Geneviève Brière
38 ans, en congé de maternité
Mariée, maman de Liam (Minsung), 5 ans, et Dan (Daon), 22 mois
Pour moi, être mère c’est… un don de soi. Ça me pousse à me remettre en question.
La petite histoire
Quand je l’ai connu il y a 13 ans, Ben se remettait d’un cancer. Je savais qu’on risquait de ne pas avoir d’enfants. Mais c’était l’homme de ma vie. Ses spermatozoïdes étaient conservés en clinique de fertilité. Les trois tentatives de FIV que nous avons faites ont échoué. Nous sommes passés au plan B : l’adoption. On y avait pensé dès le départ, au cas où. J’ai pris contact avec le Secrétariat à l’adoption internationale du Québec. On a assisté à des réunions, suivi des cours de préparation, subi des tests psychosociaux. La Corée du Sud, moins populaire que d’autres endroits, nous a séduits par sa transparence et les bonnes conditions dans lesquelles vivent les enfants en famille d’accueil. Au bout de 18 mois, l’agence nous a téléphoné. On était tout énervés ! Trois mois plus tard, on allait chercher Liam, à Séoul. On a consacré les 10 premiers jours à découvrir son pays. Puis la travailleuse sociale nous a accompagnés chez sa maman d’accueil. On est restés une heure à lui poser des questions. En les quittant, on a pleuré. Notre rêve se réalisait, mais nous allions arracher un enfant de sept mois à sa culture. La veille du départ, on est retournés le prendre. Il était sous le choc. J’ai marché 13 heures dans l’avion avec lui dans mes bras.
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Les défis
Les premiers temps ont été durs. Liam a été malade. Il a fallu deux ans pour qu’il s’égaie et s’attache à nous. Ça s’est mieux déroulé avec Dan. On lui avait transmis des vidéos où on nous voyait rire et chanter, Liam, Ben et moi. Sa maman d’accueil les lui avait fait jouer en boucle. De sorte qu’il connaissait nos voix et nos visages. Il a tout de même éprouvé de la détresse à se séparer d’elle, à l’âge de 17 mois.
L’enjeu
Les enfants adoptés sont marqués par l’abandon. Ils souffrent aussi du syndrome de Stockholm (phénomène par lequel l’otage développe de l’empathie pour son geôlier). Ils sont gentils parce qu’ils veulent qu’on les nourrisse. Il faut les apprivoiser. Ne pas chercher à combler le vide en eux, mais leur apprendre à vivre avec.
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Les joies
Je suis reconnaissante envers la vie d’avoir pu adopter des enfants du même pays. On encourage le sentiment d’appartenance à leur culture… On a célébré le Nouvel An lunaire autour d’un buffet coréen et on a initié le grand au taekwondo. Ils savent qu’ils ont leur maman de ventre et leur maman d’accueil. Moi, je suis leur maman d’amour. Même si l’amour ne naît pas instantanément.