Pas la peine d’essayer. Je le sais d’avance, je ne parviendrai pas à toucher mon nombril en me passant la main dans le dos. D’ailleurs, à quoi bon ? Pour prouver quoi au juste ? Que je suis en santé et en bonne forme physique ? C’est ce que prétend le #BellyButtonChallenge, qui encourage les femmes, surtout les jeunes, à afficher leur exploit sur les réseaux sociaux. Lire le sous-texte : « Si tu n’es pas capable de faire ainsi le tour de ta taille, c’est que tu n’es pas assez svelte. »
Ce que ce phénomène venu d’Asie révèle sur notre civilisation est triste – surtout quand on sait qu’il a engendré des centaines de millions de messages sur Twitter, Instagram et Facebook… Même après des décennies de lutte féministe, on n’est pas venus à bout de ces images stéréotypées (pas de salut pour les rondes) et de ces équations erronées (minceur = santé). On est là à soupeser le corps des femmes comme on le fait avec une tranche de steak chez le boucher – pas trop de gras s’il vous plaît.
Alors, comment ne pas se sentir honteuse, déprimée ou dépassée quand on se retrouve seule devant son miroir à se tâter le bourrelet ? Misère.
Vous le réussissez, vous, le Belly Button Challenge ? Grand bien vous fasse ! Ça prouve que vous avez une excellente flexibilité de l’épaule et du bras… Rien de plus. (D’ailleurs, on ne compte plus les épaules luxées et les entorses de poignet à la suite d’essais infructueux.)
Arrêtons de glorifier des comportements relevant des troubles de l’alimentation. Il y a bien d’autres défis, plus joyeux, emballants et utiles, à relever dans la vie qu’une gageure tournant autour de son nombril. #Chatelaineréagit
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