Société

Julie Poitras-Saulnier : une fille dans l’jus

Jus de fruits, bières, gin… Les délices qui sortent de  l’usine de Julie Poitras-Saulnier sont faits de denrées rejetées par l’industrie alimentaire. Portrait d’une visionnaire à la fibre écolo bien développée.

Non, Julie Poitras-Saulnier ne fouille pas dans les poubelles des supermarchés pour se procurer les aliments qui entrent dans la fabrication des jus Loop. Elle s’approvisionne plutôt auprès des distributeurs et grossistes, dont elle achète les surplus.

Abondante chevelure en cascade, regard franc, la présidente et cofondatrice de Loop parle avec l’assurance tranquille d’une cheffe de mission. Et la sienne est tout sauf banale : produire des boissons à partir de fruits et légumes imparfaits et, par ricochet, contribuer à sauver la planète… une clémentine à la fois.

Titulaire d’une maîtrise en développement durable, Julie Poitras-Saulnier rêvait de lancer un projet qui aurait des répercussions réelles sur l’environnement. La voilà servie. « Plus l’entreprise grandit, plus on détourne d’aliments du dépotoir », dit-elle. Depuis 2016, Loop estime avoir rescapé pas moins de 16 000 tonnes de fruits et de légumes dont la décomposition, dans les sites d’enfouissement, aurait généré presque autant de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre.

« On reçoit la plupart de ces aliments au moment où ils sont juste bien mûrs pour être vendus en épicerie, mais déjà trop avancés pour entrer dans le long cycle de distribution », précise la femme d’affaires de 35 ans, en arpentant un entrepôt grand comme 14 terrains de tennis.

Partout, des fruits attendent patiemment d’être pressés. Ici, des centaines de poires jaune clair qu’on devine bien sucrées et juteuses, là, des milliers de pieds de céleri d’un beau vert tendre, plus loin, des clémentines et des oranges impeccables. Pour l’imperfection, on repassera…

Et pourquoi autant de produits maraîchers aussi appétissants aboutissent-ils dans cet entrepôt ? Pour deux raisons principales, selon Julie Poitras-Saulnier. D’abord, les producteurs ne savent jamais avec précision la quantité de fruits et de légumes que les IGA, Provigo et Métro de ce monde leur achèteront. « Cela les force souvent à en produire trop », dit-elle. Puis, le consommateur est très, très difficile. « Les poivrons trop petits, les tomates avec une cicatrice, les carottes tordues, c’est non », déplore-t-elle.

Mais chez Loop, on l’aura compris, c’est un oui enthousiaste ! Pour le bien de la planète… et le bonheur de nos papilles.

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