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Société

7 femmes qui ont accompli leur rêve

Des voyages, une entreprise, une grande famille. Il y a autant de désirs, d’envies, de projets qu’il y a de gens. Voici sept histoires de femmes qui sont passées à l’action.
Par Louise Gendron
7 femmes qui ont accompli leur rêve

7 femmes qui passent à l'action

7 femmes qui ont accompli leur rêve

Ariane Arpin-Delorme, 35 ans, Montréal

Voyager sa vie


    Ariane Arpin-Delorme n’a pas de maison, pas de voiture, possède peu de choses. Et n’a aucun regret. « Ma vie, ma passion, c’est le voyage, dit-elle. J’ai tout mis là-dedans. Et je n’ai jamais senti que je perdais quelque chose. » Des Bahamas au Botswana, de la Bolivie à la Zambie, elle a beaucoup bourlingué, à la dure le plus souvent – ses amies l’appellent la baroudeuse de l’extrême. Trekking, projets humanitaires, voile, plongée, stages de perfectionnement, séjours d’études, elle profite de toutes les occasions pour boucler son sac. On est passionnée ou on ne l’est pas. Elle a étudié en tourisme, a été guide, agente de voyages et a fondé une première agence à 25 ans. Le jour de notre rencontre, elle venait de terminer un baccalauréat en enseignement (car elle est prof de tourisme au collégial) et de mettre la dernière main à son premier bouquin, Le voyage pour les filles qui ont peur de tout. Et elle caresse l’idée de faire de la télé ou du documentaire. Mais l’essentiel de son temps va à Esprit d’Aventure, l’agence qu’elle a lancée il y a deux ans (la première n’a malheureusement pas survécu). Elle y offre des voyages sur mesure, conçus dans un esprit responsable, équitable. « Voyager, ce n’est pas écologique, admet-elle. Mais on peut compenser. Faire affaire avec des entreprises locales, bien payer les gens, parrainer des projets communautaires dans les régions que l’on visite. Pour nous, c’est primordial. » Sa recette pour aller comme ça au bout de ses envies ? « Il faut respecter ses goûts, ses besoins et son énergie, répond-elle. Et ne pas trop réfléchir ! Si l’on essaie de tout prévoir sur cinq ans, on ne fera rien. Je fais des plans sur six mois. Après, on verra bien ! Et si ça ne fonctionne pas, on fera autre chose. »

7 femmes qui ont accompli leur rêve

Marie-Claude Brière, 47 ans, Gaspé

La jeune femme et la mer


  Native de Montréal, Marie-Claude Brière voulait vivre au bord de la mer. Elle a même fait des études en géographie, question d’assouvir ses désirs de grands espaces et de liberté. Mais une femme seule ne peut pas partir avec un enfant sous le bras pour aller s’établir au bout du monde, se raisonnait-elle. Elle a travaillé en marketing, en réseautage d’affaires, en démarrage d’entreprises, à Montréal, puis à Trois-Rivières. « Le plus souvent possible, j’allais jouer dans le sable à Pointe-du-Lac en imaginant que le lac Saint-Pierre était salé. » Mais elle n’y croyait pas vraiment. Alors, elle a pris sa décision : elle irait en Gaspésie, le bout du monde le plus accessible pour elle. Hasard de la vie, elle a rencontré un Gaspésien d’origine installé à Drummondville. Il rêvait de retourner chez lui, mais pas tout seul. C’était en 2001. Ils sont partis en repérage à Gaspé. «Économiquement, la région émergeait d’une période noire, raconte-t-elle. Il y avait plein de choses à faire. Quel beau terrain de jeu ! » Les deux tourtereaux ont remis leur démission le même jour. Et sont allés recommencer leur vie à Gaspé, où Marie-Claude s’est jointe à un organisme de développement régional. Les premières années n’ont pas été faciles. « Le rythme de vie, l’attitude ne sont pas les mêmes. Trop pressée, j’avais l’air d’un golden retriever dans un magasin de porcelaine et j’ai peut-être froissé des gens. » Elle a quitté son emploi, s’est payé un bel épisode d’épuisement. Finalement, il y a huit ans, elle a fondé son entreprise de communication, qui fonctionne très bien merci. Gestion de communautés, organisation d’événements, relations de presse, elle touche à tout, talent indispensable dans un petit milieu. Elle a eu deux autres enfants, « des petites locales qui se baignent en eau froide et chantent à Petite-Vallée ». Et elle s’est calmée. « La vue, le regard sur l’infini, ça fait du bien. Je travaille encore 50 heures par semaine, mais la plus belle plage du monde est à deux kilomètres d’ici. Je vais marcher, je reviens le sourire aux lèvres. Je suis bien. »

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7 femmes qui ont accompli leur rêve

