination et à l’anticipation, toutes deux très importantes pour apprendre. Les bruits soudains et fréquents attirent l’attention subite de l’enfant au détriment de son attention soutenue. Saturé, il tombe ensuite dans un état quasi hypnotique devant son écran.
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