Dominique Lebel- Bouchard, 31 ans, Bassin, Îles-de-la-Madeleine

L’infirmière photographe


  Adolescente, Dominique Lebel faisait du dessin et de la peinture. Puis, une fois adulte, elle a rangé pinceaux et couleurs, a choisi une profession et commencé sa carrière. C’était en 2003, elle avait 19 ans. Elle aimait beaucoup son travail d’infirmière auxiliaire auprès des personnes âgées aux Îles-de-la-Madeleine, où elle a toujours vécu. Mais il manquait quelque chose à sa vie. Quoi ? Elle ne savait pas trop. À la suggestion de son conjoint (« Tu serais bonne, il me semble. »), elle s’est acheté un petit appareil photo, a développé ce nouveau hobby. Il avait raison, elle était bonne. Mais surtout, elle adorait ça et le sentiment de vide qui l’habitait depuis longtemps l’a quittée. Ce qui lui manquait, a-t-elle compris, c’était l’expression artistique. Elle s’est procuré un meilleur appareil, des lentilles, a potassé des manuels. Elle s’est perfectionnée, seule, tant qu’elle a pu. Alors, quand la Loi sur l’équité salariale lui a valu un petit magot, elle l’a investi dans de l’équipement studio. « Je ne savais pas comment ça fonctionnait, mais au moins je l’avais », dit-elle. Puis, en 2010, elle a vidé sa banque de vacances de l’hôpital pour s’exiler à Montréal deux mois, le temps de suivre un cours intensif de photographie. De retour dans son archipel, elle a lancé sa petite entreprise. « La nuit, je bossais à l’hôpital, et le jour, je faisais des contrats. » L’infirmière auxiliaire a cédé de plus en plus de temps à la photographe. Depuis un an, Dominique ne travaille à l’hôpital qu’un jour par semaine et gagne sa vie avec son art. « Ton bonheur, tu le fais toi-même », résume la Madelinienne.

7 femmes qui ont accompli leur rêve

Julie Gauthier, 39 ans, Granby

Supermaman et sa tribu


  Dans l’album de finissants de son école, Julie Gauthier saluait déjà ses futurs enfants. « Avec un gros S, précise-t-elle. J’en voulais plusieurs et je me voyais maman à la maison. » Avoir trois marmots lui semblait alors l’objectif idéal. Mais voilà : elle allaitait encore le troisième quand elle est retombée enceinte. De jumeaux. Ont suivi, dans l’ordre : une ligature des trompes ; un divorce ; une rencontre amoureuse avec un gars (qui ne s’est pas sauvé quand Julie lui a présenté sa marmaille) ; une dé-ligature – dans l’espoir d’avoir un enfant avec le chéri merveilleux ; deux autres petits en deux ans ; religature. Définitive, paraît-il. La voici donc, à 39 ans, très heureuse maman d’une tribu de sept divisée en trois parties. Les deux grands (14 et 16 ans), les moyens (un de 8 ans et les jumeaux de 7 ans) et les petits (1 et 2 ans). Sa vie : « La même que les autres, dit-elle. Avec davantage de linge à plier et de vaisselle à laver ! » Pour le reste, les épiceries géantes (12 litres de lait par semaine !), les petits-déjeuners qui engloutissent un pain entier, les matins chaotiques et les gros soupers à préparer lui laissent tout de même le temps de jouer à la balle molle, d’organiser des événements et de donner un coup de main dans l’entreprise de son conjoint. « Ce n’est pas difficile, assure-t-elle. Ils sont tous serviables et indépendants. Tout le monde se colle, tout le monde s’aime. On ne va pas dans le Sud l’hiver, mais on fait autre chose. Et on est heureux dans notre maison à sept chambres à coucher. »

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7 femmes qui ont accompli leur rêve

Caroline L’Archevêque, 32 ans, Sainte-Anne- des-Monts

La rousse qui roule


  Parfois, les rêves se révèlent à petites touches. La danse, les arts du cirque, le tricot, l’impression textile, l’architecture, Caroline L’Archevêque s’est intéressée à mille choses avant d’avoir un gros coup de cœur pour l’ébénisterie artisanale. Pendant trois ans, elle a appris et perfectionné les techniques permettant de créer, en bois noble, des pièces uniques. Arrivée sur le marché du travail, elle a réalisé que les clients, eux, voulaient des armoires de cuisine. Alors elle s’est tournée vers les techniques de construction écologiques et alternatives. Elle a acheté un vélo, des bottes de sécurité, un équipement de camping. Trois étés durant, elle a sillonné le Québec d’un chantier à l’autre, à raison de 10 000 km et d’une cinquantaine de chantiers par saison. Partout, elle offrait un coup de main, prenait des photos, posait des questions. Son site web, La rousse qui roule, où elle relatait ses découvertes, est devenu une mine d’infos pour les autoconstructeurs. Elle pensait en faire un livre, mais un troisième été d’intempéries a eu raison de son ordi et de son appareil photo. Elle a tout perdu. Elle a trouvé autre chose : Cap-au-Renard en Haute-Gaspésie, le village de rêve où elle a eu envie de poser sa bécane. Et une âme sœur avec qui lancer une entreprise en harmonie avec ses valeurs écologiques, son amour de l’artisanal et des petites communautés. Avec un associé, le couple a mis deux ans à penser, financer, peaufiner et réaliser son projet de bistro-­microbrasserie régional. Le Malbord, ouvert en novembre dernier à Sainte-Anne-des-Monts, offre des spectacles, une cuisine locale et originale, ainsi que des bières de microbrasseurs québécois, dont leur première création, la Malbord rousse. Et Caroline consacre beaucoup d’amour à sa nouvelle demeure, centenaire. « Je suis installée pour de bon, dit-elle. Dorénavant, je vais voyager sur place. »

7 femmes qui ont accompli leur rêve

Patricia Arseneau, 52 ans, Québec

La cook à la tête dure


  Incapable d’apprendre. C’est comme ça qu’on avait étiqueté Patricia Arseneau dès ses premières années d’école. Elle s’est retrouvée dans des classes spéciales, « dont tu ne peux jamais sortir », dit-elle. Décrocheuse à 16 ans, elle a vivoté de jobines en petits boulots, a travaillé quelques années avec son conjoint d’alors. Mais elle voulait s’instruire. Elle est retournée à l’école, une fois, puis deux, puis trois. « J’ai même recommencé au primaire, une fois. » La tête dure, mais la confiance en soi au troisième sous-sol. Jusqu’à ce que son frère, propriétaire d’un resto, lui demande de remplacer son cuisinier quelque temps. Elle a découvert qu’elle était douée. Et qu’elle aimait ça. La mère de trois enfants – aujourd’hui tous diplômés universitaires – est allée suivre un programme de réinsertion au travail, puis une formation professionnelle en pâtisserie. Qu’elle a réussie, même si elle n’avait pas les préalables (il fallait les maths de troisième secondaire) et que sa prof lui conseillait d’abandonner... C’était son premier diplôme. Elle avait 42 ans. Quand elle a compris que la pâtisserie offrait peu de débouchés, elle est retournée à l’école, a décroché son diplôme d’études secondaires, puis un autre de cuisinière. Elle s’est tapé toutes les formations qu’il lui fallait pour arriver à son but ultime : devenir « cook » sur un cargo. Depuis, six mois par an, elle dirige la cuisine d’un navire qui sillonne les eaux du Grand Nord pour ravitailler les villages inuits. Son boulot : les trois repas par jour de la trentaine de matelots, cadets et débardeurs qui vivent à bord. Avec son second, elle s’occupe des menus, des courses avant le départ et de la cuisine. Plus de 10 heures de travail par jour, 7 jours sur 7. « Au nord du nord, le bateau est souvent complètement coupé du monde pendant trois semaines, dit Patricia. Pas d’Internet, pas de cellulaire. » Le soir, dans sa cabine, elle s’est donc mise à écrire de la poésie. Sa plus grande fierté : avoir publié un poème dans un recueil collectif alternatif. « Pas pire, pour une illettrée... », conclut-elle.

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Valérie Gosselin, 38 ans, Québec

La psy qui travaille avec les animaux


  À la naissance de Valérie Gosselin, le médecin a prévenu ses parents : « Ne vous attachez pas trop, elle ne passera pas l’année. » Elle souffrait d’une forme grave de fibrose kystique qui, à l’époque, laissait dans les meilleurs cas une espérance de vie d’environ 10 ans. Valérie a survécu. Et a refusé de limiter ses ambitions malgré une espérance de vie écourtée. Elle a fait de la nage synchronisée et des études en psychologie. Elle préparait son doctorat quand elle a découvert, par hasard, la théra­pie assistée par l’animal. L’étudiante qui pleurait sur le sort des rats de labo s’est mise à dévorer tout ce qu’elle trouvait sur sa nouvelle passion. « La zoothérapie englobe toutes les situations où un animal fait du bien à une personne, explique la psychologue. La thérapie assistée par l’animal, plus spécifique, implique l’intervention d’un professionnel de la santé, renforcée par la présence d’un animal. » On utilise l’équitation pour aider des enfants à améliorer leur équilibre, par exemple. Valérie Gosselin a plaqué son doctorat afin de se concentrer sur cette approche thérapeutique. Seul problème, ça n’existait pas ici. Il fallait qu’elle fonde sa clinique. Elle avait 26 ans, un diplôme et pas un sou. « Sans mes parents, je n’y serais jamais arrivée », dit-elle. Ils ont acheté un immeuble et assumé la majeure partie des frais pendant deux ans. La clinique familiale Amis-Maux de Québec a ouvert ses portes en juillet 2003 dans le quartier Loretteville. Aujourd’hui, une quarantaine de spécialistes, psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes, psychoéducateurs y traitent des clients envoyés par des écoles, des CLSC, des médecins. « Et tout le monde déborde », souligne Valérie Gosselin. Deux autres cliniques ouvriront donc dans les prochains mois. L’une d’elles se dotera d’une fermette qui permettra la venue de nouveaux collaborateurs : chèvres et cochons miniatures.

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